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Il était une fois la Coupe du monde: Afrique du Sud 2010 : L'Espagne championne au pays de Mandela

par Adjal Lahouari

La première Coupe du monde organisée sur le sol africain était un défi pour l'Afrique du Sud et la FIFA. Pari réussi sur toute la ligne pour le pays de Mandela, objet de prédictions alarmistes avant le coup d'envoi. Ceux qui étaient contre la désignation de l'Afrique ont été bien obligés de reconnaître qu'ils avaient tort. Les rencontres se sont jouées dans de vastes et beaux stades et le succès populaire s'est vérifié. La Coupe du monde a généré l'équivalent de ce que l'Afrique du Sud a déboursé pour ce tournoi. La preuve est donc faite que l'Afrique doit être vue par un autre regard, le monde ne se limitant pas à l'Europe, l'Amérique et l'Asie. Que doit-on retenir de cette édition jouée sur le sol africain ? Les constats abondent et le premier à faire c'est que, cette fois, c'est bien la meilleure équipe qui a été sacrée par le niveau de son jeu collectif, ne déviant jamais des principes inculqués par un entraîneur accusé auparavant d'être trop débonnaire. En réalité, Del Bosque a eu beaucoup de mérite, et celui d'avoir réussi à faire cohabiter les Catalans et Madrilènes n'est pas le moindre. Quant à l'équipe nationale algérienne, et en dépit du bon match livré face à l'Angleterre de Lampard et Rooney, elle a déçu une fois de plus. Si Ziani et Bougherra se sont démenés comme de beaux diables, l'expulsion de Ghezzal a précipité l'élimination des Verts. On retiendra aussi (déjà !) la monumentale bourde de Chaouchi, entièrement fautif sur le but slovène, à l'inverse de M'bolhi, auteur d'un sans-faute face aux Anglais. Enfin, à Klysna, l'effectif français s'est révolté contre son entraîneur Raymond Domenech, ce qui restera une tache noire dans le palmarès tricolore.

Une injustice réparée

En finale contre les Pays-Bas, il y avait six joueurs du Barça et trois du Real, Villa et Capdevilla complétant le onze titulaire. Avec cette solide ossature et le « tiki-taka » à la sauce barcelonaise, le coach savait où il mettait les pieds. Et les résultats lui ont donné raison. Avec ce sacre, les experts ont affirmé qu'une injustice venait d'être réparée, l'Espagne n'ayant jamais réussi à aller jusqu'au bout, alors que ses clubs, et notamment le Real et Barcelone, brillent de mille feux dans les compétitions de clubs. Avec sa grande expérience et surtout sa conception du jeu, Del Bosque a fait la preuve qu'une équipe déjà brillante et championne d'Europe pouvait aller encore plus haut. Celui qu'on taxait de débonnaire était en réalité plein d'humilité et d'habileté. En tout cas, ça nous a changé de la caste des techniciens purs et durs genre Mourinho, en redonnant à cette fonction un visage plus humain. Ses joueurs étaient conscients d'être dirigés par un entraîneur respectueux des valeurs véhiculées par le football. En plaçant dans le dernier carré trois de ses représentants, l'Europe a traduit la faiblesse du football sud-américain, traditionnel rival sans lequel une Coupe du monde serait un plat indigeste. Seul l'Uruguay a trouvé place dans ce dernier carré, mais force est de dire que ce n'était pas le plus séduisant représentant du continent américain. Il n'y a qu'à se souvenir dans quelles conditions les Uruguayens sont arrivés à ce stade, au terme d'un match que les Ghanéens auraient dû remporter sans l'antijeu de l'attaquant Suarez, bloquant avec les deux mains un ballon qui se dirigeait vers les filets du keeper Muslera. Les Ghanéens aussi ont commis la faute en ratant le pénalty justement accordé.



La fiche

Finale : Espagne 1 Pays-Bas 0 (AP)

Attaque : Allemagne (16 buts)

Défense : Allemagne (5 buts)

Buteur : Thomas Müller (Allemagne) 5 buts



Echos



Humaniste



«Cette Coupe du monde a eu une dynamique spéciale, liée à l'histoire d'un homme et à son combat pour la liberté. Après sa libération, il a promu la paix et la compréhension. Il avait un rêve : faire venir la Coupe du monde de la FIFA dans son pays. Son rêve s'est réalisé. Je rends donc hommage au plus grand des humanistes, Nelson Madiba Mandela». Ces mots sont du président de la FIFA Seep Blatter.



