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Nouveau coup de mou pour le bitcoin

par Akram Belkaïd, Paris

Le mois de décembre ? C’était hier, mais pour les détenteurs de bitcoin, cette, désormais, très fameuse monnaie virtuelle, c’était il y a très longtemps. Petit rappel : Il y a six mois, le bitcoin a atteint le cours record de 20.000 dollars. De quoi provoquer un emballement total sur ce moyen de paiement high-tech. Impossible alors d’échapper à la folie bitcoin et même les documentaires, les séries télévisées et les films s’y sont mis : vous cherchez à être branché ? A incarner la nouvelle technologie ? A jouer l’habitué du Net 3.0 ou, mieux encore, du darknet (l’Internet anonyme, lieu de tous les trafics possibles) ? Parlez bitcoin…

Hold-up et piratage

Las, depuis quelques semaines la dégringolade de cette monnaie semble irréversible. Plus de 15% de chute depuis le début de l’année. Et l’affaire s’est aggravée en début de semaine avec une chute de 12% (l’équivalent de 1.000 dollars) pour tomber à peine au-dessus de 6.700 dollars (après avoir touché le plancher des 6.300 dollars). On imagine la déconvenue des investisseurs qui se sont précipités sur le marché du bitcoin, au plus haut de sa valeur. A l’inverse, celles et ceux qui mettaient alors en garde contre la formation d’une bulle, se voient confortés par l’évolution des cours. C’est d’autant plus vrai que d’autres crypto-monnaies sont elles aussi, en recul (-12% pour l’etherum et -20% pour le ripple). L’une des raisons de cette chute est un énième «braquage» virtuel contre une plate-forme d’échange de bitcoins et d’autres monnaies de même type. Le procédé est connu. Des pirates informatiques s’introduisent dans ces systèmes de transaction et «aspirent» les monnaies en stock ou en passe d’être échangées. En somme, un hold-up façon 21ième siècle. On se souvient qu’il fut un temps où ce genre d’opération concernait des avoirs électroniques, comme les points accumulés par les adeptes des jeux en ligne. Mais, maintenant, il s’agit d’argent réel, du moins en contrepartie. Selon le Wall Street Journal, depuis 2014, les hold-up contre ces plates-formes d’échange de crypto-monnaies, ont atteint la coquette somme de 1,4 milliard de dollars (40 millions de dollars pour celui de début de semaine contre un site coréen).

Les laudateurs des crypto-monnaies conviennent que les plates-formes d’échange sont le maillon faible du système. Ils reconnaissent, aussi, que l’engouement à l’égard du bitcoin est à l’origine de la multiplication des sites d’échanges et de transactions et que certains d’entre eux ne sont pas, forcément, conçus pour résister aux intrusions malveillantes. Néanmoins, ils rappellent que le bitcoin est à l’image d’une devise papier qu’il serait impossible de contrefaire. Même le billet le plus infalsifiable du monde ne peut empêcher les hold-up… Autrement dit, un bitcoin stocké, dans un lieu sûr, demeure un bon placement et bon outil de transaction.

Progrès à faire

Ce raisonnement a du vrai. Simplement, on n’a jamais vu une monnaie standard perdre de sa valeur en raison d’actes de contrefaçons ou de braquage. Le plus souvent, la parité d’une devise est liée à d’autres considérations qui n’ont rien à voir avec les effets secondaires de la grande convoitise délictuelle qu’elles provoquent. Autrement dit, il reste beaucoup à faire pour que les crypto-monnaies accèdent à un statut de monnaie à part entière. C’est ce que ne cessent de répéter les banques centrales qui rappellent, elles, que leurs coffres restent inviolables…