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Au fil... des jours - Communication politique : nouvelles du front ! (1ère partie)

par Belkacem Ahcene-Djaballah

Dimanche 3 juin 2018 :

A la suite de la diffusion à Bruxelles d'une vidéo jugée attentatoire aux symboles de l'Etat algérien, l'ambassadeur de l'Union européenne à Alger, John O'Rourk, est convoqué au ministère des Affaires étrangères (MAE) par le Secrétaire général, Noureddine Ayadi. C'est ce que révèle un communiqué du MAE.

Le document précise que «le haut responsable algérien a, à cette occasion, relevé avec indignation et réprobation que l'enregistrement par la dénommée Mme Lefèvre, née Haddad, ressortissante belge d'origine algérienne (ndlr : ancienne correspondante de l'Entv à Bruxelles), a été réalisé dans des installations officielles du Parlement européen, utilisant ainsi et détournant abusivement des symboles de l'Union européenne pour porter gravement atteinte à l'honneur et à la dignité des institutions de la République algérienne»... en l'occurrence le chef de l'Etat à travers une critique virulente.

Il poursuit qu'Ayadi «a, en conséquence, exprimé le vœu que l'Union européenne se démarque publiquement de cette manœuvre et demandé que des actions concrètes soient prises contre les agissements irresponsables de la contrevenante».

Enfin, le communiqué rappelle que «l'ambassadeur d'Algérie à Bruxelles a déjà eu à effectuer, sur instruction du ministère des Affaires étrangères, des démarches urgentes auprès des institutions compétentes de l'Union européenne».

Il est évident que la dame Haddda a un gros compte à régler avec l'Algérie et surtout avec l'Entv dont, peut-être, elle n'a pas apprécié sa mise à l'écart. Certes, la critique politique a toujours des raisons, mais celle politicienne, qui «enfonce les portes ouvertes» et qui exploite surtout les réseaux sociaux et les médias d'opposition extrêmistes, n'en a que peu ou pas du tout.

Algérie UE Vidéo

Lundi 4 juin 2018 :

Le PDG de Sonatrach, Abdelmoumen Ould Kaddour, revient sur son emprisonnement à la prison militaire de Blida suite à une condamnation prononcée le 26/11/2007. A l'époque, pour des faits d'«espionnage», des faits qui ont été, dit-il, niés et désavoués plus tard par le tribunal militaire de Blida. Il avait alors écopé d'une peine de 30 mois de prison ferme.

«On m'a sorti de prison comme on m'a fait entrer, sans aucun papier, sans aucun dossier», lâche-t-il lors d'une déclaration faite dans les colonnes du «Quotidien d'Oran» paru hier . «J'ai passé deux ans de prison à Blida, chez les militaires. J'ai été condamné officiellement à 30 mois de prison ferme, mais avant de les terminer on est venu me dire tu sors. J'ai refusé. J'ai demandé pourquoi vous m'avez mis en prison et pourquoi vous voulez que je sorte aujourd'hui ?», a raconté encore l'homme qui est revenu, par la grande porte, pour reprendre les commandes de Sonatrach en mars 2017.

S'agissant des accusations d'espionnage (victime d'un procès monté de toutes pièces ?), le PDG de Sonatrach a révélé que lorsqu'il dirigeait BRC, il avait suscité énormément de jalousies et d'animosité en raison du nombre de projets importants accomplis en quelques années en Algérie.

«Qui dit gros projets, dit grosses sommes d'argent. On nous en voulait (?)». Le comble, pour lui, il a «été jugé pour espionnage alors que BRC avait construit le siège de l'état-major de l'armée ! N'est-ce pas contradictoire ? », s'interroge-t-il.

L'actuel PDG de Sonatrach fut le manager de Brown Root & Condor (BRC), une grosse entreprise spécialisée dans l'ingénierie, la construction et l'assemblage et dont le capital était détenu à 40% par Sonatrach. 11% des actions étaient détenues par le Centre de recherche nucléaire de Draria (CRND) et...49% par Halliburton, à travers sa filiale britannique KBR. Elle a été créée en 1994 et avait conçu et géré de nombreux projets stratégiques en Algérie.

