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Après un accord entre Alger et Paris: Djamel Beghal extradé hier en Algérie

par Moncef Wafi

L'islamiste, Djamel Beghal, a été extradé, hier, à sa sortie de prison, vers l'Algérie, par la France. Selon l'AFP, citant l'administration pénitentiaire, «il a été libéré ce matin (hier ndlr) à 5h20, pris en charge par la police aux frontières. Considéré par Paris comme le mentor de Chérif Kouachi et d'Amédy Coulibaly, le Franco-Algérien, de 52 ans, déchu entre temps de la nationalité française, en 2006, (il vit en France depuis 31 ans), a quitté la prison de Vezin-le-Coquet, en Bretagne, et a décollé, peu après 10h30, de l'aéroport parisien ?Roissy' en direction d'Alger.

Beghal était au centre d'un bras de fer judiciaire, entre les deux pays puisque Paris avait refusé, en 2008, de l'expulser sur demande des Algériens, prétextant des risques de torture encourus. Depuis les donnes ont changé et les Français s'étaient montrés empressés de le renvoyer dans son pays natal. Connu comme activiste depuis le milieu des années 1990, Djamel Beghal a été déclaré ?expulsable', en 2007, deux ans après avoir été condamné à 10 ans de prison pour association de malfaiteurs terroriste. A Vezin-le-Coquet, il terminait de purger sa seconde peine de 10 ans de prison pour un projet d'évasion, en 2010, de Smaïn Aït Ali Belkacem, ancien du Groupe islamique armé (GIA) condamné à perpétuité pour l'attentat à la station RER, Musée d'Orsay, en 1995, à Paris. Ces dernières semaines, la France attendait le feu vert d'Alger pour extrader Beghal, décision qui a pris du temps puisque, selon le site d'informations électronique, «algeriepatriotique», les Autorités algériennes voulaient auparavant, disposer de tout son dossier et tous les rapports d'enquête sur ses activités, ses relais, ses points de passage, ses réseaux? Son expulsion a été annoncée, jeudi dernier, par Richard Ferrand, président du groupe ?La République en Marche' à l'Assemblée nationale française qui a affirmé, à ce propos qu'«un accord a été pris par le Quai d'Orsay et les Autorités algériennes». La ministre française de la Justice, Nicole Belloubet, avait annoncé, quant à elle, que le mentor des frères Kouachi sera assigné à résidence après sa sortie de prison «si l'Algérie n'en veut pas». A sa sortie, «nous souhaitons qu'il puisse retourner en Algérie», avait notamment déclaré la ministre, expliquant qu'il est interdit de territoire français « qui a été, judiciairement, prononcée, donc il doit repartir, en Algérie». Alger avait laissé planer le doute quant à un accord sur cette expulsion puisque, jusqu'à juin dernier, elle n'était toujours pas actée, «ce n'est pas acquis au moment où je vous parle», avait précisé Nicole Belloubet.

Beghal était lui-même favorable à cette option et en juin 2017, il avait déposé une demande de « libération conditionnelle-expulsion» vers l'Algérie qui avait été rejetée par la Justice française, en raison de doutes sur son « algérianité ».

Selon son avocat, il tenait surtout à ne pas se retrouver à nouveau assigné à résidence, ce qui revenait pour lui «à rester privé de liberté d'aller et venir». Durant les années 1990, Djamel Beghal est passé par les camps d'entraînement d'Al-Qaïda au Pakistan, au début des années 2000, avant d'être arrêté aux Emirats arabes unis. Extradé en France, il a avoué avoir tenté de «constituer une cellule terroriste pour commettre des attentats en France». Libéré, en 2009, il est assigné à résidence, dans le Cantal, en attendant une possible expulsion, à laquelle s'oppose alors la Cour européenne des droits de l'Homme. Il est, à nouveau, arrêté en 2010 et a passé au total une dizaine d'années, à l'isolement. Au total, près de 450 détenus radicalisés doivent sortir des prisons françaises d'ici fin 2019, parmi lesquels une cinquantaine de « terroristes islamistes ».