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Pologne - Algérie - France: Réflexions sur les vicissitudes de l'histoire (Suite et fin)

par Jamal Mimouni (*)

A aucun moment de notre séjour une manifestation ouverte de foi ou une mention du catholicisme ne fit irruption dans nos discussions avec nos interlocuteurs occasionnels ou officiels sauf en relation avec l'histoire du pays. Elle ne semble même pas se manifester au niveau des mœurs qui ont suivi la libéralisation que l'on constate dans les autres pays européens.

Au niveau de l'habillement des jeunes, un marqueur qui vaut ce qui vaut, les tenues portées par les jeunes filles sont les mêmes que dans les autres sociétés européennes (bikini et short en tout lieu même dans des lieux à signification religieuse...), ce qui, il y a quelque trente ans, aurait été considéré comme des tenues dévergondées. On est loin de la pudeur biblique et des conseils de Saint Paul concernant l'habit de la femme. Tout ceci est en contraste saisissant avec les religieuses catholiques dont l'habit extrêmement strict ressemble en bien des égards au hijab strict porté par certaines femmes musulmanes dans nos sociétés.

Il y a ainsi comme un grand écart entre le séculier et le religieux, écart qui semble se creuser irrémédiablement sous les coups de butoir du sécularisme niveleur.

Cependant, contrairement à l'Europe de l'Ouest, la prêtrise, au vue du nombre considérable de jeunes séminaristes que l'on rencontre dans les lieux communs, ne semble pas manquer de vocation. Comment cette non-fonctionnalité de la religion permettra au catholicisme polonais de résister au rouleau compresseur et la permissivité croissante de la société post-moderne reste à voir.

Le symbolisme païen des églises: âme monothéiste sensible s'abstenir

Sur un registre voisin, nous avons ressenti l'absence criarde de spiritualité dans la pratique religieuse, pour le commun des pratiquants tout au moins. Tout est en effet que cérémonies et symboles, de l'acte de brûler des cierges, à l'écoute passive de la liturgie, à la prononciation de prières invocatrices à la multitude de saints. En tant que musulman, il y a chez les Polonais comme un manque d'implication personnelle dans les actes de dévotion. De plus, l'environnement religieux est difficilement enclin à une médication ou à une purification de l'âme vu le nombre phénoménal d'icônes, statues, statuettes, mémoriaux, œuvres d'art, reliques, caveaux de saints ou de rois qui adornent tous les recoins des églises. Seule la beauté des vitraux, du moins ceux sans figures de saints, est exquise et apaisante. Quant à l'extérieur des églises, c'est une forêt de symboles païens, de statues et bas-reliefs de rois, tyrans, anges déchus, saint patrons, diables, diablotins, un attirail d'enfer pour une âme habituée au monothéisme strict de l'Islam et au dépouillement ornemental des mosquées. Toutes ces dévotions dirigées vers des objets de pierre et de bois représentant de surcroit des personnages intermédiaires entre Dieu et l'Homme nous questionnent: Ou est Dieu dans tout cela?(6)

La fréquentation des églises aux heures de messe journalière est cependant très réduite, se limitant le plus souvent à des personnes du troisième âge, quoique j'imagine que les choses doivent être différentes lors de la messe dominicale(7). Il est vrai que tout ceci n'est qu'impressions glanées de visites de situ(8) et il ne nous a pas été loisible de discuter de ces sujets avec des catholiques.

La Pologne, pays de la francophonie?

