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Affaire de la vidéo anti-Bouteflika: Bruxelles exprime ses regrets

par Moncef Wafi

«Regrets», «enquête», le Parlement européen semble être revenu à de meilleurs sentiments concernant l'affaire de la vidéo enregistrée par la correspondante de la chaîne satellitaire Al-Hiwar TV, Layla Haddad-Lefèvre, à en croire le communiqué de l'ambassade d'Algérie à Bruxelles.

En effet, après la diffusion d'une vidéo critiquant le régime algérien avec l'incapacité physique du président de la République à assumer sa fonction, Alger avait vivement réagi, à travers sa représentation diplomatique à Bruxelles, à une vidéo, dénonçant le «détournement inacceptable» de symboles de l'Union européenne (UE) et du siège du Parlement européen pour «attenter à l'honneur et à la dignité des institutions» algériennes. On cite également des «démarches officielles pressantes auprès des responsables de différentes instances» de l'UE pour dénoncer «énergiquement» l'utilisation de l'espace réservé «aux journalistes professionnels» à des fins propagandistes. Le chef de cabinet du président du Parlement européen, Diego Canga Fano, «a exprimé à l'ambassadeur d'Algérie, Amar Belani, ses regrets suite à cet incident» en affirmant qu'«une enquête interne» a été menée par ses services pour connaître les circonstances dans lesquelles cette vidéo a été tournée, a indiqué l'ambassade. Une enquête qui a fait ressortir que «Mme Haddad-Lefèvre a délibérément enfreint les règles internes de l'institution et a abusé de la confiance des opérateurs du plateau de télévision du Parlement européen en dissimulant ses intentions malveillantes», a-t-on souligné. Selon la même source, la direction générale de la Communication au Parlement européen a adressé, suite à ce rapport, «une lettre d'avertissement» avant de lui interdire, jeudi dernier, à titre conservatoire, l'accès aux studios d'enregistrement de l'institution européenne. Une mesure appliquée «jusqu'à ce qu'elle rende compte de ses agissements irresponsables devant une commission appelée à statuer sur son accréditation», a-t-on encore affirmé.

Rappelons que cette affaire a failli déboucher sur un début de crise diplomatique entre Alger et Bruxelles suite au tweet de l'ambassadeur de l'UE à Alger, John O'Rourke, qui a été peu apprécié par les Algériens. Après la convocation de O'Rourke au siège des Affaires étrangères dimanche dernier pour demander à Bruxelles de «se démarquer» de la vidéo, l'ambassadeur de l'UE répond publiquement aux protestations algériennes. «Nous avons souligné aux autorités algériennes que les journalistes accrédités auprès des institutions européennes ne parlent pas au nom des institutions mais en leur propre nom, en ligne avec les principes de liberté d'expression et liberté des médias». Quant à l'ancienne correspondante de l'ENTV à Bruxelles, elle affirme avoir été attaquée par deux individus. «J'ai été victime le 4 juin 2018 au tour de 07h50 au pied de mon domicile personnel à Bruxelles, d'une agression verbale et physique par deux individus de type maghrébin», précise-t-elle.

Pour rappel, la vidéo de Layla Haddad, d'une durée de 3mn34, s'est attaqué ouvertement à la présidence de Bouteflika, mettant en avant son incapacité physique à gouverner et dénonçant «les barons du régime» qui ont pris en otage le pays?

La diplomatie algérienne n'a pas attendu longtemps pour réagir en regrettant que des symboles de l'UE et un siège de l'une de ses institutions aient «servi de cadre à cette misérable mise en scène». Le communiqué de l'ambassade d'Algérie à Bruxelles n'a pas été tendre avec Layla Haddad, qualifiée tour à tour de «pseudo-journaliste d'origine algérienne», d'«agent invétéré de la subversion et de la sédition», rappelant qu'elle a été congédiée de la télévision algérienne à cause de son «incivisme» et de son «comportement bipolaire». Amar Belani, évoquait, quant à lui, des «puissances étrangères hostiles à l'Algérie» qui se sont servies de «sa voix et sa plume mercenaires (Layla Haddad, ndlr)», ainsi qu'une «litanie de contrevérités suintant l'aigreur et la frustration (?) pour des raisons purement mercantiles et opportunistes».