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Manque de professionnalisme, violence?: Kaouane met en garde les télés privées

par Abdelkrim Zerzouri

Le Ramadhan est passé mais pas la couleuvre qu'on a tenté de nous faire avaler en plein mois de carême, période dédiée normalement au lancement des meilleurs programmes TV.

Tout le monde s'accorde à dire que c'est le moment opportun pour faire sortir ce qu'on a de meilleur durant ce mois, qui enregistre les plus hauts taux d'audimat de l'année, mais les chaînes de télévision privées sont tombées dans le style médiocre, incapables de capter l'intérêt des téléspectateurs qui, eux, se sont ingéniés à ridiculiser les chaînes TV à travers les réseaux sociaux, où la plus expressive reste cette caricature d'une femme qui accourt derrière son fils, qui vient de quitter la maison avec des sachets d'ordures entre les mains, pour lui demander de jeter par la même occasion le téléviseur dans la poubelle. Le ministre de la Communication, Djamel Kaouane, qui n'est pas resté insensible face à cette détresse durant le mois de Ramadhan, est encore revenu sur le sujet, hier, en déplorant l'«absence de créativité» et le «manque de professionnalisme» dans les programmes des différentes chaînes de télévision privées durant le mois de Ramadhan. Dans une déclaration à la presse, lors d'une visite, hier, à la Maison de la presse Tahar Djaout, M. Kaouane a cette fois-ci non seulement renouvelé ses critiques sur les programmes proposés par les chaînes de télévision privées durant le mois sacré, relevant notamment l'«absence de créativité, de professionnalisme et d'éthique», la présence de «beaucoup de violence» dans certaines émissions, en particulier les caméras cachées qualifiées de «bidonnées» et marquées par «l'excès dans la production et le contenu», mais il a également lancé un avertissement clair aux gestionnaires de ces médias. M. Kaouane a souligné dans ses déclarations que la responsabilité «incombe beaucoup plus aux gestionnaires de ces médias», appelés à s'«autoréguler, à respecter la loi et à être plus professionnels à l'avenir». Laissant entendre que la médiocrité et les activités contraires à l'éthique professionnelle et à la loi ne seront plus tolérées.

Pour rappel, vers la fin du Ramadhan, de nombreux professionnels se sont insurgés contre la violence qui a caractérisé les caméras cachés, non sans accuser plusieurs programmes de triche avec la complicité des piégés et leurs invités, en plus de susciter des situations humiliantes.

Le cinéaste et critique cinématographique Hamid Benamra a estimé dans ce contexte que la caméra cachée algérienne est devenue «un saccage du paysage audiovisuel». Et, pour justifier les faiblesses des productions spécialement initiées pour le Ramadhan, certains parleront du manque de moyens financiers, estimant que plusieurs de ces productions révèlent des faiblesses dans les dialogues et les scénarios dues aux faibles moyens financiers alloués à la production.

Chose qui ne cadre pas avec le captage de la publicité durant cette période par les chaînes TV privées. Professionnels et téléspectateurs évoquent sur ce plan la domination de la publicité, avant, pendant et après chaque mince programme. On estime même que le phénomène a pris de l'ampleur cette année, chose qui devrait permettre de pomper des sommes colossales quand on sait que le temps de passage à l'écran est facturé en secondes. En tout cas, à défaut d'une amélioration des programmes et un plus de respect pour le téléspectateur, rien ne peut blanchir ces écrans entachés de critiques et d'accusations unanimes, de la part des responsables et des citoyens.