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Au fil? des jours - Communication politique : Nouvelles du front (1ère partie)

par Belkacem Ahcene-Djaballah

Jeudi 3 mai 2018

Un collectif d'universitaires et de chercheurs français qualifie, dans une tribune, le Manifeste contre le «nouvel antisémitisme» d'appel à la haine et à une guerre civile larvée en France «qui ne dit pas son nom». Selon eux, ce Manifeste cible directement l'islam et les musulmans les rendant coupables d'un «nouvel antisémitisme» qui vise une «épuration ethnique» des juifs en France.

La tribune a été signée entre autres par Etienne Balibar, professeur émérite (université de Paris-Nanterre), Annie Benveniste, anthropologue (université Paris-VIII), sociologue, Sonia Dayan-Herzbrun, professeure (université Paris-Diderot)...

«Nous souhaitons, par ce texte collectif, contribuer aux vigoureuses protestations qui viennent de s'élever devant la publication par Le Parisien (du 21 avril) d'un manifeste signé par quelques centaines de personnes du monde politique, artistique et intellectuel et qui, de fait, constitue un appel à la haine et à une guerre civile larvée qui ne dit pas son nom», ont-ils affirmé.

Pour eux, prétendant dénoncer un «nouvel antisémitisme», ce «manifeste» impute au seul «islam radical» les agressions commises à l'égard de citoyens français juifs, «sans référence aucune à l'antisémitisme d'extrême droite qui monte dans toute l'Europe (pays de l'Est, Allemagne, Autriche) et dont on ne peut ignorer tout autant la présence en France».

Ils ont estimé qu'au mépris total des faits et de l'histoire de France, avec une manipulation «douteuse» des chiffres en matière d'agressions, ce manifeste «ne peut qu'exacerber les tensions sociales dans le pays» en prenant en otages les juifs qui «se sentent constamment soumis au chantage d'un péril antisémite, hélas, aujourd'hui réel, dès qu'ils se démarquent de la politique d'un Etat qui n'est pas le leur».

En ce qui concerne la revendication des signataires du manifeste de réviser les textes sacrés, le collectif a souligné les textes sacrés »restent sacrés». «S'appuyer sur les prêches et interprétations du Coran des imams salafistes pour demander que des versets du Coran soient frappés d'obsolescence, c'est attribuer à l'ensemble des croyants multiformes musulmans une attitude haineuse envers les juifs», a considéré le collectif.

Par ailleurs, les signataires de l'appel jugent que le manifeste entretient un amalgame entre antisionisme et antisémitisme, qui «assimile la contestation de la politique coloniale et raciale d'Israël à l'égard des Palestiniens à ladite volonté de destruction des juifs par des mouvements extrémistes au Proche-Orient».

«Tant de confusions et d'amalgames font donc de ce manifeste, à l'opposé du souhait annoncé de bon nombre de ses signataires, une véritable incitation à la haine raciste et même antisémite», conclut le Collectif.

Vendredi 4 mai 2018:

Le président palestinien Mahmoud Abbas présente des excuses après des propos très largement dénoncés comme antisémites sur les causes des massacres perpétrés contre les juifs dans le passé.

«Si mes propos devant le Conseil national palestinien ont offensé des gens, en particulier des gens de confession juive, je leur présente mes excuses», a déclaré M. Abbas dans un communiqué où il réaffirme condamner l'Holocauste et «l'antisémitisme sous toutes ses formes».

«Je voudrais assurer à tous que telle n'était pas mon intention (de les offenser) et réaffirmer mon respect total pour la religion juive, ainsi que pour toutes les religions monothéistes», a-t-il ajouté.

Ce qui est absolument certain, c'est que le style de communication (provocateur mais calculé, car surfant sur la puissance) «à la Trump» a commencé à contaminer le discours politique public des dirigeants politiques du monde qui, pour les plus fragiles, emportés par la colère (légitime donc retentissante) et influencées par l'atmosphère souvent orageuse des salles (...comme dans nos stades) se laissent aller à des phrases dépassant leur pensée.

Samedi 5 mai 2018 :

De la part d'un «ami» qui nous veut du bien.

«1. Le voleur ordinaire : c'est celui qui vous vole votre argent, votre portefeuille, votre montre, votre téléphone, etc. / 2. Le voleur politique : c'est celui qui vous vole votre avenir, vos rêves, votre savoir, votre salaire, votre éducation, votre santé, votre force, votre sourire, etc.

Une grande différence entre ces deux types de voleurs, a) c'est que le voleur ordinaire vous choisit pour vous voler votre bien, b) tandis que le voleur politique, c'est vous qui le choisissez pour qu'il vous vole. Et l'autre grande différence, qui n'est pas des moindres, c) c'est que le voleur ordinaire est traqué par la police, d) tandis que le voleur politique est le plus souvent protégé par un convoi de police.

