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Trump, l’Iran et le marché pétrolier

par Akram Belkaïd, Paris

Dans un mois et par la volonté du président américain Donald Trum - et au grand plaisir du gouvernement israélien – les sanctions contre l’Iran, suspendues à l’été 2015, vont de nouveau entrer en vigueur. Et, dans la foulée, Washington s’apprête à punir les pays qui continueront d’acheter du pétrole et du gaz naturel à Téhéran. Dans sa grande magnanimité, Trump laisse entrevoir que des « dérogations » pourront être accordées à certains pays qui feront « l’effort » d’au-moins diminuer leurs achats d’hydrocarbures iraniens. Sa Majesté est trop bonne…

Tendance haussière
 
Il y a longtemps que l’unilatéralisme américain est dénoncé, aux quatre coins du monde. Mais, cette fois-ci, c’est de pétrole dont il s’agit. Autrement dit, de sécurité nationale pour les pays concernés et de capacité pour eux à répondre aux besoins énergétiques de leurs populations et de leurs économies. C’est pourquoi il est, encore, difficile de savoir quels sont les pays qui vont se plier à l’oukase américain. La Chine, l’Inde, la Turquie, acheteurs de brut iranien, n’ont pas l’intention d’obéir. Il sera intéressant, en novembre prochain, de connaître la réaction des Etats-Unis, notamment à l’égard de la Chine. Comme évoqué, au cours des semaines passées, il y a déjà un contentieux commercial fort, entre les deux pays. Nul doute que des sanctions liées aux achats de pétrole iranien ne feront qu’aggraver le différend.

En attendant, les marchés sont orientés à la hausse. Ces derniers jours, la référence Brent – mer du Nord atteint ses niveaux de 2014 avec un baril qui a dépassé les 85 dollars. On parle déjà d’un baril à 90 dollars. Une bonne nouvelle pour les pays producteurs (et pour l’Organisation des pays exportateurs de pétrole - Opep). De son côté, le WTI touche les 75 dollars le baril. Cette tendance haussière va-t-elle se maintenir ? La réponse à cette question dépend, beaucoup, de l’Administration Trump.

Si le président américain durcit son discours et montre qu’il n’a aucune intention de ménager les pays qui braveront les sanctions, alors les cours du brut vont continuer d’augmenter. En effet, le marché va anticiper le fait que certains pays vont tout de même finir par devenir dociles et se détourner du pétrole iranien. Problème, il faudra qu’ils trouvent d’autres sources d’approvisionnement, ce qui est loin d’être aisé. On ne parle pas ici de « pénurie » mais tout simplement d’étroitesse de l’offre disponible. Voilà pourquoi l’anticipation va vers la hausse.
 
L’Arabie saoudite en première ligne
 
Cette hausse ne plaît pas à l’Administration Trump qui craint que cela ne freine la croissance de l’Economie étasunienne. Revoilà donc l’Arabie saoudite, premier producteur mondial et protégé de Washington, en première ligne. Pour Donald Trump, Riyadh doit faire « un geste », autrement dit jouer le rôle de source de remplacement du pétrole iranien. Un engagement, haut et clair, en ce sens des dirigeants saoudiens pourrait rassurer le marché et pousser les prix à la baisse. Reste que le royaume a besoin de prix élevés du baril. Engagé dans un plan de réformes à marche forcée, obligé de veiller à la paix sociale (et politique), via une plus forte distribution, on imagine bien que le monarque saoudien et son fils préfèrent un baril au-dessus de 80 dollars. Quitte à fâcher Donald Trump ? L’avenir immédiat le dira.