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Il était une fois la Coupe du monde: Japon - Corée du Sud 2002 : une cinquième étoile pour le Brésil

par Adjal Lahouari

C'est une édition assez insolite où beaucoup de grosses cylindrées, habituées à jouer les premiers rôles, sont passées à travers. Si bien que, dans le carré final, on a retrouvé deux équipes que personne n'attendait à ce stade de l'épreuve, la Turquie et la Corée du Sud. Et, pour cette dernière, le fait d'évoluer à domicile n'explique pas cette performance. Donc, on est tenté de dire que ce sont les grosses formations qui ont flanché, parfois de façon inexplicable. L'exemple le plus frappant est celui de la France, championne du monde en titre et qui s'était déplacée avec son ossature de la précédente édition avec la présence de 14 éléments couverts de gloire à Paris. En principe, l'entraîneur Roger Lemerre a tablé sur la stabilité et l'expérience, en misant sur les Zidane, Leboeuf, Barthez, Dessailly, Duggary, Thuram, Viera, Trézeguet, Henry, Petit et Djorkaeff. Ce fut la plus grande catastrophe du football français. Qu'on en juge : derniers du groupe avec un nul, deux revers, zéro but marqué pour trois encaissés. Et quand on sait que dans cet effectif, il y avait trois grands buteurs, à savoir Henry, Trezeguet et Cissé, on se perd en conjectures.

La chute des gros calibres

Aussi, le mauvais rendement des équipes ayant un statut de favori et d'outsider a amplement profité aux nations beaucoup plus modestes dans ce genre d'épreuve. On citera le Sénégal, vainqueur de la France avec ses exilés en Ligue 1, la Corée du Sud, la Turquie et les Etats-Unis qui se sont invités en quarts et en demi-finale. Et pourtant, leurs bilans des buts marqués et concédés furent des plus modestes : 6/3 pour la Corée du Sud ,7/4 pour la Turquie, 7/7 du côté des USA et 7/4 dans le camp du Sénégal. Loin de nous l'idée de jouer aux rabat-joie pour les équipes en pleine réussite, mais force est de reconnaître que le niveau fut en deçà des espérances. Les observateurs ont du mal à admettre les défaillances de ces formations pourtant habituées à ce genre de joutes. L'Uruguay et le Portugal n'ont guère fait mieux, n'accédant même pas au second tour avec au bout, des statistiques indignes de leur statut. Hormis donc le Brésil et l'Allemagne, tous les gros calibres sont passés à la trappe de façon plus ou moins inexplicable. Cependant, des fulgurances ont été enregistrées concernant ceux qui ont été au bout de l'aventure. On pense bien évidemment au Brésil, qui a aligné sept victoires consécutives avec la meilleure attaque et la seconde défense derrière celle d'Allemagne. Avec un Ronaldo en état de grâce, bien épaulé par Ronaldinho et Rivaldo, les Brésiliens n'ont pas souffert pour ajouter la cinquième étoile sur leur maillot. Et pourtant, en phase éliminatoire Amsud, les Brésiliens ont fini au troisième rang derrière l'Argentine et l'Equateur avec, tout de même, six revers et 17 buts concédés. Bien que vainqueur avec cette équipe, l'entraîneur Scolari a subi quelques critiques pour son penchant pour la défense. N'oublions pas la démonstration de l'Allemagne face à l'Arabie saoudite par le score insolite de 8 à 0. Klose et Ballack se sont promenés dans le stade de la ville de Sapporo, annonçant clairement leurs intentions.



La fiche

Finale : Allemagne 0 Brésil 2

Attaque : Brésil 18 buts

Défense : Allemagne 3 buts

Buteur : Ronaldo (Brésil) 8 buts



Echos



Sénégal



Bien que figurant au 79e rang du classement de la FIFA, le Sénégal est venu à bout d'une équipe de France fantomatique. Par la suite, les sportifs français ont considéré que le Sénégal était leur « seconde » équipe, car les joueurs de ce pays évoluaient en championnat de France. On se console comme on peut.



Non grata



Auteur de deux réalisations en Coupe du monde 2002 dont le fameux but en or contre l'Italie, en huitièmes de finale, le joueur coréen Ahn Jung-hwan espérait un avenir radieux. Evoluant à Pérouse, il est devenu persona non grata en Italie après avoir éliminé la Squadra Azzura. Contraint à l'exil, il a joué à Metz puis à Duisbourg, en Allemagne.



