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Il relie la route des tunnels avec la Corniche supérieure: Mise en service de l'évitement de Mers El-Kébir

par Houari Saaïdia

  «Le défi a été relevé», s'est réjoui le wali, après avoir coupé le ruban symbolique, marquant la mise en service de la nouvelle «Sup». Le qualificatif n'est pas exagéré. La difficulté et la complexité de cet ouvrage «100% algérien», les nombreux aléas et impondérables rencontrés, les effets collatéraux, la conjoncture budgétaire, la pression montante à la dernière ligne droite? autant de détails qui justifient a priori l'emploi du mot «défi». Pas besoin de sortir de l'Ecole nationale des Ponts et Chaussées de Paris pour apprécier la consistance de cette infrastructure au profil autoroutier en « 2 x 2 voies », 2 chaussées de 7 m chacune avec un terre-plein de 2 m et un accotement de 2 m, qui a nécessité l'extraction de 4 millions de m³ du massif rocheux montagneux culminant à une côte de 100 m par endroits et la mise en place de nombreux ouvrages d'art et dispositifs physiques et hydrauliques de confortement et de protection. Un chantier où, il n'y a pas photo, la force de frappe déployée par l'entreprise intervenante principale, dont le nom rime d'ailleurs avec cette exclusivité «dz» dans le processus conception-étude-réalisation-assistance, Eurl Injaz El-Jazair, en l'occurrence, était plus que convaincante: 150 engins (bulls, brises-roches, pelles hydrauliques, chargeurs et rétro-chargeurs, dumpers, camions bennes 10 à 15 tonnes, etc.) sont en action, tout au long du tracé sinueux et plus de 200 travailleurs mobilisés, tous corps confondus. Avec comme volume quantitatif extrait dépassant les 4 millions de m³ dont 60% de nature rocheuse, en combinant engins et explosifs. Ceci sans parler du lot de la route en jonction entre l'échangeur, à hauteur de la base navale de Mers El-Kébir, sur la RN2 et la liaison autoroutière en corniche, lequel tronçon en pente était en raison de la nature du sol -terrain argileux et fort accidenté- le lieu d'accidents en cascade sous forme d'affaissement de sol, tassement ou éboulement. Ce à quoi il fallait remédier, après maturation de l'étude, par l'installation de dispositifs de soutien et de confortement, dont notamment un mur de soutènement et un viaduc. Le mur en 86 pieux, en voie d'achèvement, a pour fonction d'arc-bouter et de retenir le talus argileux, long de 240 m, plus un ouvrage hydraulique et des travaux d'enrochement ainsi qu'un dispositif de retenue, qui est sur le point d'être lancé par la direction des Ressources en eau (DRE).

Une facture de 300 milliards hors frais collatéraux

Forcément, ces travaux non prévus initialement auront eu un (sacré) coût : un réajustement de 700 millions de DA, aménagement et lifting post-chantier inclus. L'avenant inévitable sollicité, au pire moment de la crise financière nationale, a été accordé finalement, bon plaidoyer de la wilaya-DTP, auprès des instances centrales aidant, portant ainsi la facture du projet à 3 milliards de DA. Mais il n'y avait pas que des problèmes d'exécution techniques et des soucis d'argent dans le tableau. Il y avait, aussi, des contraintes liées au tracé de la route, dont notamment l'existence de 22 habitations réparties sur 3 ou 4 foyers et un contentieux ayant trait à une petite parcelle relevant d'une EAI au lieu-dit ?Aïn Khedidja', non loin du carrefour où se croise le nouvel évitement avec (l'ancienne) corniche supérieure composée par le couple CW44-CW45. Il y a eu, relogement dans le 1er cas, expropriation dans le second. Facile à dire qu'à faire, plutôt.

Au crédit de l'actuel locataire de la résidence d'El-Bahia, on note son pressing au sens positif -c'est-à-dire en apportant les solutions et en accompagnant les intervenants avec, à la clé, un contact direct et au jour le jour avec le terrain, et non pas à coups de mises en demeure et de menaces de pénalités et de résiliation de contrat- qui a eu pour conséquences de redynamiser ce chantier et de le mener à bout dans un délai record par rapport au « reste à réaliser». Et il est fort à parier que si la méthode ?Chérifi' dans le suivi des chantiers BTPH, tout en particulier, était appliquée auparavant, l'évitement de Mers Et Kébir aurait été mis en service à temps et cela aurait eu par effet secondaire d'épargner à Oran bien des visites ministérielles où l'on se donne à cœur joie à la diatribe à l'égard des gestionnaires locaux, sous les feux des médias.

Amenagement et embellissement par effet d'entraînement

Par effet d'entraînement, c'est tout l'axe entre Sainte Clotide et Mers El Kébir qui a profité, sur le double plan « voirie et aménagement urbain » de l'arrivée de cette nouvelle route puisque cette section pénétrante de 2,5 km de la RN2 a fait peau neuve en la circonstance à la faveur d'une grande opération de relookage (giratoire, gazonnage, pavage, éclairage d'ambiance?). Ceci alors que le lot relatif à l'aménagement du talus longeant l'ouvrage d'art semble avoir des relents d'un bon chantier qui saura, a priori, respecter son délai, 9 mois. Pour un coût de 18,3 milliards, ce projet consiste à stabiliser le terrain aux abords du viaduc, éliminer les risques de glissement de terrain et de l'érosion, tout en remédiant aux ravinements de matériaux qui colmatent les exutoires et inondent la RN2, avec, à la clé, une végétalisation du monticule, de bout en bout. L'échangeur de Mers El-Kébir aura à faire transiter le flux dans le sens Oran/Aïn El-Turck, en contournant la ville de Mers El-Kébir, en orientant la corniche supérieure. L'automobiliste venant d'Oran aura, désormais l'embarras du choix d'itinéraires pour se rendre à la ville côtière d'Aïn El-Turck et ses environs (Bousfer, El-Ançor, les Andalouses, etc.). Il peut, soit emprunter la corniche supérieure via l'embranchement dit de ?Coca' soit prendre la RN2 via la Pêcherie -périmètre qui est en plein réaménagement d'ailleurs- longeant les falaises avec vue sur mer, tout au long du trajet, ou bien encore prendre la route des Tunnels et, une fois arrivé à l'entrée de Mers El-Kébir, à hauteur de la cité Longchamp, bifurquer via le nouvel échangeur pour contourner la ville et éviter, ainsi, l'encombrement de la circulation pour rallier la corniche supérieure à partir du lieu-dit ?Aïn Khedidja'.