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7èmes journées de l'association des psychiatres d'Oran: Le nombre de malades dépressifs en nette augmentation

par Mokhtaria Bensaâd

  La dépression gagne du terrain en psychiatrie. Elle est classée actuellement en première position par rapport aux autres pathologies psychiatriques en Algérie. C'est le constat des psychiatres et médecins présents jeudi à la 7ème journée de l'association des psychiatres d'Oran (APO), organisée à l'hôtel «Le Méridien» sous le thème : «variations autour de la dépression». Le but de cette rencontre, nous a expliqué le président de l'APO, Heddadj Abderrahmne, est de sensibiliser le grand public en général et les professionnels de la santé mentale en particulier, à savoir les médecins généralistes qui sont au premier plan, les psychologues et ensuite les médecins spécialistes, sur la prise en charge des malades dépressifs et sur cette maladie qui a beaucoup évolué par rapport aux années précédentes et la disponibilité des médicaments, puisque l'Algérie dispose de toutes les molécules qui existent dans le monde et ceci grâce aux énormes budgets dégagés par l'Etat.

Le président de l'APO qui est aussi psychiatre a souligné que la dépression est le premier motif de consultation en psychiatrie. Il a indiqué que, selon l'OMS, la dépression va être classée en première position comme problème de santé publique. «Elle va surclasser les autres maladies somatiques, telles que l'hypertension et le diabète».

Sur l'évolution de cette pathologie, le même spécialiste révèle que «le nombre de malades dépressifs a augmenté de façon fulgurante ces dernières années et est expliqué par tout ce qui se passe dans le monde, l'environnement, le stress, l'exode rural, les guerres, la question des migrants et la situation socio-économique».

Evoquant l'Algérie, notre interlocuteur a affirmé que «la dépression est en augmentation», il a expliqué que la décennie noire a eu son impact sur la santé mentale des victimes du terrorisme. Il dira que «juste après la décennie noire, il y a eu la pathologie des états de stress post-traumatique qui ont engendré en même temps des troubles dépressifs. On prend en charge un nombre important de personnes touchées par le terrorisme. C'est des traumatismes indélébiles qui seront vécus à vie. Il s'agit de troubles chroniques. Le suivi doit être permanent et régulier. Nous les recevons à titre de consultation suite à des orientations pour la plus part.»

Heureusement, estime ce spécialiste, il y a plus de structures sanitaires de proximité et plus de médecins psychiatres libéraux pour la prise en charge de ces malades. Mais malgré ces moyens, le déficit existe encore par rapport aux nombres de malades enregistrés en Algérie.

Interrogé sur l'évolution de la maladie dans différentes régions, M. Heddadj a souligné que «sur le plan statistique, la répartition des malades est égale entre les villes, les zones urbaines et les zones rurales. D'autre part, nous avons plus de consultations des régions rurales que des grandes villes du fait que les habitants des zones rurales consultent dans les grandes villes.

C'est encore un tabou pour quelqu'un qui a des troubles psychiatriques de se faire consulter dans sa localité. Normalement dans les zones rurales, il y a moins de stress, l'environnement est moins stressant. Mais sur le plan pratique, nous avons plus de consultations des gens des régions rurales que de la zone urbaine».