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Néonazisme combattu ou stimulé ? Le nouvel ingrédient du «chaos constructif» en Europe (2ème partie)

par S. Bensmail

Aujourd'hui, à la lumière de cette histoire contemporaine et récente critique et moins censurée, dont j'ai tenté de fournir quelques éléments, il semble clair que la promotion, plus ou moins discrète, des groupes néonazis en Europe, de l'extérieur à l'intérieur de ses frontières, joue un rôle parallèle et complémentaire à celle de l'islamisme dévoyé et totalitaire. Face à l'afflux des représentants de ce dernier mouvement dans les vagues de «migrants» -estimés à 4% de membres ou sympathisants de Da'ech selon Interpol (et auparavant le Renseignement autrichien)-, j'affirmais en 2015 : «Ces réfugiés des nouvelles guerres coloniales, hybrides ou directes, militaires ou socio-économiques, pourraient servir d'allumettes pour des incendies à venir - cette fois-ci ?à la maison'»30.

Les tout derniers troubles en Allemagne font suite au sentiment d'abandon de la population par les autorités face aux crimes et aux nombreux délits commis par des migrants. En effet, on assiste à la multiplication de ces crimes, vols et viols partout en Europe -qui s'additionnent à une hausse importante de violences indigènes et gratuites (phénomène également nouveau). Des milliers de jeunes gens, pour l'essentiel, arrivent sur les côtes du Sud. Par exemple, les vacanciers des plages réputées calmes d'Espagne commencent à voir débarquer inopinément des groupes d'Africains et de Maghrébins sur zodiac, qui disparaissent dans la nature. Face aux émeutes de la semaine dernière, dues au meurtre d'un habitant par un migrant, A. Merkel a appelé bien sûr aux «valeurs humanistes», condamné les manifestants excédés par l'insécurité grandissante et les a rapportés à «l'extrême droite». Comme tous les gouvernements obéissant aux injonctions mondialistes (excepté la Hongrie, rejointe par l'Italie et la Pologne -là aussi diabolisées), informée par un Renseignement particulièrement fiable, Merkel est pourtant parfaitement consciente du choix sociétal et sécuritaire délibérée qu'elle inflige (sous prétexte de l'appel du patronat à de la main-d'œuvre étrangère), depuis l'été 2014, à ses compatriotes -à leur angoisse et à leur mise en danger en tant que communauté nationale.

Par divers moyens et biais, cette extension du conflit avec l'introduction d'acteurs supplémentaires est appuyée par les nouvelles technologies mises au service du néo-fascisme qui s'installe progressivement. En Ukraine, par exemple, véritable laboratoire d'application contre les populations prises au piège de Kiev, une technologie de reconnaissance faciale vient d'être mise en service. De nombreux dispositifs policiers, numériques et législatifs ont été initiés à la faveur des attentats sur le sol européen.

Ainsi donc apparaît par petites touches, législatives et technologiques, un raidissement de l'État tel que nous pouvons l'entrevoir en France31, mais aussi en Angleterre, aux USA et ailleurs dans les «régimes démocratiques» -menant à la menace d'un nouveau fascisme. Cette radicalisation se produit en Europe, stimulée et organisée à la faveur de l'actualité sécuritaire et économique surtout : à Paris, l'État d'urgence a été intégré dans la Constitution, devenant donc permanent, alors qu'en Angleterre32, le gouvernement de T. May a également profité d'attentats particulièrement choquants pour préparer puis imposer la loi martiale.

