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Au fil... des jours - Communication politique : nouvelles du front ! (Suite et fin)

par Belkacem Ahcene-Djaballah

Vendredi 22 juin 2018 :

La scabreuse affaire de l'introduction de 701 kg de cocaïne par le port d'Oran n'a pas livré tous ses secrets. Pour l'instant, le «café de commerce» s'intéresse bien plus à l'implication d'un certain nombre de «responsables» qu'à «K. El Bouchi», notre mini-Escobar. Assurément, les secteurs employeurs algériens s'en trouvent éclaboussés. Certes, on sait que la corruption est devenue, depuis quelques décennies, un sport national qui se pratique de manière massive et généralisée. Bien sûr, tous les «responsables» ne sont pas des «ripoux», fort heureusement d'ailleurs, mais est-ce un argument pour dire que lesdits secteurs sont vraiment au-dessus de tout soupçon ? Ce qui est sûr, c'est que les «responsables» concernés ont été (sont et seront, car il ne faut pas se faire d'illusions sur la nature de l'homme qui ne sait jamais tirer les leçons qu'il faut) soit de grands naïfs (oubliant que «El Bouchi» qui, dit-on, leur graissait les pattes, filmait toutes ses rencontres et ses échanges. Une pratique pourtant utilisée depuis la nuit des temps ailleurs, mais aussi en Algérie déjà, dit-on, dans les années 60 et 70, lorsque les «partouzes» de certains responsables étaient filmées devenant des instruments de «chantage». Le matériel est seulement devenu plus léger et indétectable... Mais bien plus précis.), soit vivant dans leur bulle. Ils n'ont pas vu venir la catastrophe. Il est vrai que les corrompus comme les corrupteurs, petits et grands, ont été (et sont) encouragés par le fait qu'il n'y eut presque jamais de continuité -dans le temps et dans les affaires, toutes les affaires- dans la lutte contre la corruption. Un jour, oui, un jour non ! Jamais du gros poisson et toujours du menu fretin. Donc aux coupables les «mains pleines» et aux innocents, le doute et scepticisme quant à la volonté étatique de sanctionner fermement. Pas étonnant que la corruption soit devenue en quelques décennies à peine le chemin le plus court de la réussite matérielle. Allez faire comprendre le contraire à un jeune de 20-30 ans ! Dans un pays où les moins de trente ans sont plus de 50%.

Samedi 23 juin 2018 :

A l'Ordre du mérite d'«Au fil des jours» : «Tu crois que je dois avoir peur de toi?». C'est l'écrivain italien Roberto Saviano, auteur du livre «Gomorra», qui dénonce la mafia napolitaine. Il tire à boulets rouges (vendredi 22 juin) sur le ministre italien de l'Intérieur, Matteo Salvini, le patron de la Ligue (extrême droite) qui a indiqué (jeudi 21 sur une radio) qu'il serait utile d'évaluer si Roberto Saviano a encore besoin de sa protection policière. Celle-ci a été accordée en 2006 après la sortie de «Gomorra» et les menaces de mort d'un clan de la Camorra, la mafia napolitaine.

Roberto Saviano, très critique de la Ligue et de sa politique anti-immigration, a d'abord répliqué dans une vidéo postée sur facebook. «Bouffon», lance-t-il dans cette vidéo, reprise et traduite sur Twitter. «Salvini a pour ennemi les immigrés, (...) les Roms», ajoute-t-il, se disant «heureux d'être parmi ses ennemis».

«Tu crois que je dois avoir peur de toi?». Il accuse même Salvini d'être aux mains de la mafia calabraise.

L'écrivain poursuit ses critiques dans la presse italienne. Vendredi, dans un entretien avec le «Corriere della sera», il dénonce le climat «fétide» dans lequel les intellectuels vivent désormais en Italie.

«Et si moi et les immigrés pour Matteo Salvini sommes des objectifs vers lequels canaliser les pires pulsions, celui qui se croit à l'abri se trompe. Hier les immigrés, aujourd'hui moi, demain ce sera vous», assure-t-il dans cet entretien.