Malédiction



Depuis 1958, un joueur ayant enlevé le « Ballon d'Or » n'a jamais gagné la Coupe du mode, et la série est en cours. Tous les lauréats de cette distinction ont échoué. Les plus « chanceux » se sont arrêtés en finale, comme Ronaldo (Brésil) en 1998, Baggio en 1994, Rummenigge en 1982, et Cruyff en 1974. Cristiano Ronaldo n'avait aucune chance donc de remporter la Coupe du monde 2018.



Paul le poulpe



C'est en Allemagne, dans l'aquarium d'Oberhausen, que Paul le poulpe s'est révélé au monde entier. Il s'était distingué lors de l'Euro 2008, mais en Coupe du monde qui se déroulait à plus de 10.000 kilomètres de Johannesburg, il a réalisé un sans-faute. Il a vu juste dans tous ses pronostics. A chaque fois, on lui présentait deux récipients aux couleurs des deux équipes contenant une moule décoquillée, son plat préféré. Et, à chaque fois, il a choisi la bonne boîte, y compris celle du vainqueur, l'Espagne.



Protection



Après la victoire de l'Espagne face à la Mannschaft, c'était la grogne en Allemagne. Sur Facebook, on se demandait comment accommoder Paul, taxé d'Espagnol. Un quotidien allemand a suggéré « la recette des anneaux de poulpe frit ». Du côté espagnol, ce furent des inquiétudes. Le Premier ministre José Luis Zapatero et la ministre de l'Industrie Elena Espinosa ont déclenché l'opération sauvetage par son transfert immédiat vers l'Espagne pour veiller à sa protection. Quelques mois après ses exploits, Paul le poulpe est mort, le 26 octobre plus précisément.



Vedette



A chaque Coupe du monde, on assiste à un grand rassemblement des plus grands joueurs de la planète qui sont très sollicités par les supporters. Mais la grande vedette aura été le chef d'Etat Nelson Mandela, un personnage historique avec qui, à leur tour, les stars du football ont voulu poser et garder un souvenir inoubliable. Cristiano Ronaldo a été le premier à solliciter Mandela. C'est dire la notoriété de ce héros des temps modernes.



Moyennes



Avant l'Espagne, aucune équipe ayant perdu son premier match n'avait été sacrée championne du monde. Et pourtant, l'attaque n'a inscrit que huit buts dont cinq par le seul Villa. Le but d'Iniesta en finale restera dans les mémoires. Cette édition a été pauvre en buts, seule celle de 1990 étant inférieure. Même le niveau a été qualifié par les experts de moyen.



Coupable



Les artilleurs en panne en Afrique du Sud ont vite trouvé la parade. « C'est Jabulani le responsable », ont-ils prétendu. Jabulani était tout simplement le ballon de la compétition, « un objet volant incontrôlable », selon les gardiens et les tireurs. Ce ballon, dit-on, avait des trajectoires capricieuses que les scientifiques de la NASA ont analysées de très près. Conclusion de ces savants : c'est à cause de son poids, 440 grammes seulement.



Penalties



Tirs au but exceptés, six penalties ont été loupés durant cette compétition, soit 40% qui ont été accordés. C'est un record et un constat qui démontre la pression qui s'empare du tireur. La plupart de ces penalties auraient pu changer le cours du match. On pense tout particulièrement à celui de Gyan face à l'Uruguay à la derrière seconde de la prolongation, qui aurait dû envoyer le Ghana en demi-finales.



Tablier



Sous les feux de la rampe durant la Coupe du monde 2010, plusieurs entraîneurs ont dû rendre le tablier et laisser la place à leurs successeurs. Le plus désolant, c'est qu'il s'agit de grandes équipes. Effectivement, Maradona (Argentine), Dunga (Brésil), Domenech (France) et Capello (Angleterre) n'avaient plus le statut d'entraîneur après cette édition.



Faillite



C'est le mot utilisé par les médias de l'Hexagone pour qualifier les prestations de l'équipe de France. Aucune victoire, un nul, deux défaites et la dernière place du groupe, dépassée même par l'Afrique du Sud. En outre, il y a eu le scandale lié au refus des joueurs de s'entraîner, un triste épisode que les Français n'oublieront pas de sitôt. Un supporter, extrêmement déçu, a dit à propos de Domenech : « Il a réussi à nous faire croire qu'il était entraîneur ! ».



Gesticulations



Après avoir arrêté le ballon avec les deux mains, l'attaquant uruguayen Suarez a vraiment manqué de retenue lorsque le Ghanéen Gyan a raté le pénalty. Les Ghanéens, décidément très malchanceux, n'avaient pas besoin de ces gesticulations pour le moins déplacées.