Brandon Smith développe : «Le déploiement de plus de 5.000 soldats britanniques à des endroits stratégiques par Theresa May fait partie d'un plan établi en 2015 intitulé «Opération Temperer». Le plan prévoit le déploiement de troupes sur le sol britannique en réponse à des «menaces terroristes majeures». Essentiellement, c'est un programme de loi martiale qui agit progressivement, plutôt que de façon ouverte. Une fois mis en œuvre, Temperer sera difficile à inverser. Comme les chefs militaires du Royaume-Uni ont mis en garde lorsque l'opération a été publiquement exposée, les troupes ne seraient probablement pas retirées après un engagement, à moins que la menace terroriste ne soit «réduite», ce qui laisserait la définition du «niveau de menace» ouverte à une interprétation assez large. L'opération Temperer est maintenant en plein essor alors que les services de police demandent une aide militaire. Le Premier ministre a accédé à cette demande, plaçant des officiers dans de nombreux endroits avec des unités militaires en patrouille. Alors, c'est la «loi martiale» ? Peut-être pas tout à fait, mais on en est très proche et c'est ainsi que la tyrannie est communément instaurée. Pas d'un coup, mais pierre après pierre.»33

Photographie :

«Operation Temperer deployment»34

C'est dans cette logique que : «Le Royaume-Uni semble être le premier dans l'alignement. Les attaques terroristes augmentent, May a déjà lancé l'opération Temperer, et les attaques se sont poursuivies de toute façon. La solution qu'ils présenteront sera plus de militarisation, pas moins. C'est ma prédiction qu'après une année d'accroissement progressif et d'attaques continuelles, l'ensemble du Royaume-Uni sera au milieu de ce que beaucoup de gens définiront comme une loi martiale totale. Le gouvernement britannique pourrait ne pas l'appeler ouvertement ainsi, mais c'est ce que cela sera. »

Surveillance généralisée de tous, usage de l'hyper-technologie et de l'algorithmique au service de la prédiction comportementale, militarisation réelle de l'appareil répressif de l'État et de la société, militarisation des esprits qui touche toute la culture, traque et suppression de l'information subversive ou critique, verrouillage médiatique et réduction de la liberté d'expression, tous les indices et dispositifs de ce nouveau fascisme se mettent en place -par paliers successifs.

B. Smith explique avec justesse cette menace collective, qui se concrétise tous les jours un peu plus : «La plus grande menace n'est pas seulement le conditionnement de la population à accepter l'invasion culturelle sans assimilation. La plus grande menace n'est pas la pacification de la population face à des attaques terroristes prolifiques. Non, la menace majeure est ce qui va inévitablement venir ensuite -l'apathie d'une nation dans le sillage d'une loi martiale progressive et de la mort des libertés personnelles.»35

Les repoussoirs que constituent les «populistes» étiquetés «d'extrême droite» et de «fascistes» tels que Marine Le Pen, Donald Trump et d'autres encore dans le monde occidental, servent en définitive à faire avancer l'agenda de la mise en place de cette menace fasciste36. En raison d'une vaste et puissante propagande à tous les niveaux, la réduction des libertés, la militarisation des outils de l'État ainsi que l'instrumentalisation (internationale et domestique) de groupes radicaux et violents allant des néonazis aux ultra-gauchistes et aux islamistes, apparaissent comme les leviers essentiels de ce durcissement des gouvernements en place.

Alors que la promotion en sous-main du néonazisme utile -et le silence complice des médias classiques à ce sujet- ne fait plus de doute aux portes de l'Europe (Ukraine et Pologne notamment, mais pas uniquement), à l'intérieur, les références et comparaisons avec le nazisme historique sont utilisées dans un but d'intimidation et de verrouillage de l'expression contestataire37. Ceci permet d'éluder la question, explosive, de l'effort financier extraordinaire de l'Italie, par exemple, dans l'accueil des ces flux imposés de réfugiés, à un moment où les politiques très impopulaires d'austérité (c'est-à-dire d'appauvrissement de l'État et de la population au profit du secteur bancaire privé en général) et les faillites de quelques grandes banques commencent à ébranler le pays, et à réorienter sa politique aujourd'hui dénoncée par l'UE et ses relais.

Comme le dit si bien l'historien Norman Pollock : «A ceux qui marchent au pas se substitue une militarisation de la culture apparemment plus anodine. Et à un dirigeant grandiloquent se substitue un réformateur effacé, heureux dans son travail de planificateur et d'exécuteur des hautes œuvres, toujours souriant.»