La Pologne est membre de l'Organisation Internationale de la Francophonie (OIF) avec statut d'observateur depuis 1997. Pourtant lors de nos pérégrinations à travers le pays, ils nous fut impossible de trouver un seul Polonais qui parlât le français. A chaque fois que nous rencontrons une personne connaissant cette langue, il s'avérait immanquablement qu'elle n'était pas polonaise. Ainsi, de tout le staff du «Copernic Science Center» à Varsovie constitué d'experts de différentes disciplines scientifiques et techniques, aucun ne connaissait le français au-delà de quelques balbutiements. Il reste certes chez les gens une nostalgie de la langue qui a été pendant plusieurs siècles la langue de l'aristocratie et des arts. Rappelons qu'une bonne partie de l'intelligentsia et de l'aristocratie qui étaient susceptibles de la parler ont été physiquement éliminées durant la 2ème Guerre mondiale tant par les nazis que par les Soviétiques. Toujours encore associé à la haute culture, la musique, la liberté de pensée et de création, l'importance du polonais dans le panorama linguistique s'est rétrécit loin derrière l'anglais, le russe et l'allemand. Il est de plus fortement concurrencé dans sa quatrième position par l'espagnol. En fait il est devenu une des langues étrangères qui participent à la diversité culturelle, sans plus. Même le niveau d'anglais du Polonais moyen est assez médiocre, bien qu'il soit la langue étrangère de référence et la langue officielle prépondérante de la Communauté européenne. Je peux reporter avec une certaine satisfaction que l'Algérien moyen semble mieux connaitre l'anglais que le Polonais moyen. D'ailleurs il est assez surprenant pour un pays touristique comme la Pologne que nombre de plaques de signalisation, d'instructions diverses, jusqu'au contrat de location de voiture soient exclusivement en polonais. Il fut aussi loisible de constater combien les Polonais vouent à leur langue un profond attachement, langue dont le statut a fluctué grandement durant leur histoire au gré des différents occupants. Narrons ici une anecdote poignante. Figurait sur notre banderole que nous déployions ici et là un slogan fort : «To the Land of Copernicus and Marie Curie». Sauf que nous fumes à chaque fois gentiment pris à partie par de simples passants qui nous corrigèrent sur le nom de Marie Curie et nous firent remarquer qu'en lui retirant son nom polonais de Sklodowska et en gardant seulement Curie le nom de son mari, nous la privions de sa polonicité! Notre culture ambiante nous avait appris seulement le nom de Marie Curie et non de Marie Sklodowska Curie. Depuis nous évitâmes de déployer notre banderole et autres posters. Je voudrais relever une incongruité dans ce contexte de discussion linguistique, l'exigence à la limite du grotesque de l'ambassade de Pologne et d'ailleurs de la plupart des ambassades accréditées dans notre pays que tous les documents exigés pour le visa (Etat civil, certificat de scolarité...) soient traduits en français. Un geste de souveraineté légitime serait pour le gouvernement algérien de demander des consulats et chancelleries étrangères que les documents pour le visa ne soient exigés que dans la langue du pays de destination ou dans la langue nationale, mais pas dans une autre langue étrangère. Il y va du respect des institutions algériennes. Et s'ils exigent alors que cela se fasse exclusivement en polonais pour le cas hypothétique de la Pologne par exemple, eh bien traduction pour traduction, que cela se fasse à travers un service d'interprétariat en langue polonaise.

Que reste-t-il de la fraternité entre les peuples?

Ayant brièvement brossé ce portrait de la Pologne à travers certains éléments constitutifs de son histoire contemporaine, il m'est permis de tenter de répondre à la question posée en introduction : Quelle connexion entre l'Algérie et la Pologne?

- Lutte contre les occupants, crimes de guerre et aliénation culturelle

Relevons d'abord les points communs que les deux pays ont subis durant le siècle passé, une période intense de lutte contre des occupants ainsi que des épreuves douloureuses qui les ont marqués et leur ont imprimé une force de caractère exceptionnelle. Nous avons passé en revue les tribulations de la Pologne passant d'une entité ayant disparu de l'histoire au 19ème siècle en nation souveraine en 1918, puis l'épreuve de la Seconde Guerre mondiale avec son lot d'innombrables souffrances ayant décimé une fraction de sa population, enfin la période soviétique de coercition, de privation de liberté et de goulag.

L'Algérie est, elle aussi, passée lors de la colonisation par une période où elle avait disparu en tant que nation et peuple, période faite de dépossession et de répression féroce, ponctuée d'innombrables massacres(9), enfumades, le tout couplé à une tentative d'aliénation totale et d'effacement de sa personnalité, sa culture, sa langue. La patrie des Droits de l'Homme(10) avait soumis pendant toute la durée de la nuit coloniale le peuple algérien à un régime d'indigénat, marqué par l'infériorité, la subjugation et la privation de liberté. Le tout se conclut dans l'horreur à l'issue d'une formidable lutte de libération pour arracher son indépendance, lutte qui fit des centaines de milliers de victimes avec tous ses massacres et crimes de guerre, dont le recours systématique à la torture comme arme de guerre. Mentionnons aussi ces infâmes camps de concentration(11) établis à travers toute l'Algérie sous le régime de De Gaulle, comme les Polonais ont eu leurs camps de concentration pendant l'occupation nazie et le goulag durant l'ère soviétique. Sur un autre registre, la langue arabe, comme le polonais durant l'occupation nazie et soviétique, fut vigoureusement combattue par le colonialisme et son enseignement largement interdit.