Entre 2001-2005, 41 marchés ont été signés pour un montant total de plus de 204 milliards de dinars, soit l'équivalent de 2,6 milliards d'euros. Mais BRC avait pratiquement le privilège des marchés du ministère de la Défense avec 14 marchés pour un montant total de plus de 131 milliards de dinars, soit l'équivalent de 1,8 milliard d'euros. Elle avait 27 marchés avec Sonatrach pour plus de 73,5 milliards de dinars, à savoir l'équivalent de 750 millions d'euros.

Le 20 septembre 2007, BRC a été dissoute, son Pdg est passé par la case prison, puis a été «blanchi»...Mais l'affaire laisse derrière elle bien des secrets inavoués...et des centaines d'ingénieurs...sur le carreau du chômage... forcés, peut-être, d'aller voir ailleurs (à l'étranger) si l'herbe n'était pas plus dorée ou moins polluée et risquée.

Jeudi 7 juin 2018 :

Pourquoi Bill Clinton écrit-il un roman ? Pourquoi Barack Obama vient-il de signer avec Netflix ? Pourquoi François Hollande a-t-il écrit un livre ? Pour Philippe Labro, un très grand journaliste français, les anciens présidents s'attachent à perdurer. «Ils veulent être après ne plus avoir été», note-t-il. Toutefois, leurs objectifs diffèrent considérablement. Concernant Bill Clinton, l'écrivain avance l'intérêt prononcé de l'ancien chef d'État américain pour l'argent. Pour Barack Obama, il s'agirait, au travers des productions audiovisuelles diverses et variées, d'exposer sa vision du monde au grand public. Pour le journaliste, une seule chose est certaine concernant ces deux hommes : ils ne cultivent pas d'intérêts politiques. Aux États-Unis, «on ne revient pas au pouvoir», estime-t-il.

Pour François Hollande, le constat de Philippe Labro est tout autre. L'ex-chef d'État français nourrirait un enjeu électoral. Son livre intitulé «Les leçons du pouvoir» constitue un véritable succès en librairie. Sèchement «éjecté» du pouvoir en 2017, il attire désormais l'attention de milliers de gens. «Il fabrique une sorte de mouvement de sympathie, d'intérêt et de curiosité alors qu'il y a tout juste un an François Hollande ne suscitait qu'antipathie, désintérêt, indifférence et non-curiosité», reconnaît Philippe Labro. «Sa tournée de signatures est en réalité une tournée électorale», conclut-il.

Peu de dirigeants arabes -en retraite- ont écrit leurs mémoires et encore moins des romans. En Algérie, on a eu Ferhat Abbas et Chadli Bendjedid...et d'une certaine manière Ali Kafi (qui ne s'était pas aventuré sur le terrain de son exercice du pouvoir suprême, qui n'a d'ailleurs pas trop duré). Il est vrai que comme les Américains, ils savaient qu?on revient rarement au pouvoir. Mohamed Boudiaf n'a pas eu le temps, hélas, d'en parler et Zeroual est connu pour sa discrétion, sa modestie et sa retenue.

Vendredi 8 juin 2018 :

Le magazine économique américain Forbes a consacré un article aux succès réalisés par cinq grands patrons de l'industrie algérienne qui ont réussi à «bâtir des empires de plusieurs millions de dollars» grâce à des investissements diversifiés dans l'agriculture, la construction, l'énergie et la distribution.

Dans ce top cinq figure un seul milliardaire (en dollars, il faut le préciser), le patron de Cevital Issad Rebrab, et des multimillionnaires peu connus en Afrique, selon Forbes. Des millionnaires qui «réussissent très bien» dans le domaine entrepreneurial. Cette liste d'entrepreneurs comprend le fondateur du groupe Biopharm, Abdelmadjid Kerrar (Chiffre d'affaires du groupe pharmaceutique dépassant les 500 millions de dollars en 2017, selon Forbes).

Il y a également le patron de L'ETRHB, Ali Haddad, entreprise spécialisée dans les travaux routiers, l'hydraulique et la construction avec un chiffre d'affaires annuel de 400 millions de dollars.