Dimanche 24 juin 2018 :

Sacrée Mélanie Trump. Mélanie ? Un prénom qui vient du grec, et qui, au féminin, signifie : sombre. L'ex-mannequin d'origine slovène, est-elle en train de passer du côté obscur de la force ? Comme Cécila Sarkozy...Comme Valérie (la compagne de Hollande)...juste quelques mois après l'accession des conjoints à la présidence de leur pays. Divorce en vue ? Car, ça commence toujours par se faire la gueule...en public.

Ainsi, Mélanie a endossé une veste couleur kaki. Elle est allée au Texas pour rendre visite aux enfants de migrants que son époux allait séparer de leurs parents en voie d'expulsion. Sur le dos de la veste, une inscription : «I really don?t care? Do U ?» (Je m'en fiche complètement, pas vous ?). Un peu comme Cecilia Sarkozy qui avait alors complètement oublié qu'il fallait aller fêter la victoire de son mari à la Concorde?mari devenu président de la République.

Message subliminal adressée au mari... d'une femme qui a enfin décidé de s'assumer en sortant de l'image de «belle idiote» fabriquée par les médias...et par son époux déjà avant qu'il ne devienne président?

Message subliminal de l'immigrée qu'elle fut, à l'opinion publique conservatrice US en allant sur le terrain défendre les enfants «emprisonnés» sur ordre de...son macho-facho de mari ?

Ou alors, tout simplement, une autre manière «diabolique» trumpienne (donner le change pour rattraper des «bourdes») de communiquer politiquement, par le biais du social, des enfants et des femmes en difficulttés? Un axe stratégique assez payant des «spin doctors» de la Maison-Blanche. Mélanie bien plus sympathique et voilà toute la smala qui récolte les retombées...

Ce qui est sûr, c'est que, aujourd'hui, les femmes de président ne veulent plus être des potiches. Au minimum, elles sont présentes lors des grandes cérémonies et agissent en coulisses. Certains chefs d'Etat ont, assez vite et depuis longtemps, compris le danger (?)... en ne se mariant pas, tout en prenant le risque -parfois dévastateur- du «qu'en dira-t-on».

Mercredi 27 juin 2018 :

Voilà une sortie médiatique, celle du général Hamel à Oran (mardi), qui est mal passée plus haut. Le limogeage est tombé tel un couperet vers 18h. Quelques heures seulement après ses déclarations, la Présidence avait en effet mis fin aux fonctions du patron de la DGSN et le remplace par le DG de la Protection civile, le colonel Mustapha El Habiri.

Incroyable mais vrai. Hamel a toujours été présenté comme un proche du clan présidentiel et son nom avait même été cité comme un successeur potentiel de Bouteflika. Son éviction du sérail était jusque-là inimaginable par les observateurs et les analystes les plus avertis, surtout suite à son maintien après les manifestations et les grèves des agents de l'ordre en 2014. Son limogeage, une énigme ? Pas si sûr. Pour ma part, il ne faut pas couper les cheveux en quatre. Ce ne sont là que les retombées d'une mauvaise communication sur un gros problème ayant éclabousé les institutions de l'Etat...sur fond de préparation de la prochaine campagne présidentielle (2019) qui ne doit souffrir, dès maintenant, aucune fausse note... même des plus proches ou des plus «chouchoutés».

L'affaire de la saisie de 701 kg de cocaïne au port d'Oran : Après le Premier ministre Ahmed Ouyahia (réagissant en tant que chef politique, Sg du RND) et le ministre de la Justice, Tayeb Louh (en charge du dossier) le directeur général de la Sûreté nationale, Abdelghani Hamel, était le troisième haut responsable de l'Etat à s'exprimer ouvertement afin de donner son point de vue en tant que chef de la Police sur ce dossier. Le fallait-il à un stade de l'enquête nécessitant une réserve quasi-totale en tant que boss de la Police. D'autant qu'un chauffeur de ses services (son chauffeur personnel ?) avait été cité comme proche de K. El Bouchi. De plus, on l'a dit et écrit mille et une fois, il faut toujours faire attention aux «points de presse» improvisés toujours truffés de questions-piège avec réponses rarement très réfléchies et trop spontanées... dégoulinant de «vérités» ou de «messages». Car, dans ses réponses, à la fin, il est monté d'un cran, quand il a commencé à dénoncer certains dépassements lors de l'enquête préliminaire, précisant que les choses ont été très vite rattrapées par les magistrats.

