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Constantine - Utilisation frauduleuse de la carte Chifa: La Cnas tire la sonnette d'alarme

par A. Mallem

Au cours d'une rencontre qu'il a organisée hier au siège de la direction de wilaya de la caisse avec les pharmaciens conventionnés, les médecins-traitants et la presse, M. Jouini Abdallah, directeur de l'Agence CNAS de Constantine a soulevé le problème de l'utilisation frauduleuse de la carte Chifa par les titulaires de cette carte aussi bien que par des pharmaciens indélicats. Et ces pratiques ont occasionné à la caisse, pour la seule année 2017, une dépense de plus de 7 milliards de dinars (700 milliards de centimes) rien que pour les remboursements des médicaments. « Nous avons remarqué qu'il y a un abus manifeste dans l'utilisation de la carte Chifa, a commencé le directeur, en précisant que les pratiques frauduleuses à la carte Chifa touchent surtout les personnes âgées de plus de 75 ans, parce que cette catégorie de malades chroniques est dispensée du contrôle médical ». M. Jouini a signalé aussi que des pharmaciens gardent chez eux, et pour des durées dépassant quelques fois les 6 mois, plus d'une soixantaine de cartes Chifa à la fois, alors que cela est strictement interdit par les conventions qu'ils ont signées avec la caisse. « Et ce qui est plus grave encore, a ajouté le directeur de wilaya de la Cnas, nous avons remarqué que chez certains pharmaciens il arrive que la carte Chifa soit utilisée par des tierces personnes, à l'insu des assurés, et ce afin de se procurer des médicaments, ou même des psychotropes ». « J'ai ici trois dossiers litigieux sous la main où les titulaires de cartes Chifa nient catégoriquement avoir pris des médicaments portés à leur compte.

Ces dossiers vont être transmis en justice car la CNAS va porter plainte. Et c'est à la justice de déterminer le vrai du faux. Et chacun du pharmacien ou de l'assuré doit assumer ses responsabilités », a révélé M. Jouini, soulignant que de tels cas de fraude sont très nombreux ils ne sont pas l'apanage de la wilaya de Constantine, mais cela se passe dans toute l'Algérie. Parmi les autres cas de fraude courante à la carte Chifa, le conférencier a cité le cas où les titulaires de la carte la donnent à des parents ou à des personnes non affiliées à la sécurité sociale. Et cela a permis à ces dernières d'accéder à des soins et se faire rembourser des factures de médicaments qui atteignent parfois les 100.000 dinars. « C'est là, malheureusement, une pratique courante dans notre pays », a-t-il affirmé. Et il a considéré que ces pratiques doivent disparaître car il y va de la pérennité du système entier de la sécurité sociale.

Par conséquent, c'est sous le slogan de « la sécurité sociale est un droit acquis, préservons-le », que la CNAS de Constantine a organisé hier au siège de la direction de wilaya, Bd Rabah Bitat, cette rencontre de sensibilisation en présence de la presse, des pharmaciens et les médecins traitants, qui entre dans le cadre de la campagne dont l'objectif est de « créer une synergie entre la CNAS et ses partenaires et les inciter à contribuer à la rationalisation des dépenses ». Il s'agissait aussi pour les responsables de la CNAS de rappeler, encore une fois, aux titulaires de la carte Chifa que l'usage de celle-ci est strictement personnel et que cette carte « ne doit en aucun cas être laissée à la disposition d'une tierce personne, y compris les prestataires conventionnés avec la CNAS, tels que les pharmaciens et les médecins, et que l'utilisation frauduleuse par les tiers entraîne la responsabilité du titulaire », comme il est mentionné dans l'avis affiché à l'intention des assurés sociaux.