Et N. Bonnal de commenter la nécessité de voir le véritable et ultime ennemi au-delà de ce qui est donné à voir : «On sait aujourd'hui que l'Angleterre a détruit la Libye, la Syrie avec son dominion socialiste français, qu'elle est le fer de lance de l'Otan et de la guerre contre la Russie en Europe. Le général britannique Shireff a évoqué une prochaine guerre en Europe. Rien n'est donc terminé, et Preparata note sur leur hubris: ?L'Occident doit donc réfléchir à nouveau, penser qu'il y a quelque chose de bien pire que le nazisme, c'est l'orgueil des fraternités anglo-américaines dont la routine est d'inciter les monstres indigènes à la guerre et de diriger le pandémonium pour poursuivre leurs buts impériaux.' »38

En Ukraine, comme je tenterai de le montrer dans un prochain article, ces monstres indigènes sont les parfaits auxiliaires des Anglo-Saxons. Avec la vétusté des infrastructures et des équipements, le chantage récurent sur l'acheminement du gaz russe vers l'Europe39, l'effondrement du niveau (et de l'espérance) de vie, et sous l'aiguillon des ultra-nationalistes, l'Armée multiplie les actes d'hostilité contraires aux accords de Minsk, visant même les secours et ambulances de la République de Donetsk39. Le matériel militaire létal promis par le Représentant des USA dont nous parlions a déjà été livré (notamment des lances-grenades modernisés de précision mais aussi des missiles anti-chars Javelin)39 et des témoignages et enquêtes permettent de mesurer la barbarie des atrocités subies par la population «rebelle» dans et hors du Donbass39.

La filiation entre ce nouveau fascisme et le nazisme historique y est flagrante. Ainsi, en Ukraine, sous le regard complaisant de l'UE, comme le note un commentateur de DoniPress : «Il est utile de rappeler que ceux qui dirigent l'Ukraine actuellement, sont les dignes descendants des nazis ukrainiens de Galicie, qui s'étaient engagés en masse dans les troupes de la Waffen SS, pour combattre les Russes ! Deux des milices nazies qui sont représentées à la Rada de Kiev sont Pravyi Sektor, et le bataillon Azov (ainsi que Svoboda et les ex-bandéristes). Ces deux milices ont comme emblème sur leurs drapeaux le Wolfsangel (une rune celte appelée le croc du loup). Cet emblème est celui qui était peint sur les chars de la 2ème Panzerdivision SS Das Reich, celle qui a anéanti le village d'Oradour-sur-Glane et massacré toute sa population ! Une division blindée SS ukrainienne appelée Das Galicien, s'est d'ailleurs illustrée en Russie, en Pologne, et même en Ukraine, en massacrant des milliers de Russes et de Juifs. »40

Photographie :

«Andriy Biletsky, Lieutenant-colonel de la police ukrainienne, officier commandant le régiment spécial Azov, avec quelques membres»41.

La France a reçu plusieurs représentants politiques ultras de Kiev -qui ne cachent pas leur affiliation idéologique- et mène une coopération sécuritaire, militaire et technologique de plus en plus étroite avec ce pays.

Il y a quelques jours à peine, à la suite d'une longue série d'assassinats de personnalités politiques, économiques et militaires -les commandants charismatiques Givi et Motorola par exemple-, le président Alexandre Zakhartchenko de la RPD a été tué dans un attentat à Donetsk. Selon les déclarations de l'exécutif local et de Poutine en personne, il semble que ces agissements terroristes vont définitivement enterrer les accords de Minsk et avoir des conséquences considérables.

A suivre...

Notes :

30- «Les ONG occidentales, anges de la mort humanitaires».