De plus, il a ajouté une phrase lourde, très lourde, trop lourde de sens. «Celui qui veut combattre la corruption doit être propre». De qui parlait le chef de la DGSN ? Qui visait-il ? Une déclaration qui a été reprise et «tricotée» par les médias et les réseaux sociaux, alors que l'agence officielle APS a totalement ignoré les propos du patron de la police. En com institutionnelle, il y a toujours quelque part une phrase qui vous tue ou qui vous «suicide».

Jeudi 28 juin 2018 :

L'Algérie a vu jusqu'ici plus de 500.000 migrants arriver et s'éparpiller à travers la plupart des villes du pays. Plus de 20 millions d'euros ont été déjà été dépensés par l'Algérie pour l'acheminement des Subsahariens vers leur pays d'origine... avec, toujours, l'accord des Autorités d'origine (maliennes ou nigériennes surtout). Tous les moyens matériels ont été mis en place pour que que les choses se passent bien, malgré les difficultés inhérentes à une telle opération. Ceci a été objectivement reconnu... sauf par certains «rapatriés» eux-mêmes assez dépités que leur aventure se termine de cette manière, eux qui espéraient tant on ne sait que Eldorado... en Algérie ou en Europe. D'autant que que chacun a dépensé au moins 2000 euros auprès des «passeurs» pour parvenir jusqu'au territoire algérien. Bien sûr, ce ne sont pas les «bavures» qui ont manqué, mais on est bien loin, très loin de ce qu'a décrit récemment un «reportage» écrit et une vidéo («Marche ou meurs») de l'agence de presse américaine «Associated Press». Des Subsahariens affirment avoir été abandonnés dans le désert sans eau ni nourriture. Parmi eux des femmes et des enfants. Un reportage repris un peu partout dans le monde...par des journaux israéliens et américains, et par «El Djazira» (version anglaise)... Etonnant travail «journalistique» : juste après le scandale commis par Trump qui a séparé 2.000 enfants mexicains de leurs parents et enfermé dans des camps... Juste après le séjour en Algérie du responsable du HCR qui avait déclaré n'avoir remarqué aucune anomalie...Juste après le «forcing» européen pour que s'ouvrent en Algérie des camps de transit et de sélection, en fait de «rétention» de migrants, et le net refus officiel de l'Algérie. De la part d'AP (une vieille coopérative de grands journaux et groupes de presse américains), cela n'étonne guère, car elle a toujours été le média classique chargé par les «lobbies» de distiller les «fake news» d'antan. Je m'en souviens bien, ayant été DG de L'APS, donc connaissant (assez) bien les «réseaux» et les manières de «faire» l'info de l'époque. A noter que le bureau régional pour l'Afrique du Nord se trouve...à Rabat...depuis bien longtemps. C'est tout dire !

Vendredi 29 juin 2018 :

Décidémment, les comportements conservateurs de certains de nos responsables (ceux des simples citoyens étant à la limite pardonnables vu le niveau de conscientisation), comme notre fameux président D'APC qui avait «interdit» le port du short aux citoyens et touristes sans préciser que les lieux concernés étaient les seuls locaux administratifs internes (quid d'un touriste venu en urgence demander un «papier»)...ne sont pas originaux, l'islamo-radicalisme étant le chose la plus partagée dans le monde dit «arabo-musulman». Ainsi, les autorités saoudiennes -pratiquant le «chaud et le froid» et ne désarmant pas face aux initiatives sultanesques, celle du prince héritier Mohammed ben Salmane- ont annoncé avoir ouvert une enquête pour ?tenue indécente? après qu'une journaliste saoudienne vêtue d'une abaya décolletée, a commenté la levée de l'interdiction pour les Saoudiennes de conduire depuis une chaîne de télévision à Dubaï.

