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Tlemcen: La zone humide Dayat El Ferd d'El-Aricha menacée

par Khaled Boumediene

Dayet El Ferd, la plus grande zone humide de la localité de Belhadji Boucif dans la commune d'El-Aricha, à 56 kilomètres du chef-lieu de la wilaya de Tlemcen, est en danger, d'après des spécialistes et des habitants, qui ont lancé un appel afin d'améliorer la protection de cet espace naturel remarquable, qui s'étend sur une superficie de 1.275 hectares. « Dayet El Ferd est victime de constructions, de la pollution, des rejets d'eaux usées, de l'élevage du bétail, de l'agriculture intensive et de la déforestation, perturbant les cours d'eau qui irriguent toute la zone humide. Tous ces facteurs perturbent les cycles d'inondation du bassin, la qualité de l'eau et d'autres paramètres encore, tels que les défrichements volontaires qui présentent un haut risque de détérioration et portent atteinte aux zones boisées, et surtout l'urbanisation croissante de l'agglomération de Belhadji Boucif qui écrase, draine, assèche et comble tout le territoire de cette zone humide classée en 2004 en une zone humide d'importance internationale », nous dira une spécialiste du parc national de Tlemcen.

Selon un autre responsable de la conservation des forêts de Tlemcen, « ce formidable milieu qui aide à lutter contre les changements climatiques a subi, ces dernières années, les affres de la canicule, de la sécheresse et de l'aridité, qui ont même mis en péril son existence. Son eau saumâtre servant pour l'abreuvement du cheptel des populations riveraine et nomade a failli disparaître, et ses valeurs biologiques et écologiques qui résident dans son rôle en tant qu'étape migratoire vitale pour les oiseaux d'eau qui traversent la Méditerranée, se sont nettement amoindries. Aujourd'hui, avec les pluies abondantes et les conditions climatiques favorables, cette zone humide s'est régénérée. Elle accueille actuellement plus de 20.000 oiseaux de 116 espèces appartenant à 34 familles et 53 genres ». Pour de nombreux spécialistes du tourisme et habitants de la région, cette zone humide regorge de ressources qui peuvent s'avérer être de sérieux atouts économiques, touristiques et pédagogiques. « Ce lieu de randonnée peut attirer les touristes et autres curieux, pourvu qu'on lui accorde un peu d'attention. Il peut offrir des ressources économiques et des activités de loisirs aux habitants et aux visiteurs, telles que le maraîchage, l'élevage, la pêche, le tourisme, les activités nautiques, car son paysage ouvert en fait un cadre de vie viable et agréable. Pourquoi ne pas lui consacrer un plan de gestion et d'aménagement, afin d'arrêter les différentes formes d'utilisation de ce bel espace, et matérialiser le réseau d'infrastructures nécessaires à la diversification des services de son grand territoire, sa valorisation et sa conservation à long terme, et proposer un plan d'action visant l'utilisation durable du site, en tenant compte du contexte socioculturel et l'environnement humain de la zone, de la réflexion des différents acteurs concernés, tels que la population locale, les élus, les chercheurs et gestionnaires, pour une utilisation rationnelle de la zone humide conformément aux lignes directrices de la convention sur les zones humides dite convention de Ramsar ». Ainsi, la ministre de l'Environnement et des Energies renouvelables, Fatma Zohra Zerouati, est plus que jamais interpellée afin que cette zone humide inexploitée et menacée, qui présente un intérêt socioculturel indéniable, soit protégée, conservée et aménagée.