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L'ambassadeur algérien convoqué à Baghdad: Quand Saddam Hussein arrête un match de foot

par Moncef Wafi

Après le stade de Aïn Mlila, en décembre 2017, et son tifo contre le roi saoudien, c'est au tour de celui de Bologhine d'embarrasser la diplomatie algérienne. Et pour cause, le match de Coupe arabe des clubs champions opposant, dimanche dernier, l'USM Alger à l'équipe irakienne des Forces aériennes et arrêté, à la 70ème minute suite aux chants des supporters. Alors que le score et la qualification étaient acquis, la galerie usmiste a entonné des chants à la gloire de l'ancien président irakien Saddam Hussein ainsi que des slogans portant atteinte aux chiites, majoritaires en Irak, d'après des sites algériens d'information.

L'équipe adverse, et sur ordre du chef de sa délégation, a quitté le terrain pour protester contre ces chants de supporters pris pour des provocations. Suivant le règlement, l'arbitre de la rencontre a attendu un quart d'heure avant de siffler la fin du match. Ce qui ne devait être qu'une rencontre de football risque fort bien de se transformer en mini-crise diplomatique entre les deux pays. Dans un communiqué diffusé par l'Agence officielle irakienne, le ministère irakien des Affaires étrangères a annoncé avoir convoqué, hier, l'ambassadeur d'Algérie en Irak, et dénoncé le comportement de certains supporters présents lors de ce match. Le ministère irakien a demandé «des éclaircissements aux autorités compétentes pour cet acte condamnable». Selon l'AFP, le porte-parole de la diplomatie irakienne, Ahmed Mahjoub, a indiqué que Baghdad avait exprimé «l'indignation du gouvernement et du peuple irakiens» face à «une glorification de l'horrible visage du régime dictatorial meurtrier de Saddam Hussein». L'Agence française rapporte la déclaration du gardien de Soustara, Mohamed Lamine Zemmamouche, donnée à une chaîne de télé privée, qui regrette «ce qu'ont fait les supporters». Le capitaine usmiste a rappelé avoir «été très bien accueillis, lors du match aller en Irak».

Et si le club algérois n'a pas encore réagi, officiellement, les supporters, eux, assumaient leurs chants, sur les réseaux sociaux. La Fédération irakienne de football a, de son côté, menacé de retirer ses équipes de la compétition régionale, se disant «opposée à tout slogan raciste ou confessionnel». Son président, Abdel Khaleq Massoud, qui a ,également, menacé de démissionner de son poste de vice-président de la Fédération arabe de football, si cette dernière «ne prend pas de décision pour rétablir le droit du foot irakien ainsi que sa place et le respect qui lui est dû». Pour sa part, Bassem Qassem, l'entraîneur des Forces aériennes a accusé le public présent au stade d'avoir «des idées arriérées» et d'être «raciste». Depuis dimanche, le retrait du club irakien du match a provoqué de vives réactions dans les médias irakiens et des appels à manifester devant l'ambassade algérienne à Baghdad, ont été relayées.

Reste maintenant à connaître la position de la diplomatie algérienne si on sait qu'après le tifo du stade d'Oum El Bouaghi, lors d'un match de deuxième division, le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, avait présenté des excuses officielles à l'Arabie Saoudite.