Dans un passé pas si lointain

Il se trouve que l'Algérie, pour des raisons historiques liées à sa lutte d'indépendance et les considérations géopolitiques de l'époque, était un des leaders du bloc non aligné, qui était pour la plupart objectivement allié à l'URSS. Les peuples des deux blocs étaient unis dans une fraternité supranationale de lutte contre l'impérialisme mondial, pour la justice sociale et la dignité humaine, ainsi qu'engagés dans la bataille pour le développement économique et social. Certes, une partie de ce programme était idéaliste, il relevait même de la pure propagande. Mais au niveau de la conscience des peuples, la fraternité qui nous unissait était réelle et profonde. Rappelons ces grandes causes communes: la guerre du Vietnam, la cause palestinienne, les coups d'Etat et assassinats de la CIA en Amérique latine, la lutte anticolonialiste en Afrique et en particulier dans les pays lusophones. Il y avait aussi ces milliers de coopérants de l'Europe de l'Est, dont un bon nombre de Polonais, qui servaient de manière désintéressée dans notre pays, dans les universités, l'enseignement technique, l'industrie, l'agriculture. Nous avons eu nous-mêmes des enseignants polonais tant au lycée qu'à l'université et nous en avons gardé les meilleurs souvenirs. On ne pouvait les comparer avec les coopérants français, même si ces derniers paraissaient plus professionnels et avec qui la communication était plus facile. Après tout, on partageait les mêmes idéaux, les mêmes rêves d'un monde meilleur où l'impérialisme mondial aurait été éliminé et l'hégémonie du capitalisme mondial brisée ; unis dans une même fraternité de combat.

Le «devoir mémoriel» version allemande et française

J'ai parlé de l'amitié entre les peuples et je me suis soumis à l'exercice difficile d'avoir à prendre dans ma discussion deux peuples différents culturellement et géographiquement, et avec qui nous avons bien peu de points de contact à travers l'histoire. Il aurait été combien plus naturel de prendre le cas de l'Algérie et d'un autre peuple riverain de la Méditerranée, j'ai nommé la France. Or, même si l'histoire de ces deux pays est entremêlée, avec des millions de Français d'origine algérienne et une langue partiellement en commun, il y a un gouffre qui nous sépare et que je ne pourrais mieux illustrer qu'en parlant... d'Auschwitz. La tragédie de la solution finale que le gouvernement nazi de l'époque à su concocter, les Allemands le vivent aujourd'hui comme un crime perpétuel et un sujet de regret infini. Il y a ainsi des dizaines de milliers d'Allemands qui visitent chaque année les camps d'Auschwitz, fortement affectés par ce qu'ils voient, et qui pour eux participent à ce devoir de mémoire dont on parle tant du côté français en relation avec l'Algérie mais sans jamais lui donner de contenu. L'Allemagne a fait de la reconnaissance officielle de sa responsabilité historique dans l'Holocauste son acte rédempteur(12).

Qu'est-ce qui empêcherait la France, grande donneuse de leçons de droits de l'homme, de reconnaître ses crimes à grande échelle perpétrés durant la nuit coloniale et en particulier durant la guerre d'Algérie? Cette arrogance française à se vouloir intouchable dans sa fierté et sa «gloire» rend difficile des relations normalisées et apaisées entre les deux peuples. Cela aussi frise l'indécence lorsqu'elle veut imposer à la Turquie de reconnaitre le «génocide arménien» il y a plus d'un siècle par un régime d'une autre époque (Pré-Atatürk) et dans un contexte historique de guerre civile, et va même jusqu'a légiférer en 2017 pour criminaliser tout propos mettant en question le label de génocide pour les massacres d'Arméniens de 1915. Par contre, ces lois mémorielles et de «pénalisation du négationnisme» ne concernent pas sa «sale guerre»(13) avec ses «Auschwitz algériens» comme les camps d'internement furent appelés, ni son rôle dans le génocide au Rwanda. D'ailleurs l'Assemblée Nationale Française a failli faire passer une résolution louant les bienfaits du colonialisme(14) alors que ce dernier n'est dans son essence qu'extermination, expropriation, assujettissement et négation de la dignité humaine. La France n'a pas la grandeur ni le courage de regarder en face cette page de son histoire et cela n'est pas sans conséquence. En effet, les manifestations de racisme et d'islamophobie aujourd'hui sont la conséquence directe d'une société qui traine son passé colonial comme un boulet aux pieds. De même que l'on peut voir dans les pratiques policières envers les jeunes Français d'origine immigrée et la politique des banlieues la continuation d'habitudes coloniales anciennes. Que dire quand des maires de communes en France peuvent se permettre d'ériger des stèles à des anciens de l'OAS sans que cela ne soulève de réprobation générale? C'est pour toutes ces raisons que la France ne peut avoir que des rapports tourmentés avec l'Algérie, car elle porte en elle les stigmates de son passé récent non assumé.