Patineur



Plus étonnant encore. La Coupe du monde 2002 permet au Turc Ilhan Mansiz de se faire un nom à l'échelle internationale. Auteur de trois réalisations dont un doublé lors de la petite finale permettant à la Turquie d'arracher la troisième place, Mansiz était en droit de s'attendre à une progression. Il n'en sera rien. Il s'exile en Asie avant de mettre fin à sa carrière de footballeur pour se lancer une carrière de? patineur artistique. Original?



Bosman



C'est le nom du joueur belge qui s'est battu pour modifier les règlements et permettant aux clubs de ne plus être limités à trois joueurs non issus de l'union européenne. Cet arrêt a favorisé la montée en puissance des compétitions et notamment la Ligue des champions. Autre conséquence, les stars privilégient leurs saisons au club aux dépens des équipes nationales.



Préparation



La Corée du Sud, qui a effectué un parcours extraordinaire si l'on tient compte de son statut, avait effectué une préparation spéciale sous la conduite du grand entraîneur hollandais Guss Hiddink. En effet, ce technicien a exigé que toutes les conditions soient réunies. Au menu : le championnat national gelé dès le début de l'année, moyens financiers conséquents, cinq mois de préparation intensive dont des tournées à travers le monde et une quinzaine de matches amicaux.



Renvoi



Nul n'oubliera le capitaine d'Irlande Roy Keane, un sacré caractère et qui a fait les beaux jours de Manchester United. Ce joueur avait plongé le camp irlandais dans l'embarras avant même le début du tournoi en critiquant ouvertement le sélectionneur. Il a été immédiatement renvoyé.



Première



La Coupe du monde 2002 a été par ailleurs marquée par les remarquables prestations d'Olivier Kahn, qui a été pour beaucoup dans le parcours de l'Allemagne. A tel point qu'il a été nommé meilleur joueur de cette édition, une première pour un gardien de but.



Or



Les sportifs se souviennent de la fameuse « mort subite » rebaptisée « but en or » qu'avaient instaurée l'IFAB et la FIFA pour encourager le jeu offensif. Lors de cette édition, ce fut la dernière application de cette mesure qui s'est avérée décisive et bénéfique au Sénégal et aux Coréens du Sud, face respectivement à la Suède et à l'Italie.



Idole



A la suite de l'impressionnant parcours réalisé au cours de cette édition, Guss Hiddink est devenu une idole pour les Coréens, sa notoriété dépassant celle de tous les politiques. Il a laissé des rues, des places, des stades à son nom et même des statues à son effigie. Le 14 juin jour de la qualification en huitièmes de finale a été baptisé par les supporters le « Hiddink Day ». Enfin, le Batave a été nommé citoyen d'honneur à vie. Une grande première.



Scandale



Cette édition a été caractérisée par le mauvais arbitrage, certains affirmant que des arbitres ont carrément favorisé des équipes. Les plus en vue dans ce déplorable exercice furent sans aucun doute le referee équatorien Byron Moreno et l'Egyptien Al-Ghandour très critiqués par les Italiens et les Irlandais. On les comprend.



Trois



Avant le coup d'envoi de cette édition, le patron de la barre technique du Brésil Scolari était très critiqué par les supporters qui lui reprochaient d'avoir ignoré Romario. Pour sa part, il était satisfait de ses trois « R » Ronaldo, Rivaldo et Ronaldinho. Les faits lui ont donné raison, avec la victoire en finale.



Simulation



Lors de la demi-finale Brésil - Turquie, l'attaquant brésilien Rivaldo, qui s'était jeté au sol, les mains sur le visage a écopé d'une amende par la Fifa, devenant ainsi le premier joueur a être puni pour simulation.



Exploit



Le latéral brésilien Cafu, en soulevant le trophée à titre de capitaine, est devenu le premier joueur à participer à trois finales de Coupe du monde en 8 ans. Un exploit que même les plus grandes légendes brésiliennes, y compris Pelé, n'avaient réussi à accomplir.



Chilavert



Le légendaire gardien paraguayen Jose Luis Chilavert était un dernier rempart hors du commun. Il s'est beaucoup plus distingué par ses buts inscrits sur des coup-francs directs que ses arrêts. Il est le premier gardien à avoir essayé de marquer sur coup-franc direct en Coupe du monde et face à la Slovénie en 2002, il est passé à deux doigts d'inscrire un but d'anthologie. Il avait tout de même marqué plus de 50 buts au cours de sa carrière. Rien que ça !