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Santé: Les résidents n'ont pas boycotté les DEMS

par Yazid Alilat

Les médecins résidents ont entamé hier les épreuves des examens du diplôme d'études médicales spécialisées (DEMS), conformément au programme établi par le ministère de l'Enseignement supérieur, alors que le mouvement de grève pourrait reprendre, ont averti de leurs côtés les représentants du Collectif autonome des médecins résidents algériens (Camra).

«Les examens de DEMS se déroulent, selon les collègues, normalement», a indiqué à Le Quotidien d'Oran le Dr Mechri Yasmine, de la faculté de médecine d'Oran. «Les examens se passent normalement et cette fois-ci il n'y a pas eu de boycott», a-t-elle précisé avant d'ajouter que «c'est un geste de bonne volonté». «Nous attendons, en retour, la réaction du ministère», a-t-elle ajouté.

De son côté, le Dr Hala Tatem, responsable de l'examen du DEMS et des négociations avec le MESRS pour le Camra, a confirmé que «les examens du DEMS se passent normalement. Aujourd'hui, il y a trois examens, pédiatrie, réanimation et dermatologie». «En fait, il s'agit d'une session spéciale», a-t-elle précisé, car la session normale était prévue au mois de janvier, qui a été boycottée, puis une session de rattrapage aux mois de mars-avril, qui a été également boycottée, sauf les étudiants étrangers et les militaires, qui avaient des examens de fin de cycle à passer», a précisé le Dr Tatem. Par contre, «pour l'évaluation, je ne sais pas comment ils vont faire», ajoute-t-elle. «Peut-être qu'ils vont faire recaler tout le monde, ou faire passer tout le monde ?».

Les examens de DEMS ont été boycottés, rappelle-t-on, à deux reprises par les médecins résidents en signe de protestation contre le blocage de leurs revendications et l'interruption du dialogue par le ministère de la Santé. En grève depuis le 14 novembre dernier, ils avaient boycotté les épreuves du DEMS, couronnant la formation spécialisée, programmées par le ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, durant la période allant du 18 mars au 12 avril derniers. Le boycott des examens de DEMS avait donné lieu au blocage des CHU où devaient avoir lieu ces examens, et des interpellations musclées de médecins résidents grévistes. Le ministère de l'Enseignement supérieur a programmé, cette fois-ci, les épreuves du DEMS du 1er au 19 juillet ; plus de 13.000 étudiants sont concernés. Le ministère avait annoncé la semaine dernière que cette «session de rattrapage» sera la dernière à être organisée pour l'année universitaire 2017/2018, et a prévenu que «les candidats qui ne s'y présenteront pas seront considérés en situation d'abandon d'études et par conséquent exclus».

Par ailleurs, le Dr Mechri Yasmine a indiqué, concernant les assemblées générales prévues ce lundi à travers les structures hospitalières au cours desquelles doit être décidé le maintien ou non du gel de la grève, qu'«il s'agit de réunions de délégués». Elle a précisé que ce sera lors des réunions à Alger qu'«on devrait décider du maintien ou non du gel de la grève».

En attendant la décision que devront prendre aujourd'hui les délégués du Camra, les épreuves du DEMS se poursuivent. Beaucoup de résidents, sous le sceau de l'anonymat, ont indiqué qu'ils passent ces examens pour «ne pas rater l'année, et après, on verra». En fait, les médecins résidents sont dans l'attente d'une réaction du ministère de la Santé, en particulier le chef du département, le Pr Mokhtar Hasbellaoui, au gel de leur grève. Mercredi dernier, ils ont indiqué dans un communiqué du Collectif qu'ils ont «gelé leur grève en signe de bonne volonté après la déclaration du ministre (de la Santé) promettant des solutions concrètes s'il y a une reprise du travail des résidents». Dès lors, le Camra rappelle que le gel de la grève «est conditionné par un dialogue objectif et des solutions concrètes», comme il réaffirme «la détermination des résidents face aux menaces et sanctions -y compris l'arbitraire auquel font face nos confrères candidats au DEMS et en première année- à faire preuve de solidarité indéfectible et la volonté d'avoir un sort commun».

Jusqu'à hier dimanche, le ministre de la Santé n'a pas encore officiellement réagi à la reprise du travail, y compris les gardes, par les médecins résidents. «Depuis une semaine, il n'y a rien. Aucun du ministère de l'Enseignement supérieur, encore moins celui de la Santé. Rien», a affirmé à notre rédaction le Dr Sadek Hamlaoui, délégué du Camra. «Le ministère de la Santé ne nous a pas contactés et n'a donné ni date ni proposition», a-t-il ajouté. La semaine dernière, commentant une réunion de délégués du Camra pour la reprise du travail, le Dr Hamlaoui avait précisé que «s'il y a reprise du travail, on attendra ensuite la réaction du ministre qui doit proposer quelque chose comme il l'a promis, et (voir) s'il va tenir ses promesses». Le ministre de la Santé avait indiqué de son côté il y a une quinzaine de jours que «les médecins grévistes doivent d'abord arrêter la grève. Je précise qu'il ne s'agit pas de reprendre uniquement les gardes de nuit et les week-ends, mais de renouer avec l'activité hospitalière habituelle. Autrement dit, je ne les recevrais pas tant qu'ils seront en grève».

Les revendications des résidents portent essentiellement sur l'abrogation du caractère obligatoire du service civil et son remplacement par un autre système de couverture sanitaire, le droit à la dispense du service militaire, le droit à une formation de qualité, la révision du statut général du résident, le droit aux œuvres sociales, ainsi que le droit à l'agrément d'installation à titre privé de spécialistes en biologie clinique.