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L’or se tasse

par Akram Belkaïd, Paris

Dans le discours boursier et financier, il est souvent fait référence aux «valeurs refuges». Comme leur nom l’indique, ces dernières sont censées apporter une protection contre les diverses incertitudes qui affectent les marchés. C’est le cas notamment de l’once d’or, longtemps considérée comme «la» valeur refuge par excellence.

Quand une crise menace, quand un conflit se déclenche ou bien même quand l’inflation fait des dégâts, le métal précieux demeure une sécurité pour l’avenir. Un bien impérissable dont la valeur peut certes diminuer mais jamais s’effondrer, du moins en théorie.

Hausse du dollar en vue

L’or est une valeur refuge depuis l’Antiquité. Plus près de nous, ce métal a longtemps garanti la valeur des monnaies, à commencer par le dollar américain. Et puis les marchés et la dérégulation ont pris le relais, notamment après que le gouvernement Nixon eut décidé d’abandonner la parité dollar-or au début des années 1970. Aujourd’hui, dans un contexte financier compliqué, l’or n’a pourtant plus le même attrait qu’il y a encore quelques années. L’once oscille autour des 1300 dollars, un niveau bien éloigné des 1900 dollars atteints en juillet 2011.

Le cas de l’or permet d’illustrer concrètement ces raisonnements simples qui décrivent le fonctionnement des marchés financiers où se mêlent plusieurs facteurs dont celui des stratégies décidées par les Banques centrales. Le point de départ ici est une corrélation presque toujours respectée : l’or et le dollar américain évoluent en sens inverse. Quand le billet vert est pris d’un accès de faiblesse, le cours du métal jaune grimpe. Et quand le dollar reprend des couleurs, l’once se replie. En ce moment, on passe d’une situation à l’autre en quelques jours et c’est lié à la politique monétaire de la Réserve fédérale américaine (Fed).

Cette dernière doit normalement encore augmenter ses taux cette année. Les investisseurs s’attendent à un ou deux relèvements supplémentaires. Ces anticipations haussières font monter le dollar. En effet, relever des taux fait que les rémunérations d’actifs libellés en dollars seront plus attrayantes. Le dollar est donc alors très recherché (au grand dam de certains pays émergents qui voient les capitaux quitter leurs places financières) ce qui pousse sa valeur vers le haut. Résultat, l’once de l’or est propulsée vers le bas. Dans le contexte actuel, il peut arriver pourtant que la Fed modère son ton ou bien qu’elle ne clarifie pas ses intentions. Du coup, la hausse du dollar est freinée tout comme la baisse du métal précieux.

Stratégie de court terme

Tout ce qui précède concerne des stratégies au quotidien où on peut perdre dès le lendemain ce que l’on a gagné la veille. Sur les marchés, les gains se font sur le court terme, notamment par l’exploitation des écarts et des variations de valeur. Un matin, un trader va anticiper la hausse de l’or mais il peut très bien modifier son approche l’après-midi même. Sur le long terme, et notamment pour les particuliers, le métal jaune reste une valeur plutôt sûre même si ceux qui sont entrés sur le marché au plus haut doivent se demander quand l’once se rapprochera de nouveau des 2000 dollars pour qu’ils soient de nouveau dans le vert. En tous les cas, cela ne sera pas cette année ou l’année prochaine, le métal jaune ne devant pas, selon les spécialistes, dépasser le seuil des 1500 dollars l’once.