Le troisième multimillionnaire est le dirigeant du groupe agro-industriel Benamor, Mohamed Laid Benamor.

L'autre multimillionnaire est le patron de Condor, Abderrahmane Benhamadi. Selon Forbes, le chiffre d'affaires de ce géant de la fabrication industrielle en Algérie a dépassé les 700 millions de dollars en 2017.

Dans ce top cinq, on trouve également le magnat de l'immobilier, Abdelhamid Mehri, qui gère actuellement un conglomérat diversifié opérant dans le commerce, l'immobilier, le tourisme, l'hôtellerie, l'agriculture et l'industrie.

Note : j'ai ouï dire qu'il y avait, en Algérie, une quinzaine de jets privés... Quand on sait le prix d'un tel avion et les coûts liés à son entretien, on pense qu'il y a bien plus de millionnaires (en euros ou en dollars) qu'on ne le croit. Ne sont connus que ceux qui se laissent emporter par la griserie de la richesse et de l'abondance financière (avec tous les risques que ce comportement induit)... et d'un certain «partage» du pouvoir politique qui les «dévoile». Encore un grand mystère de la nouvelle économie algérienne !

Samedi 9 juin 2018 :

L'Algérie obtient en 2017 un score de 79 sur cent (contre 90 sur cent en 2016) dans l'indice «Law and Order» (Loi et Ordre) de l'Institut Gallup qui mesure le sentiment de sécurité dans 142 pays dans le monde. Selon le rapport 2018 sur la loi et l'ordre dans le monde (2018 Global Law and Order), publié jeudi 7 à Washington.

Ce classement a été établi à partir d'entrevues téléphoniques et d'entretiens en face-à-face réalisés dans 142 pays avec 148.000 personnes

Le sondage s'est basé sur quatre questions pour évaluer notamment la confiance des personnes en les forces de police et le degré de sécurité de nuit assuré dans leurs cités et quartiers.

Cette année, le Singapour a conservé la première place dans ce palmarès comme le pays le plus sûr au monde avec un score de 97 sur cent (c'est peut-être pour cela que ce pays a été choisi pour la rencontre USA-Corée du Nord), suivi de la Norvège, de l'Islande et de la Finlande avec un score de 93 sur cent chacun. Les Etats-Unis et la France viennent loin derrière avec un score de 84 sur cent chacun. Pour la deuxième année consécutive, le Venezuela a enregistré le pire des scores avec un indice de 44 sur cent, ce qui reflète, selon Gallup, la persistance de la crise dans ce pays.

Le score indiciel mondial en 2017 a été de 81 sur cent, précise Gallup qui relève que 86 pays dans cette nouvelle édition du rapport ont affiché des résultats inférieurs à cette moyenne. Globalement 69% des personnes interviewées à travers le monde disent avoir confiance en leur police et 68% et se sentent en sécurité lorsqu'ils se promènent seuls la nuit. Toujours selon l'enquête, 13% des personnes interrogées affirment avoir été victimes d'un vol et 5% avoir fait l'objet d'une agression. Par région, à l'instar des années précédentes, les pays d'Amérique latine et les Caraïbes ont continué de cumuler les plus mauvais scores (62 sur cent) en 2017 contre 64 sur cent en 2016. Les personnes interrogées sont moins susceptibles de se sentir en sécurité.

En revanche, les résidents des Etats-Unis, du Canada, de l'Asie du Sud-Est, de l'Asie de l'Est et de l'Europe occidentale sont les plus susceptibles de se sentir en sécurité. Ces pays affichent des scores indiciels de 85 sur cent et plus.

Dimanche 10 juin 2018 :

Réagissant à la vague de critiques émanant de certains partis et organisations nationales comme L'ONM (qui n'en ratent pas une, exhumant les «tabous» les plus éculés !), au sujet de la dernière déclaration d'Ahmed Ouyahia sur les pieds-noirs (il invitait les opérateurs économiqques à se rapprocher de la communauté des pieds-noirs pour l'ouverture de nouveaux marchés), le porte-parole du RND, Seddik Chihab, les qualifient de «révolution dans un verre d'eau», tout en disant ne pas comprendre cet «alarmisme» des détracteurs et cette «mauvaise interprétation» des propos d'Ahmed Ouyahia. Ce dernier s'était, faut-il le rappeler, exprimé à cette occasion en tant que Premier ministre. Une explication qui a l'avantage de clarifier le débat sur cette question qui fait polémique (?), dans un sens où l'opinion sait maintenant que le Premier ministre maintient son idée et que des démarches seront entreprises pour la concrétiser.

