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Tlemcen: La plage de B'hira entre hier et aujourd'hui

par Khaled Boumediene

Cette année, la plage de B'hira (appelée aussi Ouled Ben Ayed), qui se situe dans les confins de la région de M'sirda à l'extrême ouest de la wilaya de Tlemcen, réserve aux visiteurs de nombreuses surprises : une esplanade de front de mer récemment aménagée, des accès totalement élargis, une route côtière desservant cette superbe crique entièrement réhabilitée et bitumée et des murets de soutènement (en cours de construction) pour protéger contre les éboulements des falaises superbement dressées sur la plage. A vrai dire, les plus anciens se souviennent toujours du calme et le repos que procurait autrefois cette plage qui ne disposait comme accès que d'une seule piste sinueuse et accidentée. « Je me rappelle quand j'étais petit, je descendais à pied du village de Souk Tleta avec mon père et mes frères le long de l'oued pour regagner la plage de B'hira, car la plage n'était pas encore accessible aux véhicules. Il y avait plein de champs de légumes et de fruits de part et d'autre de cet oued, c'est d'ailleurs pour cela qu'on l'appelle B'hira. On se rafraichissait le long de notre parcours avec de l'eau froide de la source qui jaillissait du mont Zendel, et on se promenait dans l'environnement verdoyant et fleuri de la plage, qui charmera n'importe qui et représente un point de départ idéal pour des balades, vraiment c'était un réel plaisir ! Et dès qu'on arrivait à la plage on plongeait et on nageait à notre guise jusqu'au soir, puis on remontait difficilement les rampes du terrain accidenté de la montagne. Aujourd'hui, je garde toujours des bons souvenirs de cette plage naturelle et calme, qui n'était connue et fréquentée que par les habitants de Souk Tleta et Arbouz, qui venaient à pied, car il n'y avait pas encore de routes comme aujourd'hui. Cette plage est surtout prisée par la population m'sirdie pour son endroit loin des regards et l'intimité qu'elle assure aux familles. Aujourd'hui, tout a changé pour nous les anciens, qui connaissaient à fond cet endroit, mais, il y a quand même de belles choses qui ont été faites et la plage est accessible par des routes goudronnées. Il y a aussi de belles habitations dans les parages et même des hôtels sont en cours de construction et puis il y a une station de dessalement pour étancher la soif des populations. Entre hier et aujourd'hui, il y a quand même beaucoup de différences », nous raconte M. Salah Acimi, originaire de Souk Tleta.

A côté de cette plage paradisiaque située entre les plages de Sidi-Maarouf et Bider à l'ouest, et Bekhata et Aayayat côté est, les monts Taressemout et Zendel qui dominent majestueusement les agglomérations d'Arbouz (M'Sirda Fouaga) et Souk Tleta (M'Sirda Tahta) dans ce territoire montagneux, attirent depuis très longtemps les habitants de M'Sirda, qui adorent les eaux limpides et curatives jaillissant des rochers de ces deux monts. D'après la légende, les habitants de cette contrée se lavaient les yeux avec l'eau de source de Taressemout pour se guérir de la cataracte et du glaucome. Ils profitaient aussi des bienfaits et la « baraka » du grand saint Salhi Mohamed (Ould Abdelkader Ould Mehdi Mokadem). Il faut dire que ce véritable chef de tribu, particulièrement vénéré par toute la population m'sirdie jouait un grand rôle dans la conciliation des tribus en conflit et soignait des maladies de sinusite, de vertige et d'inflammations des oreilles. Ce saint patron guérisseur, décédé en 1952, a toujours les faveurs des habitants, résidant ou habitant dans de nombreuses villes du pays ou encore des émigrés qui affluent de loin.