Avant le coup d'envoi de cette Coupe du monde, les Allemands savaient à quoi s'en tenir après la lecture poussée du calendrier. En effet, s'ils ne terminent ce premier tour qu'en seconde position derrière le Mexique, les champions du monde en titre risquent de trouver le Brésil sur leur chemin. Voilà pourquoi les coéquipiers de Kross tenaient absolument à battre les Suédois. Plus facile à dire qu'à faire, face aux bourreaux de l'Italie et de la Hollande en phase éliminatoire. La Suède de l'après Zlatan Ibrahimovic a donc du répondant et l'a amplement prouvé samedi tout au long d'un débat où les émotions n'ont pas manqué. Les Suédois se sont massés devant leur bois, se laissant dominer et opérant selon la tradition par des contres dangereux dont l'un a porté ses fruits. La retraite de Zlatan a sans doute soudé les rangs d'une équipe évoluant avec un système adapté à ses propres qualités, aussi bien dans les courses que le pressing constant sur l'adversaire, avec les deux lignes de quatre joueurs rapprochés dans leur zone. Face à des Allemands dominateurs, les Suédois ont frôlé de peu l'exploit de battre le champion du monde en titre. Un champion fidèle à ses principes de circulation du ballon, avec un pressing haut, des passes précises et des mouvements pratiquement « chorégraphiés ». Il se trouve que la plupart des espaces ont été fermés par les Suédois.

A la mi-temps, aucun entraîneur n'aurait aimé être à la place de Joachim Löw qui, soit dit en passant, était très inquiet. Devait-il laisser la même composition, ou faire appel à des remplaçants eux-mêmes stars dans leurs clubs ? L'espoir est revenu dès la reprise avec l'égalisation de Marco Reus, le malchanceux de la Coupe du monde 2014, plus motivé que jamais.

On s'acheminait donc vers un nul profitable pour la Suède et pratiquement désastreux pour l'Allemagne lorsqu'est arrivé ce coup franc décalé de Kross qui avait tout l'air d'un miracle. Tous ceux qui aiment le football se sont réjouis de la victoire des Allemands, qui ont eu le mérite de ne pas se décourager suite aux échecs de leurs tentatives. Et leur patience fut finalement récompensée. Des sportifs considèrent comme « immorale » la manière de jouer des Suédois, pourtant dans leurs droits de se masser devant leurs bois. Dans ce domaine, ils ont dépassé les Italiens (qu'ils ont sortis en éliminatoires), les Iraniens et les Costariciens, même les styles sont différents. Et il y a fort à parier que personne ne les plaindra s'ils venaient à sortir dès ce premier tour. Avec ce résultat, la situation de ce groupe F s'annonce des plus excitante, car mercredi prochain, tout dépendra des résultats des duels Allemagne - Corée du Sud et Mexique - Suède. Encore des émotions et du suspense.