Selon l'explication du porte-parole du RND, «tous les pays de par le monde cherchent à constituer des lobbies ou des groupes de pression, alors que nous, nous avons des lobbies naturels mais nous ne savons pas en tirer profit». Et de poursuivre : «Nous avons un réseau de relations avec des Français nés en Algérie et y ont vécu une partie de leur vie. Nombre d'entre-eux ont encore de la nostalgie pour l'Algérie. Pourquoi ne pas profiter de leur influence pour booster l'économie algérienne et renforcer sa position dans les marchés internationaux».

En réponse à ceux qui rappellent le passé peu glorieux des pieds-noirs, dans les exactions et crimes commis contre les Algériens durant la période coloniale, le bras droit d'Ahmed Ouyahia précise que ceux dont l'implication dans des crimes ou ayant un litige mémoriel avec l'Algérie «ne sont pas concernés» par les propos de Ouyahia. Mais, il n'est de pire sourd que celui qui ne veut rien entendre... A mon sens, c'est là un bien mauvais procès fait à Ahmed Ouyahia qui, pourtant, a été trop franc (et peut-être pas assez clair) dans ses propos aux «visées purement économiques». D'autant qu'actuellement les grandes manœuvres en vue de la prochaine élection présidentielle ont commencé... et d'autant qu'en Algérie on s'est habitué au mélange des genres, la politique étant mise à toutes les sauces, avec l'hypocrisie comme épice.

Lundi 11 juin 2018 :

Extraits d'une lettre ouverte de Lazhari Labter, journaliste, écrivain et poète, en réponse à celles (et ceux) qui ont soutenu l'agresseur de la jeune Ryma, agressée parce qu'elle faisait un jogging en plein ramadan puis s'en sont pris aux femmes qui avaient décidé de courir samedi en signe de solidarité :

«Je ne vous ferai pas l'honneur, Madame, de traduire votre «vomi» publié dans un journal jaune que je ne citerai pas», sous le titre «Des femmes activistes sortent dans la rue avec des slogans pour la ?'liberté de la femme? -Le débat de la ?cuisine? se déplace de facebook à la rue», mais je résume vos propos pour les lecteurs qui ne possèdent pas l'arabe.

Cette sous-traitante de l'intégrisme, misogyne et en manque, a réduit, dans son articulet, la magnifique réaction de centaines de femmes (et accessoirement d'hommes), à une initiative de femmes d'une association «soutenue par des individus en France et aux États-Unis et aussi par le Mouvement Barakat» qui veulent faire ce qu'elles ont envie de faire et non ce que les hommes leur imposent ! Et à un débat sur la cuisine et les cuisinières !

Des individus ? Lesquels ? Dites-le nous, Madame, si vous êtes une vraie femme comme celles qui ont couru !

La France et les États-Unis seulement ? Et Israël, Madame, vous l'avez oublié ? Ou, c'est tellement gros que vous aviez peur que ça ne passe pas ?

Barakat ? Le mouvement Barakat qui a marqué l'histoire de ce pays n'existe plus depuis 4 ans...

Un dernier mot Madame Amel Aïssaoui : je vous conseille de combler vos manques et vos frustrations et il y a des moyens pour ça au lieu de vous en prendre à celles et ceux qui vous dépassent. Inatteignables car trop grands pour vous, trop hauts, très loins.

Un conseil : Allez jouer ailleurs !»

Mardi 12 juin 2018 :

La phrase du mois : Kamal Bouchama, ancien membre du comité central du FLN, ancien ministre de la Jeunesse et des Sports (1984-1988), ancien ambassadeur d'Algérie en Syrie au début des années 2000, écrivain, jette un pavé dans la mare lors de son passage sur le plateau de l'«Emission Impossible» d'Abdou Semmar, diffusée sur «Beur TV».

