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Algérie - UE: Un incident diplomatique peut-il se régler par un tweet ?

par Z. Mehdaoui

  L'Algérie a demandé lundi dernier une réaction officielle de Bruxelles concernant la diffusion par une ex-journaliste algérienne d'une vidéo hostile au président de la République, réalisée au siège même du parlement de l'Union européenne (UE). Les autorités algériennes semblent étonnées que le chef de la diplomatie européenne se soit servi de la plateforme d'un réseau social pour diffuser son message sur cette attaque de Mme Lefèvre, née Haddad, en contradiction avec le caractère plus réfléchi du message diplomatique et des pratiques diplomatiques établies.

Elles considèrent ainsi que ce message ne constitue pas une réponse officielle et de ce fait n'engage que son rédacteur, la personne de l'ambassadeur. A travers cette réplique, l'Algérie affiche donc son attachement à une approche sérieuse de la conduite des affaires étrangères entre les deux parties.

Dans sa démarche nuancée, l'ambassadeur voulait-il combiner positions officielle et avis personnel ou bien une manière pour lui de minimiser l'ampleur de ces agissements propagandistes provenant de surcroît d'une ressortissante belge et d'une institution européenne, ce qui rend de facto la situation plus complexe, pouvant déboucher sur de véritables tensions diplomatiques entre Alger et Bruxelles. Au risque même de dégénérer.

Nul doute que le diplomate n'est pas sans ignorer ces retombés et qu'en plus, un tweet ne peut se substituer à une déclaration officielle, comme l'exigent les normes diplomatiques habituelles, bien que le tweet ou autre technologie similaire et alternative soient aujourd'hui reconnus dans les échanges diplomatiques. Un incident diplomatique peut-il vraiment se régler par un tweet ?

En effet, la publication de Mme Lefèvre n'est pas un fait anodin mais un dérapage avéré qu'on ne peut que qualifier d'incident diplomatique, puisque diffusé à partir d'une tribune internationale officielle qui a servi au «complot» et qui suscite moult interrogations sur ses visées occultes.

Dans sa manœuvre, l'ex-journaliste de l'ENTV (Canal Algérie) n'est pas novice, elle avait déjà investi les plateaux de télévision étrangères à partir desquels elle critiquait le pays et ses dirigeants, notamment la chaîne El Magharibia connue pour ses émissions controversées. Aussi concernant sa dernière sortie dont le contenu a été mis en ligne depuis le mois de février dernier sur le site du journal électronique de l'opposition algérienne CNP dont Mme Lefévre est la principale modératrice.

Dans sa démarche sournoise, l'ex-journaliste de l'ENTV a-t-elle répondu à des injonctions. Elle a choisi une tribune internationale sans pour autant être inquiétée, pour déverser son venin sous couvert de l'humanisme, la démocratie, la liberté d'expression et l'égalité mondiale dont elle semble ignorer pourtant la notion.

L'intervention de l'ex-journaliste binationale, mariée à un gendarme bruxellois, porte à confusion : s'est-elle exprimée au nom du peuple algérien ou de la communauté européenne ? La seconde option est plus plausible puisque, arborant le drapeau étoilé de l'Union européenne, ce qui relève dans ce cas-là de l'ingérence dans les affaires interne du pays. Prétendre cependant s'adresser aux Algériens en tant qu'Algérienne, suppose au préalable de le faire à partir du pays d'origine.

Dans son discours acerbe, Mme Lefévre ne nous apprend rien. La santé du locataire d'El Mouradia n'est pas un secret ou une nouveauté pour les Algériens qui en sont conscients. Elle aurait peut-être fait mieux de profiter de cette tribune pour dénoncer les exactions que subissent nombres de pays à l'image de la Palestine, à titre indicatif, où des enfants innocents et sans défense sont tués de sang-froid par les sionistes, au mépris du droit international, devant l'indifférence de la communauté internationale, notamment européenne. Ne dit-on pas que Charité bien ordonnée commence par soi-même ?

L'intervention de Mme Haddad qui a voulu briller par son acte, a fini par griller sa carrière. Tel est pris qui croyait prendre !

L'Algérie n'est tout de même pas un terrain conquis?