Un autre parallèle peut être dressé entre l'Algérie et l'Afrique du Sud(15). La commission «Vérité et Réconciliation» mise en place après la fin de l'Apartheid a permis d'apaiser les rapports entre les communautés, comme elle a permis certes d'éviter la migration massive de la population blanche après l'arrivée au pouvoir de l'ANC. Ainsi, comme la visite d'Allemands à Auschwitz pour les Allemands, des dizaines de milliers de Sud-Africains blancs se rendent chaque année comme à un lieu de recueillement à Robben Island, cette île ou fut interné Nelson Mandela et ses compagnons dans les conditions que l'on sait, visitant les cellules des militants anti-apartheid, lisant pieusement les messages inscrits sur les murs, les faisant lire à leur enfants... Les visites scolaires à Auschwitz sont largement encouragées par le ministère de l'Education nationale français comme ayant une valeur pédagogique et participant à l'éveil citoyen, ce qui est certainement le cas. Ces voyages sont organisés et financés par maintes associations publiques et privées, y compris les communes, mais aucune instruction ni initiative à aucun niveau n'existe pour faire connaitre les «Auschwitz de la France» et les «Oradour-sur-Glane» en Algérie ainsi que les centaines de villages rasés au napalm, ce qui est un cas flagrant de «devoir de mémoire» sélective(16). Cela aurait au moins été plus judicieux et plus lié à son histoire immédiate qu'une tournée à Auschwitz et son slogan d'un «Plus jamais cela» hypocrite.

Chasser ses démons

Revenant à la Pologne, que reste-t-il de toute cette amitié et proximité humaine entre nos deux peuples après la fin du monde bipolaire et la recomposition politique de la Pologne des années 90? En fait, comme nous avons pu le constater lors de notre périple là-bas, l'Algérie est superbement inconnue des Polonais, géographiquement, humainement et politiquement. Les deux pays ont divergé ses deux dernières décennies et très peu de choses communes les rapprochent désormais. Prenons l'emblématique cause palestinienne: elle est aujourd'hui largement incomprise par les Polonais, et le sort du peuple subissant l'occupation et l'oppression, comme ils le subirent eux-mêmes, ne les concerne pas. La solidarité agissante avec les Palestiniens qu'ils avaient exprimée durant la période précédente, même si c'était à d'autres égards une période noire pour eux, est inexistence. Le gouvernement et l'opinion semblent avoir adopté le récit israélien d'un gouvernement démocratique luttant contre un peuple vindicatif dirigé par des terroristes: la civilisation contre la barbarie. Pourtant la question palestinienne est pour moi un marqueur et un test d'humanité. Quiconque n'est pas sensible à la cause du peuple palestinien est ou bien manipulé, ou bien manque de noblesse du cœur.

Le commun des Polonais se sent exclusivement Européens et n'a plus aucune autre référence internationaliste. Ceci est rendu encore plus criard avec l'arrivée de la droite dure au pouvoir. Pourtant le Polonais, comme nous avons eu ample occasion de le constater, est de nature accueillante et affable et n'a pas la froideur légendaire des habitants des pays nordiques malgré sa position géographique très septentrionale. La solidarité anti impérialiste avait accompli en son temps un miracle et rassemblé deux peuples culturellement très différents. Ceci aurait pu se consolider avec le temps et se transformer en de profonds liens de fraternité et un exemple de rapprochement humain transculturel, même avec le changement politique qui a eu lieu en Pologne. Avec la crise des migrants et l'aversion pour tout ce qui touche les non-Européens en plus du populisme anti-islam rampant, je doute que la situation va s'améliorer et que la divergence entre nos deux peuples va s'estomper ? La Pologne réussira-t-elle à chasser son nouveau démon qui a pour nom l'européocentrisme exclusif, comme elle chassa le dragon démon du fleuve Vistule à Cracovie(17)? J'ose espérer qu'une simple amitié formelle et distante entre nos deux peuples qui ont été marqués dans leur chair par tant d'épreuves similaires et qui partagent tant de valeurs en commun ne soit pas l'horizon des relations algéro-polonaises.