Shireen al-Rifaie, une journaliste saoudienne travaillant pour la chaîne de télévision de Dubaï «Al Aan TV», a effectué un reportage dans une rue de Ryad où passaient des voitures vêtue d'un pantalon blanc et d'une abaya blanche, une longue robe ample, largement ouverte et laissant apparaître son décolleté... bien modeste au demeurant. Elle portait également un foulard laissant apparaître ses cheveux. Des images qui ont déclenché un torrent de protestations de conservateurs utilisant le mot-dièse «femme nue conduisant à Ryad» sur les réseaux sociaux. A la suite de l'émotion soulevée dans le royaume, le ministère saoudien des Médias a annoncé que l'Autorité générale pour les médias audiovisuels enquêtait sur la journaliste, accusée d'avoir «violé les règles et consignes» en portant une «tenue indécente» lors du tournage de son reportage. Shireen al-Rifaie a rejeté cette accusation, affirmant au site internet Ajel qu'elle portait des «vêtements décents». Selon ce site, la journaliste a quitté le pays dès le début de la polémique. L'interdiction faite aux femmes de conduire, en vigueur depuis des décennies en Arabie saoudite, a été levée dimanche. Pour autant, de lourdes discriminations persistent et les autorités ont récemment arrêté plus d'une dizaine de militants des droits des femmes, les accusant de trahison et de saper la stabilité du royaume. Fin mai, une princesse saoudienne avait elle aussi déclenché une polémique en posant pour la couverture du magazine Vogue Arabia au volant d'une décapotable rouge en talons aiguilles et vêtue d'une longue tenue blanche et d'un voile laissant apparaître une partie de sa chevelure.

Samedi 30 juin 2018 :

Deux observations concernant le journalisme :

1 / La presse papier n'est pas en phase terminale comme peuvent le laisser croire des analyses hâtives, à l'image de ce qui se disait, dans le temps, avec l'apparition de la radio puis de la télévision (pour la presse et pour le cinéma). Dans les pays occidentaux ou même chez nous. Bien sûr, tout développement a ses temps de croissance et de décroissance, ses moments d'embellie et de crise... la consommation des médias étant très liée au niveau d'instruction et de culture des citoyens, au dynamisme de la vie quotidienne de la société (en politique, en économie et commerce, en sports, en culture...), à la manière de consommer, au niveau de vie, aux loisirs... Enormément de facteurs...et les «clics» numériques ne signifient en fait qu'une curiosité exacerbée (parfois malsaine quand on voit les contenus diffusés), une envie de «savoir» vite mais non un besoin réel et approfondi d'information...d'autant que les lacunes de la communication institutionnelle sont nombreuses. Ajoutez-y les dérives du «pouvoir», qui paraissent (elles le sont en fait) nombreuses parce que trop cachées ou esquivées. A chaque jour suffit sa peine...Donc, laisser le temps au temps... sans chanter victoire trop tôt !

2/ Il n'est pas certain qu'il ne soit pas sûr que ce que nous écrivons, en tant que chroniqueurs ou journalistes-reporters ou...n'ait aucun effet sur les lecteurs et n'apporte aucun changement. De toute façon, le journalisme n'a pas été «inventé» pour résoudre les problèmes mais n'a existé et ne doit exister que pour «rapporter» les (mé-)faits et les idées des uns et des autres le plus rapidement, le plus exactement et le plus clairement possible (tout en avertissant sur l'orientation idéologique ou/et politique du support). L'essentiel et le plus important est, donc, de «dire»... Pour le reste, l'histoire tranchera. La grande satisfaction. Car, au minimum, elle sera écrite en rapportant, dans une année, dans dix années, dans vingt ou cent, c'est presque sûr, tout ou partie de l'article, de la chronique...Donc, surtout ne pas se décourager et ne pas croire que l'on «pisse dans du sable».