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Affaire des sept quintaux de cocaïne: La viande d'«el bouchi» crée la polémique

par Sofiane M.

Le scandale des sept quintaux de cocaïne saisis sur un navire en provenance du Brésil, au large du port d'Oran, n'a pas encore fini de nourrir d'intenses polémiques. Après la vague d'arrestations, le limogeage du DGSN et les graves accusations portées contre de grands commis de l'Etat, la malédiction de la ?coke' n'en finit pas de hanter l'esprit du commun des Algériens.

Une vente aux enchères «publiques», jeudi, à Oran, de 350 tonnes de viandes fraîches, importées par Kamel Chikhi, alias «el Bouchi» suscite la polémique. C'est l'organisation algérienne de protection et d'orientation du consommateur et son environnement (APOCE) qui a lancé l'alerte, vendredi, sur cette vente polémique aux enchères de la viande saisie au port d'Oran. L'Association de défense des consommateurs s'inquiète, notamment, de l'approche de la date de péremption de cette viande qui est fixée, pour le mercredi 4 juillet 2018. Les craintes de cette Association semblent justifiées vu qu'il est impossible d'écouler en 4 jours, seulement, cette grande quantité de viande, importée du Brésil. Cette viande, dont la date de péremption approche, risque d'être stockée puis fourguée par des bouchers peu scrupuleux aux consommateurs. Dans cette période de grande chaleur et sachant que la chaîne de froid n'est pas totalement respectée par nombre de nos bouchers, cette viande périssable pourrait être à l'origine d'un problème sanitaire sérieux.

L'APOCE estime que 4 jours est une période insuffisante pour distribuer, commercialiser et consommer 350 tonnes de viandes « fraîches ». L'organisation ne cache pas ses vives inquiétudes, quant au dépassement de la date de péremption de cette denrée microbiologiquement, très périssable. Les inquiétudes de cette organisation sont légitimes vu que la chaîne de froid d'une partie de cette viande « fraîche » n'a pas été respectée, durant l'opération de fouille, au port d'Oran pour trouver les 7 quintaux de cocaïne qui étaient dissimulés à l'intérieur des containers. L'information de la vente aux enchères «publiques» de 20 containers de viandes fraîches importés par «el Bouchi» a été confirmée dimanche par des sources concordantes, à Oran, qui confient qu'une procédure d'urgence avait été menée pour la commercialisation de cette marchandise périssable. «Il y a eu, une procédure expéditive pour la vente aux enchères de cette viande. La justice aurait saisi les services des Domaines, pour l'organisation de cette opération», révèle une source bien informée. Les différents services intervenant, de près ou de loin, dans le commerce extérieur (Douanes, direction du Commerce?) font le black-out sur cette vente aux enchères «publiques».

La responsable du service qualité de la direction du Commerce contacté, dimanche, affirme ne pas être au courant de cette vente. C'est la même réponse du côté des Douanes algériennes. La qualité et la conformité ?halal' de cette viande « fraîche » suscite, par ailleurs, la méfiance des consommateurs. La polémique sur la traçabilité et la conformité ?halal' des viandes importées des pays d'Amérique latine est relancée, sur les réseaux sociaux, après le scandale de la saisie de la cocaïne et les dernières évolutions de l'enquête judiciaire. Des journalistes qui avaient bénéficié en 2014, d'un voyage organisé et financé par « el Bouchi » au Brésil pour infirmer la rumeur populaire sur la conformité ?halal' des viandes brésiliennes avaient été entendus, la semaine écoulée, à Alger, dans le cadre de l'affaire de la cocaïne. « Un baron de drogue qui importe de grande quantité de cocaïne peut-t-il se soucier de la conformité ?halal' de la viande ? » La question est posée et ce scandale risque de provoquer un effet de séisme dans le créneau de l'importation des viandes fraîches et congelées en Algérie.