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Kamel Daoud lundi soir à l'IDRH : la secousse des mots

par R. L.

Il parle comme il écrit, toujours avec cette verve devenue si naturelle chez lui. Avec en sus des mots surprise comme ponctuation qui dérident sans que l'on s'y attend. On croyait aller à la rencontre d'un écrivain journaliste, ou journaliste écrivain, lundi tard dans le soir à l'IDRH, mais on découvre que l'homme est bien plus que ça. Son originalité est mordante, décapante et par moment presque éblouissante parce que son discours est trop vrai. L'éblouissement n'a rien de sorcier ni emprunt de féerie, mais si terre à terre qu'il pousse à la réflexion profonde sur notre vision du petit monde qui nous entoure. On croyait aller débattre avec Kamel Daoud, et on se surprend à dialoguer avec nous-mêmes sur ce que nous étions, nous sommes et sur ce que nous risquons d'être.

Toute la prouesse de l'écrivain est là. Pousser le soi à se disputer avec soi, puis se réconcilier avec soi pour trouver un autre prétexte à un nouveau dialogue avec ce «moi» si rocailleux et si pluriel en même temps pour trouver cette liberté si chère à Kamel Daoud qui, affirme-t-il, il en a fait un fer de lance pour tous ses écrits. Il faut écouter son franc-parler pour comprendre que l'étiquette de la marginalité qu'on lui colle à la peau est une taxation surfaite et injuste car bien au contraire, les secousses que donnent ses mots et son verbe appellent tous ceux qui le lisent, sans s'armer d'hypocrisie et de mauvaise foi, à garder les pieds sur terre pour un regard juste et sans complaisance sur ce que nous sommes réellement.

Contrairement à la coutume, l'écrivain n'a pas fait la promotion de ses derniers livres. Il n'en avait pas besoin car ce sont ses livres qui ont fait sa promotion et il a beaucoup de plaisir à préférer aux us la provocation et la confrontation des idées pour que seule la fluidité de la réflexion et de la pensée soit permanente.