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Rabah Madjer, ou la dure réalité du terrain

par A. L.

En vérité, pour le match face au Portugal, il ne fallait pas se faire d'illusions en ce qui concerne le résultat puisque c'est à partir de ce dernier qu'on juge le comportement d'une équipe. Et pourtant, après les violentes critiques à la suite de la défaite face au Cap-Vert, il s'est trouvé quelques observateurs à espérer une saine réaction des joueurs motivés, d'une part, par l'arrêt de ces critiques et, d'autre part, le désir de briller dans l'hypothèse, pour certains d'entre eux, d'un transfert bénéfique à tous points de vue. Or, encore une fois, les joueurs sont passés totalement à côté de la plaque. Les coéquipiers du capitaine Brahimi sont retombés dans leurs travers, oubliant complètement les « fondamentaux » du football telle la circulation du ballon par des passes précises. Mais pour que ces dernières se réalisent, il aurait fallu que les « appels » existent ! Une fois de plus, les choix de Rabah Madjer sont des plus contestables. L'exemple le plus frappant (entre autres) est celui de Ferhat, un ailier offensif soumis à toutes les sauces, tantôt milieu droit, tantôt défenseur latéral comme ce fut le cas vendredi face à Cristiano Ronaldo ! C'était une mesure carrément suicidaire pour ce joueur docile et utilisé contre nature. Compte tenu de la petite forme de Mahrez, Ferhat aurait peut-être apporté quelque chose à l'aile droite. Le problème de la défense est de plus en plus criard avec 10 buts encaissés en quatre matches. On supposait que Salhi serait capable de limiter les dégâts, en tout cas mieux que l'irrégulier Chaouchi. A propos de l'équipe, au départ on a eu du mal à déchiffrer la tactique prônée par le staff.

Ce qui est certain, c'est qu'il n'y avait aucun « liant » entre les compartiments. C'est un ensemble démembré qui a été entièrement dominé par des Portugais jouant pourtant au petit trop, de peur de subir une blessure à quelques jours du coup d'envoi de la Coupe du monde. Au milieu, personne n'a convaincu tandis que les attaquants tels Bounedjah, Slimani, Mahrez et Soudani, pas si longtemps considérés comme des buteurs, n'ont été que l'hombre d'eux-mêmes. C'est donc très inquiétant pour l'équipe nationale où les critiques se focalisent sur la faiblesse de la défense. En conférence de presse, Madjer a tenté de dédramatiser en soulignant qu'il s'agit d'un match amical et qu'on doit le juger sur la Gambie. Il a prétendu que l'équipe est en construction. Or, rien de ce qu'on a vu ne ressemblait à un début de construction, bien au contraire, au plus fort de la domination portugaise, les Verts semblaient errer sur le terrain. Alors lorsque Madjer affirme que ses joueurs ont donné le meilleur d'eux-mêmes, on se demande si on a vu le même match. Ou alors, ce meilleur d'eux-même est d'un niveau très médiocre. En vérité, Madjer et son staff ont fait la preuve de leur incapacité à choisir, gérer et mettre en place un semblant d'organisation. S'il existe un soupçon de circonstances atténuantes, c'est le climat général de crise qui pénaliserait les joueurs pourtant reconnus et expérimentés. Plusieurs d'entre eux, ne l'oublions pas, avaient fait douter l'Allemagne en 2014. C'était, certes, il y a quatre ans, mais il y avait un autre entraîneur, un vrai?