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Son procès a été reporté pour une évaluation psychiatrique: Que dira Yazid, présumé assassin de sa mère et sa sœur ?

par M. Nadir

Très attendu, le procès de M. Yazid, présumé assassin de sa propre mère et de sa sœur en 2013 à haï Nedjma, a été reporté, la semaine passée, par la cour d'assises, à la prochaine session. L'ajournement a été décidé en raison de l'absence d'un avocat de la défense (comme les deux précédents reports) et de l'inexistence d'une évaluation psychiatrique. Autrement dit, le procès avait été enrôlé alors que l'accusé, en détention depuis février 2017, n'était pas représenté par un avocat et n'avait pas été soumis à un examen psychiatrique légal comme le prévoit la loi pour tout détenu, à fortiori lorsque celui-ci est poursuivi d'homicide. Le président d'audience a, par conséquent, décidé de renvoyer l'affaire à la prochaine session et ordonné qu'un avocat soit désigné d'office et qu'un spécialiste de l'hôpital psychiatrique de Sidi Chami examine le détenu dans un délai de 30 jours.

«Sans nouvelles depuis quatre ans»

Les chefs d'accusation retenus contre M. Yazid, 57 ans, sont très lourds et lui ont déjà valu d'être condamné à la peine capitale par contumace en 2016, alors qu'il était en fuite et faisait l'objet d'un mandat d'arrêt. En mars 2013, une certaine Z. Khadra, algérienne résidant en Grande-Bretagne depuis près de 40 ans, se présente à la brigade de gendarmerie de haï Nedjma pour signaler la disparition de sa mère et sa sœur. Elle explique qu'elle a perdu le contact avec les siens depuis quatre ans et qu'elle s'est rendue à plusieurs reprises dans la maison familiale sans jamais trouver personne. De plus, aucun voisin ne semble avoir d'informations sur sa mère, sa sœur et ses deux frères qui, le voisinage en témoignera plus tard, étaient de nature très réservée, voire renfermée.

En état de décomposition avancée

Des gendarmes accompagnent Khadra à la maison en question et pénètrent dans un intérieur poussiéreux, manifestement longtemps abandonné, où ils découvrent sur un lit le corps d'une femme en état de décomposition avancée; Khadra reconnaît sa sœur Saadia. Dans une autre pièce, Khadra s'étonne de la présence d'un bloc rectangulaire en ciment, long de quelque 150 cm, qu'elle affirme n'avoir jamais vu. Les gendarmes démolissent la structure et en retirent le corps d'une autre femme, enveloppée dans un tissu blanc, que l'émigrée identifie comme étant sa mère, Dj. Zoulikha. Immédiatement, les soupçons de Khadra se portent sur son demi-frère Yazid qui, dit-elle, avait l'habitude de maltraiter les siens, y compris sa propre mère, pour leur extorquer de l'argent. Le comportement violent de Yazid a conduit à la dislocation de la famille puisque le frère Mohamed a dû quitter la maison pour aller s'installer à Boumerdès avec sa sœur Mokhtaria, laissant les défuntes seules avec Yazid.

«Qu'il pourrisse en prison !»

Les témoignages des voisins n'apporteront rien si ce n'est qu'ils n'avaient pas prêté attention à la disparition de la famille M. en raison de la nature marginale de ses membres. D'ailleurs, personne ne savait où se trouvait Yazid qui s'était également évaporé dans la nature. Les recherches de la gendarmerie ne donneront rien et, en juin 2014, un mandat d'arrêt sera lancé contre Yazid pour suspicion de meurtre avec préméditation sur les personnes de sa mère et sa sœur.

Yazid ne réapparaîtra qu'en février 2017 après avoir été condamné à la peine de mort. N'ayant pas été entendu lors de l'enquête, personne ne sait ce qu'il va plaider : est-il responsable de la mort des siens (jusqu'ici, on ne connait pas les causes des décès) ? Si oui, pour quelles raisons et comment ? Est-ce lui qui a enfermé le corps de sa mère dans le bloc de ciment ? Où a-t-il disparu entre 2013 et 2017 ? Autant de questions dont on ne connaîtra les réponses que lors du procès au cours duquel M. Yazid devra répondre du grief de meurtre avec préméditation.

En attendant, un psychiatre devra évaluer l'état mental de l'accusé et un avocat devra lui être désigné : «Je veux qu'il pourrisse en prison jusqu'à la fin de sa vie», a lancé Z. Khadra à la cour lors de l'audience de la semaine passée.

Autant dire que la dame qui s'est portée partie civile n'entretient aucun doute sur la culpabilité de son demi-frère.