A méditer avant de choisir votre voleur?politique»

Dimanche 6 mai 2018 :

Selon une enquête site français Challenges.fr : «La vérité sur le lucratif business de Dominique Strauss-Kahn en Afrique et dans le privé», on en sait un peu plus sur ses activités (professionnelles, cela s'entend !) actuelles.

Le journal nous informe que l'ancien patron du FMI dirige, depuis Casablanca, une entreprise dénommée Parnasse International à travers laquelle il conseille les chefs d'Etat africains, dont le togolais, le tunisien et le congolais.

Toutefois, relève le site, DSK peine parfois à convaincre d'autres chefs d'Etats africains. C'est notamment le cas au Sénégal.

Si on en croit Challenges.fr, l'homme d'Etat français se fait beaucoup d'argent en Afrique. Rien que pour l'année 2016, cette SARL, qui pilote la promotion du plan Tunisie 2020 contribuant notamment à l'organisation de rencontres pour attirer les investisseurs étrangers, a affiché un résultat net de 3,6 millions d'euros. Il sert aussi d'intermédiare auprès du FMI, son ancien employeur.

Jeudi 10 mai 2018 :

Savez-vous que la Journée mondiale de la liberté de la presse est née en Afrique. C'est la Déclaration de Windhoek, signée le 3 mai 1991 par des journalistes africains réunis dans la capitale namibienne, qui a fait naître cette journée. Les journalistes (dont Zoubir Souissi et Omar Belhouchet) ont porté à l'attention des Nations unies le fait que «la création, le maintien et le renforcement d'une presse indépendante, pluraliste et libre sont indispensables au progrès et à la préservation de la démocratie dans un pays, ainsi qu'au développement économique». La Journée mondiale a été proclamée deux ans plus tard.

Pour marquer ce 25e anniversaire, l'UNESCO est revenue sur le continent et a tenu sa conférence internationale à Accra, la capitale du Ghana. Par un heureux hasard, ce «grand petit» pays anglophone vient de décrocher la première place africaine au classement mondial de la liberté de la presse 2018 de Reporters sans frontières, (Algérie :136e /sur 180e en Afrique). Et ce, malgré plusieurs conflits d'intérêts entre les propriétaires des médias et les membres de la classe politique, et le fait qu'un projet de loi sur le droit à l'information attend depuis 17 ans (!) d'être adopté.

Lundi 14 mai 2018 :

Le PDG de Sonatrach, Abdelmoumène Ould Kadour, révèle qu'ils ont été 10.000 employés à avoir quitté ces trois dernières années la Sonatrach «pour aller monnayer leurs talents dans des ailleurs meilleurs».

Ce seraient surtout des hauts cadres et des ingénieurs «formés dans des instituts spécialisés ici en Algérie». Et, la majorité des cadres du secteur des hydrocarbures ont été attirés, semble-t-il, par les salaires faramineux qui leur ont été proposé à l'étranger.

Certains parmi les cadres du Sonatrach ont tout simplement fait valoir leur droit à la retraite anticipée. Résultat des courses : le groupe a bien du mal à faire face à ce qu'Ould Kadour appelle une «hémorragie». «Il n'y a pas moyen de maintenir chez nous ces cadres face à la concurrence des firmes étrangères», reconnaît-il.

Que retenir de ce triste et grave constat sur un tel comportement de nos «cadres». Les esprits chagrins vont aller très vite en besogne et, comme d'habitude, diaboliser et accuser les «fuyards» de «chercheurs» de primes et d'avantages matériels. En oubliant les causes profondes de ces migrations qui ne datent pas d'hier. Liées presque toutes à un état quasi-dépressif des personnels des entreprsies publiques livrées depuis quelques décennies à des remaniements incessants des staffs directoriaux, à des nominations -toujours par le haut- incompréhensibles, étant donné l'incompétence notoire de bien des responsables désignés, aux changements continuels des stratégies économiques et commerciales, liées bien plus aux humeurs, aux amitiés particulières et et à l'«à peu-prisme», à une certaine prédation ...En fait, la concurrence étrangère n'est venue se servir que par la suite faire de la «cueillette» dans un encore riche gisement de cadres «retraités» ou «dégoûtés» ou déprimés mais totalement disponibles... pour la plupart. Pourquoi auraient-ils tort quand les autres n'ont pas raison ?

