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Pour qui paye Bouhadja ?

par Kharroubi Habib

«Coup d'Etat», «coup de force», «la loi des hors-la-loi» sont quelques-uns des qualificatifs dont des confrères et des acteurs politiques ont usé pour souligner le caractère illégal de l'action des députés de la majorité qui ont proclamé la «vacance» du poste de président de l'Assemblée nationale. Ceux qui les ont énoncés n'ont nullement fait dans l'exagération tant l'opération à laquelle la majorité dans l'APN s'est livrée contre le détenteur du poste mérite ces qualificatifs. De bout en bout, la fronde qu'elle a menée a été en effet illégale au regard de la Constitution et du règlement intérieur de l'institution parlementaire. Le prononcé de la « vacance » qui en a résulté est par conséquent entaché du même vice rédhibitoire et n'a aucune validité.

Il apparaît clairement que ceux qui ont commis cette forfaiture ont été instruits à faire fi de tout légalisme pour que les commanditaires de la destitution de Saïd Bouhadja en soient venus à cette extrémité qui met à nu le peu de respect qu'ils ont pour les dispositions constitutionnelles ou institutionnelles que le pouvoir dont ils sont les détenteurs a lui-même concocté. La question que soulève leur brutale charge contre Saïd Bouhadja est de savoir quelle impérieuse raison ont-ils eue pour le destituer quitte à engager contre lui une procédure bafouant sans complexe et la Constitution et le règlement intérieur de l'APN. Il en est une à l'évidence mais indéchiffrable autant pour le commun des citoyens que par le monde politico-médiatique non admis à connaître des secrets qui sont l'apanage du seul sérail restreint composant les cercles de décision du pouvoir.

Il y a toutefois certitude que dans ce milieu, Bouhadja est devenu une cible probablement non pas parce qu'il représenterait en tant que président de la chambre basse une menace pour le processus menant au cinquième mandat présidentiel pour Bouteflika, mais peut-être pour s'être simplement affiché aux côtés d'acteurs politiques et d'influence qui y sont opposés. Sa mésaventure est symptomatique de la fébrilité qui fait réagir les tenants pour ce cinquième mandat en leur faisant impitoyablement sanctionner la moindre tiédeur à en défendre la cause que pourrait afficher tout serviteur du régime. Bouhadja a eu beau exciper son entière soumission et allégeance au président et au dessein qui lui est prêté de briquer un cinquième mandat, il a dû à un moment quelconque contrevenir à la loi et aux règles régissant le sérail dont l'observation stricte et sans le moindre fléchissement aussi conditionnel qu'il puisse être s'impose à tous ceux qui le peuplent.

De quoi Saïd Bouhadja s'est rendu coupable aux yeux des gardiens du temple ? Là est l'énigme. Il faut croire que ce qui lui est reproché justifie pour le pôle dirigeant la chasse à son scalp dont il a confié la besogne à ses sbires partisans et parlementaires avec pour mission de la mener sans se préoccuper du terrible discrédit qui en découlerait pour tout l'édifice républicain et le prestige de l'Algérie sur la scène internationale.