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Retraités «français» en partance vers l'Afrique: L'Algérie en tête de liste des destinations

par Moncef Wafi

En quarante ans, la proportion de retraités français résidant à l'étranger a quasiment doublé, passant de 4,6% en 1980 à 8,2% fin 2017. Dans un article publié sur son site électronique, le quotidien français «Le Monde» revient sur la tendance au départ des retraités français vers des destinations de plus en plus exotiques. Les cibles favorites de l'exil du troisième âge sont variées, écrit le journal, mais de plus en plus de Français optent pour les côtes africaines avec 40% du 1,15 million de retraités français qui résident à l'étranger. Si l'Afrique est même devenue le deuxième continent d'accueil après l'Europe (50%), l'Algérie reste de loin le premier pays d'accueil à cause du statut même de ces retraités. En effet, l'Algérie compte plus de 360.000 pensionnés résidents, dont la moitié sont des veuves de travailleurs émigrés vers la France dans les années 1960 et 1970, devenus français et «revenus au pays» après leur vie active, explique Philippe Bainville, attaché de presse de la Caisse nationale d'assurance vieillesse (CNAV). Le même profil est observé pour les anciennes colonies françaises, le Maroc, avec 62.000 pensionnés dont 32.000 veuves, la Tunisie, avec 22.000 pensionnés dont 15.000 veuves, le Mali avec 4.628 pensionnés dont 1.751 veuves ou le Sénégal avec 3.890 pensionnés dont 2.443 veuves.

Pourtant, le cas de l'Algérie diffère de ses voisins africains et maghrébins, puisque les retraités français sont souvent liés au pays par des histoires de famille. L'Algérie n'offre pas de régime fiscal intéressant à ces gens au contraire du Maroc ou de la Tunisie qui proposent en plus des facilités de titres de séjour. L'article évoque en particulier les exemples de la Tunisie, du Sénégal et surtout du Maroc qui restent des destinations privilégiées, malgré les soubresauts des «printemps arabes». L'attractivité de ces trois pays s'explique aussi bien par les avantages qu'ils offrent (langue, proximité géographique, niveau de vie, climat) mais aussi parce que nombre «de ces retraités voyageurs partent y retrouver une partie de leurs racines et renouer avec leur histoire familiale». Par ailleurs, les spécialistes expliquent que l'attractivité des pays européens réside notamment dans les conditions fiscales avantageuses réservées aux résidents français allant parfois jusqu'à l'exonération d'impôt durant dix ans, comme au Portugal.

Et au fur et à mesure de l'émergence de cette communauté de retraités d'un nouveau type, sites, forums de discussion, guides spécialisés et même un salon ont vu le jour. «S'expatrier, mode d'emploi», qui a lieu tous les ans au printemps à Paris depuis dix ans, est ouvert aux actifs comme aux retraités. En 2018, il a accueilli plus de 2.000 visiteurs venus confirmer les informations qu'ils ont trouvées sur Internet : fiscalité, santé, patrimoine, immobilier, sécurité... Toutes les institutions y sont représentées. «On reçoit de plus en plus de monde sur le stand de l'Assurance retraite et les publics sont très hétérogènes», confie Philippe Bainville au «Monde».