Pour lui, la corruption a pris aujourd'hui une dimension dramatique en Algérie. «À notre époque, nous volions à la cuillère, aujourd'hui on vole au Poclain !», confie-t-il ainsi sans aucune langue de bois, reconnaissant ainsi que le fléau de la corruption a toujours été bien enraciné en Algérie. Ceci dit, par rapport aux années 70 et 80, la corruption a dépassé les seuils les plus inimaginables, a-t-il dénoncé ouvertement en revenant en détail sur les exécutions ordonnées par le défunt président Houari Boumédiène à l'encontre des personnes interpellées pour corruption. Comparaison (avec le traitement des grands délits actuels) est-elle raison ?

Mercredi 13 juin 2018 :

Pour se souvenir (au Maroc) des «amis» qui leur veulent du bien :

Coupe du monde de football 2026. Liste des 65 fédérations ayant voté pour le Maroc:

Albanie, Algérie, Angola, Belarus, Belgique, Brésil, Brunei, Burkina, Burundi, Cameroun, République centrafricaine, Tchad, Chine, Taïwan, Comores, Congo, République démocratique du Congo, Côte d'Ivoire, Djibouti, Egypte, Guinée équatoriale, Erythrée, Estonie, Ethiopie, France, Gabon, Gambie, Guinée Bissau, Italie, Kazakhstan, Kenya, Corée du Nord, Libye, Luxembourg, Macau, Madagascar, Malawi, Mali, Mauritanie, Maurice, Pays-Bas, Niger, Nigéria, Oman, Palestine, Qatar, Rwanda, Sao Tome & Principe, Sénégal, Serbie, Seychelles, Slovaquie, Somalie, Sud-Soudan, Soudan, Swaziland, Syrie, Tadjikistan, Tanzanie, Togo, Tunisie, Turquie, Ouganda, Yemen, Zambie.Total de 65 voix

Les pays «frères» qui ont voté pour le dossier nord-américain (USA, Canada, Mexique) qui a obtenu 134 voix: Arabie saoudite, Bahrein, Emirats arabes unis, Koweït, Jordanie.

Les votes qui méritent réflexion (selon la presse marocaine) : Yémen (pour le Maroc), Cuba (abstention), Iran (non aux deux candidatures), l'Irak (United 2026).

La majorité des fédérations européennes ont voté pour la candidature nord-américaine.

Jeudi 14 juin 2018 :

Il faut le reconnaître, l'accord signé entre Donald Trump et Kim Jung-un est à mettre au crédit de l'action de Donald Trump. Malgré les critiques relatives à la forme, à la méthode, ou aux objectifs réels du président américain, les conséquences de ses actions, concernant la diplomatie ou encore l'économie américaine, Donald Trump serait-il une sorte de «génie malgré lui» ? On commence à s'interroger.

Beaucoup ont remis en question l'intelligence du président, reprenant à leur compte un vieux débat qui a été soulevé pendant la campagne et qui a rebondi plusieurs fois depuis son élection. Un journaliste déclarait notamment qu'il est «intellectuellement disqualifié pour le poste de président» et argumentait en expliquant qu'il ne lit pas, n'écoute pas les autres et n'a aucune curiosité intellectuelle. Donald Trump a alors répliqué en affirmant qu'il est au contraire un génie et que son intelligence a toujours était très stable : c'est donc un «génie stable», a-t-il lui-même conclu à son propre sujet.

C'est vrai aussi qu'il jouit d'une réussite extraordinaire dans des domaines où on ne l'attendait pas : très peu pariaient sur sa capacité de réussir une réforme fiscale aussi audacieuse qu'ambitieuse, de dominer le parti républicain comme il le fait actuellement, d'accompagner l'embellissement de l'économie avec d'aussi bons résultats ou de réussir cette négociation avec Kim Jong-Un.

