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Palestine: Donald Trump machiavélique !

par Bruxelles: M'hammedi Bouzina Med

Ce ne sont pas les 200 millions / an d'aide des USA qui changeront la conditions des réfugiés palestiniens, ce sont les conséquences de ce qui reste du fragile équilibre politique dans la région du Proche-Orient que vise Donald Trump.

Sinistre et machiavélique que ce Donad Trump ! Après son «attaque» sur Jérusalem (El Qods) en lui attribuant unilatéralement, en décembre dernier, l'exclusivité d'une supposée paternité israélienne et seulement israélienne en faisant d'elle la capitale politique et diplomatique d'Israël, voilà qu'il annonce de ne plus financer la part des Etats-Unis à l'Office de secours et travaux de l'ONU pour les réfugiés palestiniens au Proche-Orient (UNWRA) : sinistre personnage ! Parce que au-delà de la question financière (200 millions de dollars/an la part des USA), cette décision intervient à la veille de la rentrée sociale en Palestine occupée et dans un contexte de tension exacerbée dans la région du Proche-Orient. Plus encore sur le plan politique elle ruine le mince espoir d'une perspective de solution à l'occupation israélienne de la Palestine. On sait que le gouvernement d'extrême droite de Netanyahou demandait depuis le début l'annulation de l'aide internationale aux réfugiés palestiniens et la suppression même de l'UNRWA. Voilà une première salve de Donald Trump comme ce fut le cas pour le statut de Jérusalem.

Plus grave, cette décision révèle la stratégie israélo-américaine de saper, priver les réfugiés palestiniens de tout espoir de retour sur la terre de leurs ancêtres. Evalués à un peu plus de cinq millions, répartis principalement entre la Jordanie, le Liban, la Syrie et aussi en Israël, les réfugiés palestiniens de 1948 demeurent l'un des points les plus difficile des négociations israélo-palestiniennes, sous parrainage de l'ONU, pour la solution à «deux Etats».

Cependant, au cynisme, Donald Trump ajoute le machiavélisme : celui de provoquer l'implosion de ce qui reste d'un espoir de paix dans la région. Comment vont réagir les voisins arabes et les pays du Proche-Orient ? Vont-ils suppléer à la participation financière des Américains ? Comment des pays comme la Jordanie et le Liban vont-ils faire face à la dépense pour les réfugiés palestiniens ? Et plus inquiétant : que deviendra le sort des habitants de Gaza vivant déjà le blocus israélien et ses bombes ? Les pays arabes voisins et ailleurs vivent déjà des divisions et des guerres comme au Yémen et en Syrie. Ce ne sont pas à proprement dire les 200 millions de participation américaine qui sont en soi une catastrophe. Les pays arabes peuvent y remédier sans soucis. La manœuvre de Donald Trump va surtout accentuer les divisions et rivalités des pays arabes et mettra à nu une fois de plus les engagements de façade de certains voisins arabes et leur solidarité factice avec le peuple palestinien et sa cause. Inutile de citer ces pays riches comme Crésus dont l'argent alimente plus les banques américaines et les paradis fiscaux.

Depuis son arrivée au pouvoir, Donald Trump s'identifie totalement et sans réserve à la politique du gouvernement actuel d'Israël, ruinant du coup toute perspective de reprise des négociations pour la paix et deux Etats. Le reste du monde, la «communauté internationale» est sidérée, paralysée par les coups bas et les provocations du président américain.

Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guteres, vient de lancer un appel à la communauté internationale pour combler la défection des USA sur l'aide aux Palestiniens. Ainsi, Donald Trump sait lui aussi que les 200 millions de son pays seront certainement comblés par le reste du monde. En revanche, ce qui l'intéresse est plus le coup de dé politique et stratégique qu'il joue: provoquer plus de discorde et de chaos dans ce qui reste du faible équilibre politique, notamment entre pays arabes, sur la question palestinienne. Le désintérêt, voire l'abandon des Palestiniens par des pays comme l'Arabie saoudite et les Emirats de la région ne date pas de l'arrivée de Trump à la Maison Blanche. Sinon, la question palestinienne ne serait pas dans l'impasse, dans la défaite et le recul depuis 70 ans. En ajoutant une énième provocation au reste du monde, Trump ne grandit pas son pays. Il en fait un pays indigne d'appartenir à la communauté internationale tant il attise les braises de la violence et de la guerre. Après tout peu lui importe. N'a-t-il pas menacé de quitter carrément l'ONU ? Peut-être que se sera sa prochaine annonce ?