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Praticiens spécialistes: La prime de service civil pointée du doigt

par M. Aziza

Les praticiens spécialistes de la santé ont exprimé leur indignation au sujet d'une série de doléances qui sont restées sans suite depuis 2015, comme ils ont exprimé leur « colère » au sujet de la question de l'octroi de la prime dite « de service civil aux spécialistes durant la seule durée de ce service ». Les spécialistes qualifient cette mesure dite « incitative » d'inacceptable et de « dangereuse ». Dans la mesure où elle va entraîner, estime-t-on, un désert médical dans les régions éloignées et enclavées et poussera, à coup sûr, les praticiens spécialistes à l'exode que ce soit vers le secteur privé ou vers l'étranger. Sachant que pas moins de 7.000 praticiens ont quitté le pays. Sans parler, selon le président du Syndicat national des praticiens spécialistes de la santé publique (SNPSSP), de certaines spécialités qui ont été désertées par les spécialistes en citant, à tire d'exemple, la gynécologie, la radiologie et la cardiologie.

Intervenant, hier, lors d'une conférence de presse animée au siège de son syndicat, le président du SNPSSP a affirmé que la prime décidée par le gouvernement d'Ahmed Ouyahia, crée une situation inédite où des praticiens spécialistes exerçant dans des conditions identiques percevront des salaires différents, au profit des derniers arrivés, avec une différence de 20 à 60 000 dinars. Puisque affirme-t-il , cette prime est accordée pour la durée d'une année ou deux ans du service civil, tout dépend de la région et elle est accordée exclusivement aux nouveaux arrivants. Une mesure illogique qui favorisera l'instabilité dans ces régions pour ne pas dire « le désert médical » puisque les spécialistes qui sont déjà sur place et qui veulent rester dans ces régions vont ainsi déserter les lieux. Et de préciser que cette prime a une incidence financière très minime d'où la nécessité de la généraliser sur l'ensemble des spécialistes, si on veut réellement lutter « contre le désert médical ». Mohamed Yousfi regrette le fait que le gouvernement agit « en réponse aux grèves » et regrette le fait que l'exode des spécialistes de la santé soit institutionnalisé par des mesures décourageantes qui font fuir les compétences de ce pays.

La base qui a fait preuve de patience depuis 2013, est aujourd'hui « en colère » notamment par rapport à des revendications qui sont restées en suspens, précise Yousfi, et ce malgré les promesses et les engagements des ministres successifs de la Santé et des plus hautes autorités du pays. Il cite parmi les revendications qui sont restées sans réponses, l'organisation des concours de passage de grade pour les praticiens spécialistes de santé publique, qui accuse un retard de trois années, alors que tous les autres corps ont vu leur concours se dérouler dans la même période, en certains cas par deux fois. Et également le versement de la prime d'intéressement pour uniquement le premier grade des praticiens spécialistes, au lieu d'évoluer avec les trois grades. Le syndicat déplore la discrimination en matière d'imposition (35 et 10 %) qui frappe des primes versées aux praticiens spécialistes dans la santé publique, par rapport aux autres corps exerçant eux aussi dans le secteur de la santé et percevant les mêmes primes. Cette anomalie, précise le syndicat, est contraire à toute logique entraînant ainsi un différentiel de salaire qui ne repose sur aucun argument rationnel et qui contribue à la dévalorisation de la carrière de santé.

Tout en appelant à une intervention urgente du Premier ministre Ahmed Ouyahia, le conseil national du SNPSSP appelle à l'organisation d'assemblées générales locales à travers le pays pour informer les adhérents et recueillir les décisions de la base, concernant l'attitude à adopter face à cette situation. Le SNPSSP n'écarte aucune possibilité de protestations si jamais le syndicat n'obtient pas de réponses.