Génie, opportuniste, chanceux, quel est le qualificatif qui convient le mieux au 45e président des Etats-Unis. Ce qui est certain c'est que ce n'est pas un homme politique et qu'il ne pratique pas le «politiquement correct». Il ne tente jamais de séduire le camp d'en face et de travailler sa cote de popularité, même s'il est le premier à tweeter les bons résultats dès qu'elle remonte : il avait d'ailleurs prévenu dès le jour de son investiture et, au lieu de tendre la main vers le camp d'en face, comme cela se fait traditionnellement, il avait déclaré laconiquement qu'ils «le rejoindront quand ils auront compris».

Selon un analyste, sa forme de génie, «si on doit en voir une, est peut-être dans sa capacité à se détacher du comportement classique des politiciens et d'être resté lui-même, avec ses qualités et ses défauts, ceux-là mêmes qui l'ont fait aimer ou détester»

Il fait penser à Reagan, qui a mis fin à la Guerre froide en négociant avec Gorbatchev de main de maître mais que tous avaient présenté, lors de son élection, comme paresseux, pas très intelligent, manichéen, étroitement anticommuniste. Pour bien des analystes, Trump «est en tout cas un grand animal politique. Il fait penser à Bismarck, par bien des côtés: il annonce ce qu'il fera; personne ne le croit ; il le fait. Et, comme Bismarck, une partie de sa force vient de ce qu'il ne respecte pas les règles du jeu ancien; il amène les autres à jouer selon de nouvelles règles, qu'il a formulées. A vrai dire, ce sont moins des règles arbitraires que la redécouverte de la politique; alors que les libéraux ont tendance à écarter la politique au profit de la technocratie».

Lundi 18 juin 2018 :

Tollé sioniste. En raison d'un communiqué du palais de Kensington, dont les termes soulignent sans aucune ambiguïté que la ville d'Al-Qods demeure un territoire sous occupation israélienne : le prince William, accompagné de son épouse Kate Middleton, duchesse de Cambridge (des jeunes gens qui font de la politique «autrement», essayant de réparer les erreurs commises par leurs aînés), sont attendus à partir du 27 juin dans les territoires palestiniens occupés, où il devraient se rendre à Ramallah pour rencontrer le président palestinien Mahmoud Abbas, avant d'assister lors d'un passage à Al-Qods (Jérusalem) à un bref exposé sur la vieille ville.

Au-delà des préparatifs de la tournée du prince William dans la région du Proche-Orient, c'est cette mise au point du palais de Kesington au sujet du statut actuel de la ville d'Al-Quds qui provoque le tollé. Car, la position officielle d'un membre clef de la famille royale britannique est proche de celle du gouvernement britannique qui continue de soutenir l'idée d'une solution à deux Etats.

Londres avait d'ailleurs vite exprimé son désaccord avec la décision controversée du président américain Donald Trump de proclamer unilatéralement la ville d'Al-Qods comme capitale d'Israël, en écartant toute initiative britannique de transférer son ambassade de Tel-Aviv vers Jérusalem.

Bien sûr, le ministre israélien des «Affaires de Jérusalem», Ze'ev Elki, a critiqué le programme de la visite prévue du prince William en Palestine et en Israël. Le ministre israélien a déclaré «qu'il est regrettable que le Royaume-Uni ait cherché à politiser la visite officielle (du prince William)».

Mercredi 20 juin 2018 :

Depuis l'arrivée début 2017 du républicain Donald Trump à la Maison-Blanche, les États-Unis se sont retirés de l'Unesco, ont coupé plusieurs financements à des organes de l'ONU et ont annoncé notamment leur retrait de l'accord de Paris sur le climat et de l'accord nucléaire avec l'Iran endossé par les Nations unies.Coup de tonnerre de la diplomatie américaine ! Encore une autre menace mise en exécution. Les États-Unis se retirent (mardi 19) du Conseil des droits de l'homme des Nations unies. L'ambassadrice américaine auprès de l'organisation, Nikki Haley, qualifie cette institution de «cloaque de partis pris politiques». «Nous prenons cette mesure parce que notre engagement ne nous permet pas de continuer à faire partie d'une organisation hypocrite servant ses propres intérêts, qui fait des droits de l'homme un sujet de moquerie», a poursuivi Mme Haley.

Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, «aurait préféré que les États-Unis restent au Conseil des droits de l'homme», a aussitôt réagi son porte-parole. Ce dernier «joue un rôle très important dans la promotion et la protection des droits de l'homme dans le monde», a ajouté Stéphane Dujarric dans un communiqué. L'ONG Human Rights Watch a également déploré cette décision qui «va mettre le pays en marge des initiatives mondiales cruciales pour défendre les droits de l'homme».

Cette annonce intervient au lendemain des vives critiques du Haut-Commissaire de l'ONU aux droits de l'homme ,Zeid Ra'ad Al Hussein ,contre la politique «inadmissible et cruelle» des autorités américaines de séparation d'enfants de leurs parents sans-papiers à la frontière mexicaine. Mais Nikki Haley et Mike Pompeo ont assuré que la décision était liée à l'échec des tentatives de réforme du CDH. «Malheureusement, il est maintenant clair que notre appel à la réforme n'a pas été entendu», a dit Mme Haley.

Le CDH a été créé en 2006 pour promouvoir et protéger les droits humains à travers le monde mais ses rapports ont souvent contredit les priorités américaines. En particulier, le fait qu'Israël soit le seul pays au monde ayant un point fixe (appelé point 7) à l'ordre du jour de chaque session, soit trois fois par an, provoque la colère des États-Unis. Washington, dont le mandat au Conseil s'achevait en principe en 2019, avait aussi réclamé que l'exclusion des États membres commettant de graves violations des droits de l'homme soit votée à la majorité simple et non aux deux tiers, et que le processus de sélection des États membres soit renforcé. «Les pays (membres) se sont entendus pour saper la méthode actuelle de sélection des membres», a déclaré M. Pompeo. «Et le biais continu et bien documenté du Conseil contre Israël est inadmissible. Depuis sa création, le Conseil a adopté plus de résolutions condamnant Israël que contre le reste du monde», a-t-il ajouté. On a compris le pourquoi du comment. D'ailleurs, l'ambassadeur d'Israël à l'ONU Danny Danon s'est réjoui de ce retrait et a remercié les États-Unis pour leur refus «de la haine aveugle à l'égard d'Israël dans les institutions internationales». Quant à l'organisation de défense des droits de l'homme Human Rights Watch (HRW), elle a vivement critiqué ce nouveau repli. Le CDH a «joué un rôle important dans des pays comme la Corée du Nord, la Syrie, la Birmanie et le Soudan du Sud», a dit le patron de l'ONG, Kenneth Roth. «Mais Donald Trump n'est intéressé que par la défense d'Israël», a-t-il dénoncé. Le Conseil «est loin d'être parfait, mais il est une force importante pour la reddition de comptes et la justice. En se retirant, les États-Unis sapent délibérément les droits de l'homme de tous les peuples partout dans le monde et leurs luttes pour la justice», a de son côté critiqué Salil Shetty, secrétaire général d'Amnesty International.

Jeudi 21 juin 2018 :

Extraits d'un article de Berbard Jomard (in Forbes Magazine du 19 juin) : «Hier la communication politique était juste une forme de communication spécifique aux affaires politiques. Elle avait pour seule vocation d'aider à l'élection ou à la réélection d'une personne. Mais ça, c'était avant. Depuis 10 ans, la communication politique est devenue de l'influence marketing utilisant un Story Telling persuasif et incitatif proche d'un divertissement scénarisé, avec comme seul objectif, faire émerger une personne c'est-à-dire une marque.

Pour vendre une marque, il faut écrire une histoire, faire du Story Telling. Pour imposer un homme, les communicants vont donc écrire une histoire. Cet homme devra être un caméléon, tout en plasticité sur sa personnalité et son positionnement politique. Cela afin d'acquérir très rapidement le plus grand nombre possible de téléspectateurs.

Quelques fois lesdits spectateurs ne se rendront même pas compte qu'ils ont en fait acquis un sympathique dissimulateur doté d'une arrogance agrémentée d'un zeste de mépris social...

