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Mondial-2018: La Croatie s'en sort à la roulette russe

par Adjal Lahouari

Les quarts de finale se sont avérés attrayants en dépit de reflexes liés à une tendance défensive de la part de certaines équipes conscientes de leur infériorité technique et tactique. Toutefois, le public ainsi que les téléspectateurs ne se sont pas ennuyés, loin de là. Car ces duels serrés entre Européens ravis par une telle tournure des évènements ont donné lieu à du suspense, des émotions et aussi du jeu. La moyenne des buts enregistrés dans ces quatre rencontres (2,75) est convenable si l'on teint compte de l'attitude des équipes frileuses où seules la Suède et l'Uruguay n'ont su trouver le chemin des filets.

Pour l'octroi du quatrième ticket des demi-finales, nous avons eu droit à un duel indécis de bout en bout entre la Russie et la Croatie. Disons tout de suite que la qualification des Croates est méritée au vu de leur emprise sur le match et leur volonté permanente d'aller taquiner la défense adverse. Leur mérite n'est pas mince face à un rival combatif et opiniâtre jusqu'au bout, et soutenu par son public. En outre, les coéquipiers de Rakitic ont dû cravacher pour égaliser après le très beau but de Cheryshev, ce dernier ouvrant le score au terme d'une belle action collective, assez rare dans cette formation besogneuse.

Effectivement, les Russes ont déployé un jeu où les déchets furent légion face aux vrais dépositaires du talent des Balkans. La joie des coéquipiers du gardien Akinfev fut de courte durée, puisque Kramatic a égalisé au terme d'un mouvement rondement mené et ultra-rapide. Tout le reste du match fut ponctué, tour à tour, par la domination croate et les contres russes. Les schémas tactiques des deux formations auront été conformes aux prévisions émises par les observateurs. En termes plus clairs, l'attitude de l'équipe russe a toujours dépendu de celle de l'adversaire du jour, tandis que le capitaine Modric constitue le « baromètre » de son équipe. Or, le « Cruyff des Balkans » a sorti l'une de ses meilleures prestations, orchestrant toutes les offensives, ce qui explique mieux le taux de possession du ballon, et donc du plus grand nombre d'occasions.

Cependant, ceci n'a pas empêché les Russes de se battre avec leurs armes, à savoir une solidarité de tous les instants et un esprit combatif jamais démenti. Même dominés territorialement, les partenaires de Golovin (certainement le plus doué de la nouvelle génération) ont tenté leurs chances, réussissant à égaliser et à s'en remettre aux tirs au but, un exercice diversement apprécié. D'aucuns estiment qu'il s'agit d'une loterie, alors que d'autres déclarent haut et fort que c'est un geste technique qu'il faut bien maîtriser. On ne peut reprocher aux Croates d'avoir été les plus adroits. Le rêve russe venait de s'évaporer mais, compte tenu des ses limites, l'équipe russe a réussi un très bon parcours et ce, en dépit de la conclusion de son entraîneur, qui a estimé « que ses joueurs et lui-même ont eu l'impression d'être tels des conscrits libérés avant l'heure ». Bien d'autres équipes auraient aimé être à la place de la sienne, c'est le moins que l'on puisse dire.