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Béchar: Températures caniculaires, pétrole et diwane

par Notre Envoyée Spéciale A Béchar : Ghania Oukazi

A Béchar, les habitants parlent plus de la découverte de pétrole dans la région que du Festival du diwane qui a commencé, hier, et dure jusqu'au jeudi 5 juillet.

Annoncée, il y a plus d'un mois, par le président-directeur général de Sonatrach, la découverte du pétrole dans la région de Béchar laisse beaucoup de citoyens disserter sur son importance, sa production et surtout ses conséquences sur la région. «C'est une importante nappe de pétrole qui a été découverte à Oued Namous, au nord-est de Béchar,» nous a-t-on dit, dès notre arrivée, hier, à l'aéroport. L'on avance déjà que les travaux de forage sont terminés. «C'est bientôt la phase de production,» entendons-nous dire.

Oued Namous est plus connu pour abriter un Centre nucléaire qu'exploitait la France jusqu'à la fin des années 70. C'est le président Chadli Bendjedid qui avait depuis, refusé de renouveler le contrat aux équipes françaises spécialisées. Aujourd'hui, la découverte du pétrole laisse espérer l'installation d'entreprises créatrices d'emplois et de bien-être? En attendant, la ville a vécu, hier, la première soirée du Festival du diwane sous les sons gnaoui de l'indétrônable Maalam Madjber, le groupe ?Aïssaoua' qui se produit pour la première fois, à cette occasion, et un groupe de Ghardaïa. Le festival a perdu, ces dernières années, de son aura en raison des restrictions financières décidées par le gouvernement depuis 2016. Organisé, tous les ans, depuis 2007, le Festival est devenu, depuis 2016, un événement qui oblige ses organisateurs à faire des acrobaties, en comptabilité pour pouvoir s'acquitter des cachets des artistes, de leur transport et leur hébergement. «Avant, on ramenait jusqu'à 24 groupes folkloriques, on dépassait le nombre atteint par le Festival international qui se tient à Alger,» nous disait, hier, le directeur de la Maison de la Culture de Béchar.

Ammari Hamdane nous fait savoir que le Festival est désormais, organisé une année sur deux. «Pour cette fois, on a reçu un budget du ministère de la Culture de 5 millions de dinars, la moitié de ce qu'on nous débloquait avant 2016, au nord, une telle somme peut suffire mais au Sud, l'événementiel exige beaucoup de moyens, on n'a rien ici, par exemple on a été obligé de ramener la sono de Tlemcen, obligé de diminuer du nombre des participants et de la durée du Festival,» affirme-t-il. «Nous avons envoyé 50 demandes de sponsoring aux grandes entreprises mais une seule a accepté, Sonelgaz qui nous a remis un chèque de 300.000 DA,» indique notre interlocuteur. Sonatrach donnait plus mais elle ne l'a fait que deux fois, 2014 et 2016. «On ne se permet plus d'organiser, en même temps que le Festival, des expositions à la Maison de la Culture, des conférences mais c'est surtout parce qu'il n'y a pas de recherches sur le diwane (?). «Pour cette édition, nous avons été obligés de loger les artistes au CFA, ça nous permet d'économiser le transport puisqu'ils se produisent tout près, au stade du 18 Février,» note-il. Sur 14 groupes invités, 8 sont en compétition. Les artistes viennent d'Oran, Sidi Bel-Abbès, Mascara, Tlemcen, Tindouf, Ghardaïa, Maghnia et bien sûr Béchar. «Nous recevons près de 175 personnes, aujourd'hui, se produiront les Sahariens de Béchar, en plus d'un groupe local de reggae qui a eu le 3ème prix en Egypte (?), on aura en clôture Ouled Hadja Maghnia,» nous dit Hamdane. La dernière soirée aura lieu le jeudi 5 juillet. Les trois lauréats du Festival recevront respectivement, 100.000 DA, 80.000 DA et 60.000 DA et participeront au Festival international d'Alger. «C'est le seul festival à Béchar qui bénéficie d'une subvention nationale, on organise les journées du court-métrage ou le concours national du luth avec les moyens de la Maison de la Culture,» précise Hamdane. C'est peu d'activités pour une région proche des frontières ouest d'à peine 50 km. «Il y a beaucoup de Marocains qui rentrent pour travailler, ils empruntent des circuits tortueux pour pouvoir échapper à la vigilance des forces de sécurité,» nous dit un citoyen. Ceci étant, Béchar semble s'être débarrassé des ordures qui jonchaient ses rues. Elle paraît propre et ses avenues restaurées. La chaleur bat son plein. A l'atterrissage de l'avion, l'on annonçait 44°. L'ATR qui devait retourner sur Alger ne pouvait le faire qu'avec 45 passagers et non pas 75 conformément, au nombre de ses places. «Il fait trop chaud, je ne peux pas prendre plus,» aurait dit le commandant de bord.