Mardi 15 mai 2018 :

Les phrases qui «tuent» : Extraites d'un entretien de Slim Othmani (El Watan) : «La relation entre le monde économique et le système en place est une relation assez étrange dans sa forme. Il n'y a pas d'émancipation réelle»...«Dans les autres activités (mis à part le ministère de l'Intérieur et celui de la Justice en matière d'e-administration), il y a des archaïsmes qui sont le fait de mandarins dans l'administration qui se sont habitués pendant les vingt-cinq dernières années à ne rien faire et qui continuent à ne rien faire et à ne rien apporter. Il y a, de mon point de vue, la conjonction de deux élements : l'incompétence et la paresse...»

Mercredi 16 mai 2018 :

Au moment où on massacrait les enfants et les jeunes à Gaza (Palestine), la Croisette à Cannes accueillait les stars sur le tapis rouge. Divine surprise : une jeune actrice franco-libanaise, Manal Issa, 26 ans, décide de rappeler l'indifférence médiatique internationale, en hissant une pancarte qu'elle a soigneusement cachée, pliée dans son sac, sur laquelle on peut lire : «STOP THE ATTACK ON GAZA». La jeune comédienne le regard grave et le maquillage noir a profité donc de la présence des dizaines de photographes et caméras, en brandissant la pancarte. Elle se trouvait aux côtés de Gaya Jiji et Etienne Kallos qui ignorait visiblement tout de son geste.

Manal Issa, a joué dans des films français et libanais «Peur de rien», «Nocturama» ou encore «One of these days». En 2017, lauréate du prix de la meilleure actrice de la 6e Nuit des Mabrouk de la foundation Liban Cinéma, elle est nommée Révélation aux Césars et au 22e prix Lumières de la presse internationale pour le rôle principal de Lina dans le film «Peur de rien» de Danielle Arbid. Elle est membre du jury du Festival Premiers Plans d'Angers.

A noter que, déjà, lundi à 1 heures, l'acteur hollywoodien Benicio del Toro s'était joint aux Palestiniens au Festival de Cannes lors d'une manifestation. Des dizaines de personnes se tenaient en cercle et se tenaient la main devant le pavillon palestinien. «C'est vraiment fou d'être ici avec les films, avec les cinéastes, de parler de nos plans futurs pendant que nos enfants et nos familles souffrent de l'attaque israélienne», a déclaré la productrice et réalisatrice palestinienne May Odeh. Les médias occidentaux et même arabes n'ont pas médiatisé cette halte. Le seul média qui en parle mis à part le Centre palestinien d'information. Pas de photo. Pas de vidéo. Une manifestation qui n'a jamais existé à Cannes.

D'ailleurs, les médias occidentaux et même arabes n'ont jamais évoqué dans leurs reportages que la Palestine est présente au festival de Cannes avec son propre pavillon, et ce pour la première fois de son histoire.

En France en particulier et en Occident en particulier (comme aux Etats Unis), les voix qui s'opposent à Israël sont assez vite étouffées (sinon ignorées) par les médias dominants. Pourtant, de nombreuses personnalités et organisations de toutes obédiences condamnent avec force la politique américaine au Proche-Orient et dénoncent l'interventionisme américain et l'arrogance «trumpienne»

Jeudi 17 mai 2018 :

Pour se souvenir : liste des 32 pays dont les représentants diplomatiques ont assisté à Jérusalem occupée à l'inauguration de l'ambassade des Etats-Unis : Albanie, Angola, Autriche, Cameroun, Congo, Drc, Côte d'Ivoire, Tchéquie, République dominicaine, Salvador, Ethiopie, Géorgie, Guatemala, Honduras, Hongrie, Kenya, Macédoine, Nigéria, Myanmar, Panama, Pérou, Philippines, Roumanie, Rwanda, Serbie, Sud Soudan, Thailande, Ukraine, Vietnam, Paraguay, Tanzanie, Zambie...soit 12 pays africains, 9 pays européens, 7 pays d'Amérique latine et 4 d'Asie.

Vendredi 18 mai 2018 :

Il sait y faire John Desrocher, l'ambassadeur des États-Unis d'Amérique en Algérie. Accompagnée de son épouse (portant un voile sur sa tête, par respect pour le caractère sacré de la mosquée), il s'est adressé (jeudi) aux Algériens depuis la mosquée Ketchaoua pour leur présenter ses voeux à l'occasion du début du mois sacré du ramadhan.

Le diplomate américain a prononcé quelques mots en arabe. Et, Mme l'ambassadrice américain s'est adressée aussi aux Algériens...en arabe. Une vidéo (sympathique au demeurant, mettant en avant bien plus l'image sociale et globale du pays représenté que les dérives et autres dérapages de son actuel dirigeant) qui a fait un énorme buzz sur les réseaux sociaux..et une initiative qui aurait pu être devancée par ceux qui nous gouvernent. Il est vrai que l'art des relations publiques est consommé au States. Il y est né !

A suivre