Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

La Belgique passe, le Japon méritait mieux

par Adjal Lahouari

Décidément, cette édition n'est pas avare en surprises, avec les sorties peu glorieuses de plusieurs favoris et outsiders. Lundi soir, les Belges, qui font partie des formations régulièrement bien classées dans la hiérarchie mondiale, ont bien failli passer à la trappe, n'était-ce leur sursaut d'une fin de match absolument étourdissante. Et pourtant, les parcours des deux équipes en phase de poules ont été différents, les Belges survolant leur groupe, tandis que les Japonais se sont qualifiés in extremis grâce au surprenant critère du fair-play aux dépens des Sénégalais. Donc, en principe, entre le troisième et le soixante et unième Fifa, il n'y avait pas photo. La réalité du terrain fut tout autre.

Si, en première mi-temps, les Nippons ont subi la domination tout en mettant à leur actif des contres dangereux, les coéquipiers du « Marseillais » Sakai ont trouvé la faille à deux reprises en quatre minutes. En l'occurrence, la lourde défense belge n'est pas exempte de reproches, loin de là, ainsi que son gardien Courtois, mal placé et peu sûr dans ses interventions. A ce moment-là, entre le dynamisme des Japonais et les hésitations des Belges, on pensait que les dés étaient jetés. C'était sans compter sur l'audacieux coup de poker du coach Martinez, la situation se renversant d'une façon incroyable. En effet, les deux remplaçants Fellaini et Chadli ne font pas partie du premier choix de l'entraîneur national, lequel a justement misé sur leur fougue et leur engagement pour redresser une situation fort compromise. Et ces changements se sont avérés payants puisque, après la réduction du score de Vertonghen, c'est Fellaini qui a remis les pendules à l'heure, imité par Chadli à la toute dernière minute. Le troisième but fut un modèle de contre rapide et efficace, à partir de la relance de Courtois sur De Bruyne, lequel a servi Meunier, ce dernier offrant un caviar à Chadli.

Certes, en considérant leur domination en première période, les Belges n'ont pas volé la qualification, mais on doit dire que les Japonais ont réellement frôlé de peu un exploit qui aurait enrichi l'histoire de la Coupe du monde. Après avoir caressé le rêve de la qualification, les Japonais sont tombés de haut face à un rival sans aucun doute plus expérimenté. Nous devons souligner que le football pratiqué par les Nippons laissera une flatteuse impression dans ce tournoi où la prudence et les attitudes frileuses de certaines équipes débouchent sur un sentiment d'inachevé.

Ceci dit, on mettra en évidence le contexte négatif à la veille de la Coupe du monde avec le limogeage de Halilhodzic dont les exigences techniques ont déplu aux cadres de l'équipe. Son successeur Akira Nishino n'a pas eu le temps de mettre en branle sa propre conception du football, plus « libérale » que celle du Franco-Bosniaque. Rappelons que ce dernier a fait défiler près de 70 joueurs pour tenter de trouver son onze-type. Bien que ne se trouvant pas en Russie, il a dû, tout de même, ressentir une satisfaction après ce match mémorable de ses anciens poulains.