(*) Jamal Mimouni est Professeur à l'Université Mentouri de Constantine, président de l'Association Sirius d'Astronomie. Il est aussi Vice Président de l'Union Arabe d'Astronomie et des Sciences de l'Espace (AUASS)

Notes

6- Même du point de vue du contenu liturgique, ce symbolisme élaboré de la messe s'adosse fondamentalement à la doctrine de la consubstantialité que certains considèrent d'ailleurs comme du paganisme sophistiqué. Puis ce culte à la Vierge Marie, cette mortelle qui devient par le gré d'un accident doctrinal historique, l'objet de dévotion quasi-divine. Enfin bien sûr toute l'ambigüité touchant à ce que représente le Christ par rapport à la figure centrale de Dieu, ce sur quoi les Chrétiens des premiers siècles se sont disputés et excommuniés sans fin, notamment la signification profonde de ce concept de Trinité qui d'ailleurs n'apparait nul part dans la Bible!

7- Ce qui peut être mis en correspondance chez nous avec la prière du vendredi.

8- Enrichi par d'autres visites précédentes de cathédrales d' Europe, notamment celles à Hambourg, Berne, Cambridge, Rome, Paris...

9- Quelques extraits de lettres des journées ordinaires du «chef de guerre» Saint-Arnaud qui commença sa carrière en Algérie comme lieutenant et la termina comme général de division avant de devenir maréchal de France pour ses «faits d'arme»: «Nous sommes dans le centre des montagnes entre Miliana et Cherchell. Nous tirons peu de coup de fusil, nous brûlons tous les douars, tous les villages, ... Le pillage exercé d'abord par les soldats, s'étendit ensuite aux officiers... » «Nous resterons jusqu 'à la fin de juin à nous battre dans la province d'Oran, et à y ruiner toutes les villes, toutes les possessions de l'émir. Partout, il trouvera l'armée française, la flamme à la main.»

10- La magnifique devise de «Liberté Egalité, Fraternité «figurait sur les frontons des mairies et édifices public comme une béante marque d'hypocrisie.

11- Pudiquement appelés camps de regroupement, ces camps d'internement forcé comptaient quelque trois millions de personnes en 1961 soit quelque 40% de la population rurale Algérienne. En fait, ces camps gardés par l'armée Française avec barbelés électrifiés pour beaucoup et instructions de tirer à vue surtoute personne circulant hors de ses enceintes ne pouvaient qu' être appelés camps de concentration! Michel Rocard qui devint plus tard premier ministre sous Mitterrand, révéla leur existence en 1959 et la France fut condamnée par l'ONU en juillet 1959 pour leur mise en place. Dans ces quelques 2300 camps recensés à travers toute l'Algérie, les conditions de vie étaient si déplorables et le taux de mortalité était tel que Rocard estima que quelque 200.000 personnes, la plupart des enfants, y sont morts.

12- Elle a été au delà de ce qui était raisonnable de faire: Elle a en effet versé des milliards de dollars d'aide directe à Israël comme compensation pour les crimes nazis. Les versements faits à l'État d'Israël et au Congrès Juif Mondial, ont été investis dans l'infrastructure économique du pays et ses forces armées. Elle a notamment fait payer à l'Allemagne l'équivalent de 23.000 dollars pour chacun des 500.000 juifs qui sont venus s'installer en Israël aux dépens des Palestiniens qu'il a fallu rendre apatrides. Ces généreuses dotations ont joué un rôle important dans la mise en place de l'économie du nouvel État et dans sa supériorité totale durant ses guerres d'agression de 1948, 1956 et 1967.

13- Le France poussa même l'indécence à s'empresser après l'indépendance de l'Algérie à faire passer par ses instances législatives une loi d'amnistie pour tout les agissements et crimes commis durant la période 1954-1962.

14- A toute chose, on peut y trouver un côté positif. Ainsi ce fut durant la période nazie que vit le jour la Coccinelle, les autoroutes, la Blitzkrieg comme art de la guerre, les fusées, les avions à réaction, etc.

A noter le courage du candidat Macron qui qualifia le 15 février 2017 à Alger la colonisation Française de «crime contre l'humanité»

Il du cependant faire largement marche arrière là dessus au vu du tollé que cela souleva dans certains milieux. De manière assez significative, c'est le candidat Macron et sur le sol Algérien qu'il prononça ces mots qu'il n'a jamais répétés depuis.

15- «Afrique du Sud et Algérie : Convergences ... et Divergences «, Jamal Mimouni, le Quotidien d'Oran, 12 Avril 2010

16- Il ne faudrait pas oublier les autres cas de massacre dont s'est rendue coupable la France en Afrique et en Indochine, mais que nous ne mentionnerons pas ici pour rester focalisé.

17- Un des mythes fondateurs de Cracovie, la première capitale de la Pologne.