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Guelma: Après le mouton, la facture scolaire

par Mohammed Menani

Le farniente aoûtien vient de tirer sa révérence avec son lot d'orages spontanés qui avaient malmené la terre battue, le béton et l'asphalte, dénudant l'incurie ambiante et l'insouciance de l'édilité, alors que l'errance mal cadencée en pleines turpitudes des lendemains du sacrifice du mouton nous promène sur les étals des marchés avec une mercuriale en folie, suscitant un avant-goût de l'onéreuse facture de la rentrée scolaire qui va casser la tirelire des ménages. Ainsi, en ces temps, l'on continue de palabrer dans une oisiveté effervescente pour crever les bulles de silence et alimenter les commérages modulés en bavardant sur tout ce qui peut retenir l'attention des badauds, notamment autour du logement à distribuer, les améliorations urbaines inachevées, la perturbation des réseaux, la fièvre du choléra, l'informel, l'amoncellement des déchets ménagers dans la cité, les éventuels mouvements dans les corps de l'administration, les supputations sur le prochain renouvellement partiel du Sénat, sans omettre de disséquer les énigmes du feuilleton de l'été intitulé «Le mulet de la cocaïne», entre autres. Ceci reste catalogué dans la rubrique des ragots du café de commerce où se forgent des états d'opinion ubuesques et des comportements d'insatiables ayant la tendance chronique de jeter l'anathème sur la chose publique, l'ordre public, l'autorité publique et, en somme, sur tous les actes d'autrui sans discernement et avec un grain inhabituel de misogynie gratuite.

Ces mêmes diatribes sont parfois sciemment relayées par des officines occultes qui versent dans la diversion mais qui se découvrent sans le vouloir, d'après leurs méthodes de recrutement de leurs derviches hurleurs doués dans l'intox et la désinformation tendancieuse, pour amplifier le doute sur les intentions des uns et des autres et essaimer les germes de la discorde sur plusieurs paliers des rapports sociétaux.

Dans cette dimension, la citoyenneté, même alerte, en pâtit en s'étiolant fatalement et ses repères sont voués à l'enlisement dans le marasme ambiant et les esprits retors.

Pour le microcosme local, la gestion de la cité, qui se noie dans la cacophonie et la médiocrité empirique, reste inaccessible devant une nouvelle édilité débonnaire et désinvolte qui se cherche encore, sans se soucier des chantiers de constructions illicites et non interpellés, l'agression des espaces publics, les décharges sauvages qui foisonnent en milieu urbain, les «parkingueurs» aux gourdins sur la voie publique, les espaces verts mutilés et dégradés, ou encore les dossiers de régularisation des constructions inachevées (loi 15/08) qui sont relégués sur le registre des «tabous» sans aucune approche d'assainissement. Les dernières ouailles «chahuteuses», qui dérangeaient en agissant dans le bénévolat engagé et le désintéressement total, ont très tôt déserté la tribune de la société civile qui est éperdument évidée par le fait d'arrogances itératives émanant de piètres saltimbanques, passés maîtres dans l'art de confisquer les opinions d'autrui, non en assumant la responsabilité par la maîtrise de leur domaine sur fond de compétence, mais en tendant l'oreille à des «souffleurs» mal inspirés et malveillants. L'élite citoyenne demeure en retrait, sidérée et frustrée, observant le développement de l'ostracisme délibéré et d'un caporalisme primitif qui dénient l'autonomie de jugement et, par voie de conséquence, réduisent le citoyen à un rôle subalterne d'usager récepteur au lieu d'être, par destination naturelle, un acteur émetteur agissant.

Les indus coups de boutoir des tenants de la représentativité élective régalienne sans partage ont fini par anesthésier la notion de la démocratie participative et la valeur de sa passerelle complémentaire qui verse dans la promotion du dialogue, la collégialité et le vivre ensemble au sein de la collectivité. Vivement que la rentrée soit pour demain, et que l'on prenne le temps de se remettre en question, de se regarder dans un miroir et de se préparer pour évacuer l'incurie et affronter nos lendemains de labeur avec les manches retroussées, sans malice ou désinvolture, ni complaisance dans le copinage et l'unanimisme démesuré. Vive la rentrée et bon vent à tous sur la dynamique de l'initiative et la création pour le bien-être du pays !