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Décès d'une enseignante à Ouargla: Le CNES dénonce des propos « irresponsables » du ministre de la Santé

par Yazid Alilat

  Après la population locale et sa famille, c'est au tour du Conseil national des enseignants du supérieur (CNES) de dénoncer les conditions troubles dans lesquelles est morte, ces derniers jours, une patiente, enseignante de son état, après avoir été piquée par un scorpion, à Ouargla.

Mardi, le ministre de la Santé Mokhtar Hasbellaoui, dans une conférence de presse sur le bilan de l'épidémie de choléra, dans le centre du pays, avait donné quelques explications sur le cas de cette femme, morte à l'hôpital de Ouargla, après dix jours passés dans une salle de réanimation. Selon le ministre, «la patiente a été prise en charge, dans les temps», et l'hôpital de Ouargla est un CHU doté des moyens humains et techniques nécessaires. Dans un communiqué publié hier, le CNES balaie toutes les explications du ministre et a dénoncé ses déclarations «irresponsables» et «choquantes» sur les conditions du décès de «notre collègue Aicha Aouissat».

Le CNES dénonce les propos «irresponsables du ministre», et l'accuse de n'avoir pas ordonné «une enquête interne sur l'absence de spécialistes, en cardiologue et en neurologie, au sein du CHU de Ouargla», ainsi que «sur les raisons qui ont fait que la patiente soit laissée durant dix jours, en salle de réanimation, sur l'indisponibilité de vaccin anti-scorpionnique dans une région connue pour la présence de tels insectes, et sur les raisons qui ont fait qu'elle n'ait pas été transférée vers l'hôpital militaire de la ville ou tout autre établissement hospitalier, qui puisse lui assurer une prise en charge, absente de l'hôpital de Ouargla». Le CNES poursuit, qu'en «dépit de tout cela, et dans une déclaration, le moins que l'on puisse dire est qu'elle est irresponsable, un personnage, à la tête du secteur de la Santé, accuse la défunte d'avoir agressé les scorpions». Durant sa conférence de presse de mardi, le ministre avait, en effet, déclaré, sur le cas du décès de Aïcha Aouissat, que «le monde animal est un monde gentil», ajoutant que «l'animal ne fait pas de mal à l'Homme, il fait du mal quand il est menacé», avant d'appeler pour qu' «un travail doit être fait pour étudier le comportement des scorpions, parce que comprendre le comportement de l'animal va nous permettre de prévenir un certain nombre d'accidents.» Dans le fonds, le ministre avait soigneusement évité de répondre à une question simple, celle de connaître les raisons de l'indisponibilité du vaccin anti-scorpionnique et de l'absence de spécialistes en cardiologie et neurologie. Deux raisons qui seraient, selon les habitants de Ouargla, la cause du décès de Aïcha Aouissat. En réaction, le CNES a appelé le ministre de la Santé à «revenir immédiatement sur ses déclarations choquantes et irresponsables», appelant les services de la présidence de la République et ceux du gouvernement à «intervenir immédiatement pour rétablir la dignité de la défunte».

Le CNES «ne va pas se taire sur cette ignominie», et appelle «l'ensemble de ses membres à se préparer à un mouvement de protestation national, dont la date et le lieu seront prochainement définis», ajoute le communiqué du Conseil.

Au lendemain du décès de cette enseignante au département des Langues de l'Université de Ouargla, sa famille avait parlé d'une négligence médicale. Selon le témoignage de son frère, la défunte est tombée dans le coma, durant 10 jours, expliquant que l'hôpital a déclaré, dans un premier temps, l'absence d'un spécialiste, en cardiologie. Mais, après la détérioration de l'état de santé de la victime, un problème au niveau des nerfs a été détecté. Il n'a pas exclu de déposer une plainte contre l'hôpital de Ouargla. Mardi, le ministre de la Santé avait annoncé l'envoi à Ouargla, d'une commission d'enquête composée de deux personnes et chargée de faire toute la lumière sur cette tragédie. Le décès de Aïcha Aouissat avait provoqué une profonde colère des Ouarglis, qui ont dénoncé le manque de moyens et de personnel de l'hôpital du chef-lieu de leur wilaya. Mais, également, les conditions de la prise en charge hospitalière de la défunte.