Les chaînes de news en continu (et les réseaux sociaux depuis 10 ans), qui fabriquent en permanence de l'illusion éphémère, (grâce à un marketing d'influence politique, celui utilisé pour les produits de grande consommation) hypnotisent le consommateur spectateur, homme de l'immédiat ; celui-ci ne fait alors que s'éloigner de la réalité. Le candidat est devenu une image scénarisée, retravaillée et modifiée à outrance ; une image censée attirer la lumière dans ce monde où tout est apparence.

Tous les candidats qui ont réussi depuis 10 ans ont, en fait, intégré les qualités des spin-doctors. Tout est dans la scénarisation de leurs actions, dans la narration, leurs vies privées sont devenues parfaitement modélisées. Comme les télé-évangélistes et les imams et autre fequihs cathodiques, ils passent leur temps à diffuser des messages subliminaux. Ils commencent toujours leurs campagnes en s'intéressant aux couches privilégiées des métropoles, qui sont des leaders d'opinion. Une fois ceux-ci conquis, ils s'intéressent alors au grand public, et créent un théâtre itinérant offrant de nombreuses représentations. La mise en scène est ?provincialisée? afin de présenter ce nouvel homme providentiel, enfanté par l'image. Une icône, fils de la providence, le sauveur du pays.

Tout est alors question de tempo, de momentum, et nécessite de planifier au minimum un évènement par jour afin de nourrir l'appétit des chaînes de news qui s'empresseront d'amplifier cette communication souvent vide de sens. Le candidat se devra d'être l'homme de l'immédiat, l'homme de la télé-réalité au quotidien. Il devra donc distraire l'homme du XXIe siècle, devenu un télé-spectateur en quête d'imaginaire distrayant.

L'ADN des rédactions, c'est de délivrer des news en continu, de fasciner et de retenir l'attention des téléspectateurs. D'où la nécessité pour le candidat d'avoir en stock, au minimum un événement et quelques éléments de langage-choc par jour.

Si le candidat cathodique a bien fait son travail, une complicité ou alliance politico-médiatique s'installera d'autant plus facilement que les journalistes auront l'impression que cela renforce la reconnaissance sociétale de leurs rôles. Le candidat amènera alors chaque jour sa nourriture à la bête médiatique. Cela se traduira par des images, des événements, des rebondissements, des compétitions et échanges scénarisés avec les concurrents.

Le candidat aurait alors fait place à l'image, il deviendra un divertissement, éventuellement un chouchou, un «people», une fiction. Des fake news seront alors produites par leurs faiseurs de fake news, elles seront ensuite démenties, pour faire le buzz. Bien sûr, il n'y a aucun risque que cette nourriture rassasie les chaînes de news, qui doivent, elles, nourrir l'écran 24/24 et 7 jours sur 7. Les magazines et journaux seront eux aussi de la partie, et si la vie du candidat et son conjoint(e) réussissent à fasciner, ces bêtes médiatiques feront l'objet de nombreuses «couvertures»

Rappelons que les médias ne peuvent pas faire gagner une élection, mais ils peuvent la faire perdre.

Comment gagnez une présidentielle ? Si vous n'êtes pas préparé à devenir un «produit» divertissant et offrant des sensations et rebondissements ou événements chaque heure, chaque jour, vos chances sont très limitées. Si vous n'aspirez pas à être un people, à faire des shows en continu, à faire les unes de la presse mainstream, des chaînes de news, médias ; pas prêt à changer en permanence de scénarios, à nourrir l'appétit évolutif des téléspectateurs, il vaut mieux oublier vos ambitions.

Pour réussir, il vous faudra également éloigner les prophètes du lendemain (les ?je vous l'avais bien dit?), qui se nourrissent eux des drames ou scandales que les candidats n'ont pas su anticiper la veille.

Enfin si vous ne devenez pas le divertissement, la fiction qu'attendent les chaînes de news et autres médias, vos chances seront inexistantes dans notre société post-idéologique de spectacle permanent.

Par contre, si vous avez appris votre leçon et que vous êtes doué, vous deviendrez une aubaine pour cette force de frappe que sont les médias. Les commentateurs-débatteurs seront aveuglés par votre vision même si elle est vraiment très éloignée de la réalité».

A suivre