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L'opposition piégée ?

par Mahdi Boukhalfa

Le climat politique s'est brusquement calmé, après quelques tempêtes bien orientées, et rassuré quant à la tenue de la prochaine élection présidentielle dans les délais impartis par la loi organique relative aux élections. C'est, quelque part, une sorte de soulagement de tous les acteurs politiques, autant ceux qui sont directement engagés pour cette consultation électorale que ceux dont le souci premier est de voir la situation évoluer positivement. Ceux-là, en particulier, sont ces décideurs financiers, ces investisseurs étrangers et nationaux, ces opérateurs économiques, qui ne pouvaient imaginer que la situation ne sorte de son contexte, celui d'une crise politique majeure qui hypothéquerait les efforts actuels pour le redressement des indicateurs économiques, au plus bas depuis 2014.

La convocation du corps électoral et la fixation de la date de l'élection présidentielle prochaine ont en effet rassuré autant les observateurs politiques étrangers que les potentiels investisseurs, en particulier dans le secteur des hydrocarbures, un secteur qui doit se redresser et améliorer ses performances, en l'absence d'alternatives crédibles et solides au « tout pétrole » pour une économie algérienne encore otage du dirigisme, comme au bon vieux temps du parti unique. La tenue de l'élection présidentielle d'avril 2019, et au-delà des appétits et des espérances des uns et des autres, est d'abord un gage politique en direction des partenaires économiques de l'Algérie, ensuite que les institutions du pays restent solides, crédibles, pérennes. Certes, s'il est superflu de se féliciter que les choses soient rentrées dans l'ordre, après un mois de décembre absolument cauchemardesque, il n'est pas inutile cependant de se braquer sur quelques positions politiques qui ont non seulement joué la partition du défaitisme à un moment où il fallait rester dans la prudence, mais également embrigadé toute la scène politique dans une paranoïa inouïe, inédite.

Or, le bon sens aurait voulu que tous les partis et les personnalités politiques observent la plus grande prudence et retournent sagement revoir ce que prévoit la loi organique sur les élections. Et, sur ce point, le président Bouteflika aura donné une sérieuse leçon de pondération politique, comme il a pris tout son monde à contrepied, laissant en quelque sorte les acteurs politiques « mariner » jusqu'au moment où il a décidé d'intervenir pour lever officiellement les doutes qui se sont dès lors estompés. Et, rien que sur la mise en place de cette stratégie, qui a débusqué des postures douteuses, le président Bouteflika aura montré toutes les limites politiques de l'opposition, toujours prompte à entrer en guerre pour le moindre motif. Et, surtout que les rangs de l'opposition restent encore dispersés. Pour le reste, il est évident que l'annonce de la tenue le 18 avril prochain de l'élection présidentielle a psychologiquement libéré les initiatives et ouvert le champ à des lendemains moins stressants politiquement. Jusqu'à provoquer une inflation de candidatures.