Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

El-Kala: Le poisson en voie de disparition

par A. Ouélaa

Le poisson de la région d'El-Kala, réputé pour sa qualité qui a dépassé les frontières, notamment la sardine dite «La belle», facilement reconnaissable aux points noirs alignés, au goût exceptionnel, le rouget, le merlan, les gros poissons tels le pagre, le mérou ou l'espadon, qui proliféraient sur ses côtes généreuses, ne sont plus qu'un vague souvenir pour les amoureux de cette ville et de ce qu'elle recèle comme richesses naturelles.

En effet, les armateurs vous diront que les prises se sont amenuisées, et c'est à peine que l'on parvient, par moment, à ramener quelques casiers de sardines et une dizaine de casiers de poisson blanc. Même pas de quoi couvrir les frais engagés (du gasoil et équipage), dira, avec dépit, un armateur, pêcheur aguerri qui a commencé en tant que mousse pour devenir patron de pêche.

C'est un peu la rançon ou le revers de la médaille pour ceux qui ont laissé faire ou fermé les yeux, sur le massacre en règle opéré dans la pêche illicite du corail. Attiré par le gain facile, de nombreuses embarcations s'y mettent, depuis la suspension de l'exploitation du corail en 2003. L'anarchie a ensuite sévi pour laisser place à la dégradation des récifs coralliens dont la pêche se faisait surtout avec la croix d'André ou «karkara» qui casse tout sur son passage pour ne récolter que quelques kilos de corail. Il est loin le temps, cela remonte aux années 2007 à 2012, où les gros trafiquants de corail fêtaient dans un grand faste, leurs comptes atteignant le milliard de centimes. Ces trafiquants étaient facilement identifiables grâce à leurs voitures de luxe et les gros pourboires qu'ils laissaient là ou ils passaient comme dans les stations pour lavage, où ils laissaient une liasse de 1000 DA. Le poisson gros ou petit, qui est sédentaire, avec la destruction de son milieu naturel, conjugué au non respect de la période interdite dans les zones de pêche qui s'étend de juin fin août, ont contribué à la diminution drastique de la richesse poissonnière d'El Kala. Le corail aussi, que plus personne ne peut, ni n'a les moyens d'aller chercher dans les grandes profondeurs, a vu sa valeur énormément chuter et ne trouve pas preneur quand il est disponible, nous dira un ancien intermédiaire dans ce trafic qui n'a plus la cote depuis plus d'une année. Une leçon donc à méditer, afin que le poisson et le corail, retrouvent d'ici là leur lustre d'antan.