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La journée du «doute»

par Mahdi Boukhalfa

En principe, selon la loi électorale, c'est ce mercredi 16 janvier que le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, convoquera le corps électoral en prévision de la prochaine élection présidentielle prévue, toujours selon la loi électorale, 90 jours avant le scrutin.

Le compte à rebours pour la tenue de cette élection a commencé, en fait, depuis plusieurs semaines. Mais, sans que des signes palpables d'une organisation ou un semblant de préparatifs ne soient perceptibles tant du côté du gouvernement que des partis de la majorité. Encore moins de la présidence de la République. Tout est organisé du moins pour que les choses ne soient pas trop proches d'un événement que tous les observateurs politiques attendent avec une rare anxiété, mais également avec beaucoup d'appréhension quant à la direction que va prendre le cours des événements.

Le fait est que jusqu'à présent, aucune information n'a été donnée comme gage que cette élection va se tenir. Rien, même les partis proches du pouvoir, ceux de la majorité, ont adopté depuis plusieurs semaines une position attentiste, qui jette le doute par certaines positions partisanes sur la tenue effective de l'événement le plus important pour les cinq années à venir de la vie politique du pays, son avenir économique et ses grandes attentes sociales.

Car les circonstances économiques et sociales dans lesquelles devrait se tenir cette consultation sont difficiles pour les Algériens. Et, sur ces deux fronts, la situation est inquiétante : sur le plan économique d'abord avec la perte de l'aisance financière après 2014 lorsque le pays était adossé à un matelas de devises de presque 190 milliards de dollars.

Aujourd'hui, le pays ne dispose plus que de 82 milliards de dollars, alors que les recettes pétrolières ne devraient pas dépasser 34 milliards de dollars en 2018, ce qui place les finances du pays dans un état de stress extrême. D'autant que le recours à la planche à billets n'est qu'une solution aléatoire et permet juste de déplacer dans le temps la nécessité de réformes structurelles. Même si les cours du pétrole remontent et donnent l'illusion d'une amélioration des recettes pétrolières, le fait est qu'il faut une décision politique forte, et donc une légitimité populaire, qui passerait par une élection présidentielle, pour décider vraiment quoi faire pour entamer la lente reprise en main de l'économie nationale. Et, surtout, faire cette fois-ci les bons choix pour éviter les voies du replâtrage et de la démagogie financière.

L'inquiétude est également palpable sur le plan social avec cette accélération de la détérioration du pouvoir d'achat des Algériens. La stagnation des salaires, la baisse des revenus des ménages, adossées à un chômage qui a dépassé les deux chiffres au moment où la courbe inflationniste de certains produits de première nécessité n'a plus de garde-fous, ne permettent plus à la société algérienne de voir autrement l'avenir que sous le prisme d'angoissants lendemains.