Je crois
avoir lu quelque part que la « politique est une affaire de politesse ». Mais,
dans diverses discussions, il m'était dit que tout dépendait du sens à donner à
cette « politesse », l'un, la prend pour une culture de respect et de bonne
écoute de l'autre, l'autre la voit comme une manœuvre aiguë que peut dissimuler
une élégance verbale ou une classe comportementale. Seulement à oser comprendre
ce qui se passe depuis presque deux semaines, l'on n'entraperçoit nullement ni
politique ni politesse. Que des communiqués, des déclarations et de
l'acharnement de part et d'autre. La crise, si crise il y a, semble prendre
d'autres dimensions où la rétractation de position s'avère un sauve-qui-peut ou
se rend apte à octroyer une issue d'honneur. Les menaces sont lancées, les
ultimes ultimatums aussi. L'on parle de lourds dossiers et de divulgation de ce
qui devait déjà être su. Chaque côté prétend être dans son droit. Alors que le
Droit s'est absenté. Les coulisses ont supplanté les dispositions légales.
Celles-ci, ingénues, s'ingénient à pouvoir s'interpréter pour se coller à la
signification de l'intérêt de chacun. Partira ou ne partira pas ne résoudra
politiquement rien. Comme une vitre brisée et que l'on tente d'en raccommoder
les morceaux, l'Assemblée nationale resterait quand bien même porteuse de
stigmates et de fissures. L'on aura, sans admirer, vu, lu ou entendu des choses
pas bonnes pour l'équilibre des pouvoirs et la stabilité institutionnelle tant
chantée. A fortiori, l'on ne sait pas qui fait marcher l'un ou l'autre. Ould Abbès et Ouyahia,
avec les députés contestataires, ne peuvent spontanément agir ainsi sans qu'ils
n'aient eu à avoir ou à apercevoir un certain feu vert. Bouhadja,
tantôt serein, tantôt furieux et tenace, ne peut à lui seul également tenir un
tel campement positionnel sans qu'il n'ait, à son tour, eu à avoir ou à
apercevoir un certain feu vert. Où est la vérité ? Qui actionne ce feu vert ?
Enfin, je
crois qu'il n'est d'aucune utilité d'aller creuser ses méninges, déjà
embarrassées, pour s'accabler de savoir davantage qui des uns ou de l'autre en
est responsable ou en sortira vainqueur. L'essentiel demeure cependant dans
cette mauvaise expérience, ce temps perdu à un moment où le pays est en proie à
pas mal d'épouvantables scénarios. Du moins ce que nous dit-on. Ainsi, si le «
combat » s'avérait interpersonnel, il n'y aurait que des vaincus et ceux qui
pensent avoir réussi à faire déguerpir les uns ou l'autre n'en seront pas tout
aussi heureux. C'est l'Algérie qui, en finalité, aurait perdu cet élan
passionnel vers la démocratie. Mais si le « combat » est autre qu'entre
personnes, l'on ne voit pas sa nature, sa consistance mais l'on peut soupçonner
certains objectifs non encore déclarés. Officiellement, le président de la
République, garant de la Constitution, n'a pas encore ?'embryonné''
son intention quant à l'exercice de ses prérogatives légales prévues en la
matière. Dissoudre l'Assemblée. En tant que président d'honneur du FLN, il
n'aurait pas encore édicté ses directives au militant Bouhadja,
l'amenant à accomplir, selon la discipline du parti, ce qui devait l'être.
Démissionner. Tout revient donc à son arbitrage. Difficile œuvre et lourde de
conséquences. L'histoire des nations n'est-elle pas accomplie par ces lourdes
décisions que prenaient les leaders et les dirigeants du monde que nous vivons
? La révolution de Novembre n'a-t-elle pas été une décision prise dans des
conditions douloureuses et dans un rapport de forte inégalité des chances de
victoire ? La réconciliation nationale, le déboulonnage des grosses pointures,
la démystification des légendes, entre autres, n'ont-ils pas été une lourde
décision ? La solution ne serait-elle donc pas dans la dissolution ? L'histoire
l'écrira un jour et se racontera.