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Après l'appel à une grève nationale: Le ministère de l'Education invite les syndicats au dialogue

par Yazid Alilat

Le ministère de l'Education nationale doit poursuivre ce jeudi 10 janvier les discussions avec les syndicats d'enseignants qu'il a entamées hier avec l'un d'eux, l'UNPEF, membre de l'intersyndicale, qui a appelé lundi à une grève nationale de protestation et un sit-in devant les directions de wilayas.

C'est à la suite de cette rencontre de l'intersyndicale lundi, qui a annoncé qu'elle va renouer avec «la protesta», à l'appui de revendication sociales, professionnelles et syndicales, que la ministre de l'Education a répondu par un début d'ouverture au dialogue. Mme Benghabrit a annoncé mardi, au lendemain de la réunion de l'intersyndicale, le lancement ce jeudi des concertations avec le partenaire social pour examiner les préoccupations socioprofessionnelles soulevées récemment par les syndicats du secteur.

«Ces concertations permettront l'examen des dossiers soumis par le partenaire social auprès du ministère», a-t-elle dit, «les portes du ministère sont toujours ouvertes». Elle a également indiqué que la grève «est un droit constitutionnel» et a appelé les syndicats à travailler pour le «rétablissement de la confiance qui devrait être basée sur la vérité».

En fait, ces discussions ont déjà débuté avec l'invitation de l'UNPEF à des discussions avec les responsables du ministère, hier mercredi. Sadek Dziri, coordinateur de l'UNPEF, a précisé au Quotidien d'Oran : «Nous avons reçu une invitation pour une réunion au siège du ministère ce mercredi à 13 heures». Il a expliqué que l'ordre du jour de cette rencontre portera sur «l'appel à la grève lancé lundi par l'intersyndicale». «Il y a aussi sur la table nos revendications», dont les libertés syndicales, a encore ajouté M. Sadek Dziri. Cette rencontre devrait se dérouler avec la participation des syndicats qui n'ont pas appelé à la grève, et qui ne font pas partie de l'intersyndicale, à savoir la FNTE, affiliée à l'UGTA, le Snapap et le Snapep, selon Sadek Dziri. Faire participer les syndicats hostiles à la grève et convoquer «un à un les syndicats qui ont appelé à cette grève du 21 janvier participe d'une volonté manifeste de diviser l'intersyndicale». «Il s'agit d'une stratégie pour noyauter le mouvement de grève», estime-t-il encore avant de faire le parallèle avec les rencontres entre le gouvernement, l'UGTA et le patronat, qui n'ont jamais appelé les syndicats autonomes à y participer.

Quant au Cnapeste, un des membres de l'intersyndicale, il ne participera pas à la grève nationale du 21 janvier. Messaoud Boudiba, son porte-parole, a précisé au Quotidien d'Oran que «pour prendre une telle décision, on doit se référer d'abord aux résultats des assemblées générales prévues dans chaque wilaya. Ce n'est pas le conseil national qui décide, mais les membres à la base» du Cnapeste, a-t-il précisé. Il confirme toutefois que «nous participerons aux sit-in» décidés par l'intersyndicale. Un fait étonnant pourtant, qui intrigue les syndicalistes, c'est la ministre qui invite «un à un les syndicats, au lieu de les rassembler en même temps et discuter de tous les problèmes de manière globale », s'interroge Sadek Dziri de l'UNPEF.

En fait, plusieurs responsables de syndicats d'enseignants, dont l'UNPEF et le Cnapeste, même s'il n'est pas concerné par ce round de dialogue entre ministère et syndicats, ont fait part de leur étonnement de cette démarche de la ministre de l'Education, de tenir des réunions à chaque fois avec un seul syndicat, au lieu d'une rencontre avec toutes les composantes syndicales qui forment le partenaire social. Dans un communiqué publié mardi, l'intersyndicale a détaillé ses revendications qui portent notamment sur «le maintien du travail à travers la commission», «le maintien de la retraite proportionnelle et de la retraite sans condition d'âge», «l'abrogation définitive de l'article 87 bis (de la loi de finances de 2015) et la création d'une prime spécifique aux corps communs et ouvriers qualifiés». Il y a également des revendications salariales, dont l'application «immédiate du décret présidentiel 266/14». Ce décret devait permettre le classement des enseignants détenteurs de licences ou de DEUA dans la catégorie 12 de la grille indiciaire des salaires au lieu de la 11 actuellement, mais il n'a pas été appliqué alors qu'il date de septembre 2014.

Il y a également «l'amélioration de la prime de zone sur la base du nouveau salaire de base et non celui de 1989», ou la mise en place de «mécanismes qui restaurent l'équilibre et le pouvoir d'achat».

Sur le volet pédagogique, les revendications portent sur «la révision des programmes et méthodes d'enseignement pour les adapter au niveau des élèves, notamment dans l'école primaire», «la diminution du volume horaire à tous les paliers avec la prise en compte de la quantité de travail et des objectifs», et la «protection de l'autorité pédagogique des enseignants». Et, surtout, «la levée des entraves aux libertés syndicales».