31- Selon «l'avocate générale de la cour d'appel de Paris (...) la France est en train de devenir un État policier : «Certaines mesures sont prises sans l'intervention d'un juge, et certaines restrictions sont prises à l'encontre de personnes en raisons de supposées pensées qu'elles auraient, ce qui me paraît dangereux». https://www.francebleu.fr/infos/faits-divers-justice/la-france-prend-le-chemin-d-un-etat-policier-1500459343

32- Pays actuellement le plus visé par des attentats liés au «terrorisme islamiste», et depuis l'an dernier au terrorisme «de réaction», anti-musulman...

33- Op. cit.

34- Crown Copyright 2014, Photographer: Sgt Ross Tilly RAF, Image 45162545.jpg from www.defenceimages.mod.uk. https://www.flickr.com/photos/defenceimages/35873651495.

35- op. cit. (nous soulignons).

36- «Cela va peindre les mouvements conservateurs / nationalistes comme monstrueux aux yeux des générations futures. On leur apprendra que les globalistes « ont averti le monde» au sujet des dangereux populistes « racistes » et des groupes de l'Alt-Right pour leur montrer ce qui s'est passé quand ils sont arrivés au pouvoir. Ils ont détruit l'économie (voir mes articles précédents sur le récit de Trump comme bouc émissaire) et ont enfermé des innocents à cause de leur système de croyance, même s'ils n'avaient commis aucun délit spécifique. Ma crainte est que ce qui se passe ici, c'est que les mouvements conservateurs vont être conduits à une telle folie au nom de la sécurité que nous allons réellement faire en sorte que les globalistes ressemblent à des «gentils» en comparaison.» B. Smith, op. cit.

37- L'un des exemples actuels est la multiplication des articles et déclarations publiques assimilant, de manière fallacieuse, les «migrants» aux Juifs pourchassés par le IIIème Reich. Cf. G. Meotti, «Un remplacement de population prend place», gatestoneinstitute.org, 14 juin 2017

38- Bonnal, op. cit. Guido Giacomo Preparata, Conjuring Hitler : How Britain and America Made the Third Reich, Pluto Press.

39- Récemment, le présentateur de la chaîne de télévision du Président Petro Porochenko, Vitaly Gaïdoukevitch, annonçait tranquillement l'idée de déportation ou de retrait du droit de vote aux habitants de cette région russophone : « Que faire des citoyens d'Ukraine qui ne méritent pas d'être citoyens de l'Ukraine ? Ils détestent ce pays. Alors peut-être que nous devons, comme dans les états Baltes, les priver de la totalité des droits civiques, c'est-à-dire de les dégrader via les droits civiques [note de la traductrice : dans les pays Baltes les Russes ethniques n'ont le plus souvent même pas la citoyenneté du pays où ils sont nés et ont vécu toute leur vie] ? OK, vous pouvez vivre, mais vous n'avez pas le droit de voter. Vous détestez l'Ukraine, vous attendez Poutine. Nous ne pouvons pas les priver de leur citoyenneté de par la constitution, bien qu'en Tchécoslovaquie dans les années 1945-1948, trois millions de personnes ont été expulsées du pays pour avoir facilité l'occupation. Ils ont amené la guerre dans ce pays, et c'est la bonne logique. » http://www.politnavigator.net/telekanal-poroshenko-nuzhno-deportirovat-milliony-zhdushhikh-putina.html (traduction par Christelle Néant).Telle que celle de Sergueï Iskrouk, ancien expert-criminaliste ukrainien, sur le massacre d'Odessa du 2 mai 2014. http://nrt24.ru/expert-criminaliste-les-victimes-du-massacre-dodessa-pourraient-etre-empoisonnees-au-chloroforme/

40- Ibid.

41- https://www.youtube.com/watch?v=VWtG2_PVsck

42- Entraînant une dette de plus de 100 Mds d'euros vis-à-vis de ses créanciers internationaux, dette qui ne sera probablement prise en charge par les centaines de millions d'Européens imposables.

43- «Guerre à outrance», Strategika 51, 8 août 2018.