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Le livre, une raison de vivre !

par Slemnia Bendaoud*

Ami fidèle, confident éternel ou roi-livre, il reste le même : imperturbable ! Ne s'encombrant nullement de tous ces fabuleux qualificatifs ! Car, il est très conscient de sa mission pour s'y consacrer sans jamais abdiquer : distillant savoir et grandes connaissances à toute l'humanité, sans jamais faire de sélection ni de distinction entre ses nombreux lecteurs.

A coup de feuillets effeuillés, il se déclame. Parfois, il se réclame ! Nonobstant le fait qu'il a une âme et qu'il clame ce désir de divertir, au travers des merveilles des mots qu'il suscite, il ne cesse de produire du bonheur et de la joie au lecteur qui le consulte ou l'ausculte.

Il crée souvent cette extase qui met ce dernier en phase avec son contenu pour vraiment bien apprécier son quotidien menu. En de toutes petites doses, il le met en osmose avec le sens et la profondeur de l'histoire qui lui est habillement racontée, le plus souvent inventée. Il dit juste, parle vrai, va souvent droit à l'essentiel, vouvoie ou tutoie tout son monde sans jamais le déranger ou l'importuner, même s'il lui arrive parfois à faire dans cette pure fiction, où chacun de ses nombreux lecteur se croit y être le personnage tout indiqué ou encore tout personnellement concerné par le sujet

Il est cet éternel compagnon, enveloppé dans des jolis fanions et très beaux rubans, celui qui ne dit jamais non à sa sollicitation par son farouche opposant au plan des idées qu'il distille et analyse.

Il le fait -il est vrai- avec une très grande rigueur, dextérité et bonne maîtrise des mots utilisés et, par extension, des sujets abordés, puisque toujours assuré de le convaincre sans grande peine, et sans avoir à le bousculer ou à vraiment l'influencer bien autrement. Il est chargé de transmettre, de génération en génération, ce très lourd fardeau et riche trésor que constitue le savoir, dans toute l'étendue de ses définitions, notions, motions, mentions, émotions et grande dimension.

Ecrit d'une main de maître, il contient en son sein le génie de ces superbes plumes qui hument à la volée la belle parole et le sens de l'implacable conviction au travers juste des mots qui chantent et des phrases qui enchantent, grâce à leur belle musicalité, très forte tonalité, légendaire utilité et très grande fertilité. Il fait honneur à celui qui peine vraiment à lui donner vie et une très juste existence jusqu'à lui assurer, en retour, et sans tarder, cette postérité séculaire longtemps partagée par les citoyens de tous bords et de tous les continents. Dans la peau d'un enfant authentique, emblématique, charismatique et très «classique», il sait tout faire pour toujours plaire à la fois à son Grand Maître et à ses nombreux lecteurs, tous pressés de le débusquer et de le provoquer d'un regard effaré et inquiet ou de complètement le dénuder jusqu'à toucher du doigt aux parties intimes du corps des sujets parfois brillamment traités et mis en valeur.

En enfant de bonne famille, il sacralise ce principe de ne jamais, plus tard et une fois bien majeur, lui demander (exiger) sa part à un quelconque héritage sauf celui purement biologique, étant très persuadé qu'il constituera lui-même à travers le temps et les futures générations cet autre héritage culturel inestimable qui profitera à toute l'humanité, sans distinction de race, de territoire et de religion.

Seulement, puisque souvent né sous cet autre toit de la famille hospitalière de «Madame la rotative» où il y aura à faire ses premiers pas et y grandir en futé produit intellectuel sous le statut et dans la forme d'un vrai pensionnat, il y restera très fidèle, ne sachant par conséquent qui choisir finalement entre sa mère biologique et naturelle et celle d'adoption.

Produit de la grande famille de la belle, riche, envoûtante et succulente littérature, il tachera -sa vie durant- à ne jamais s'écarter de produire ce savoir et cette formidable connaissance lesquels non seulement unissent entre elles ces deux dernières familles, mais aussi celles-ci au reste de toutes les familles du monde entier.

Dans son légendaire dictionnaire, il aura depuis sa naissance à jamais su bannir de son étoffé vocabulaire cette censure de l'information ou autre hypocrisie qui met en doute sa fidélité envers ses nombreux lecteurs, tous considérés sur un pied d'égalité et tous charmés par ce désir immense de le consulter à tout moment, et autant de fois que leur besoin se fait vraiment sentir. Très soucieux de la perfection à toujours apporter à son art d'exister qu'il réalise par ailleurs avec un grand amour du métier, il ne néglige jamais le moindre détail de nature à mieux faire percevoir les choses de la vie, sinon à bien expliquer les sujets qu'il traite profondément et très minutieusement dans leur ensemble, globalité et grande variété.

A sa toute hâtive consultation, il répond debout, ouvert et présent pour dire vrai justement, mais aussi pour produire séance tenante ou sur-le-champ cette utile information demandée, accompagnée de ses sources documentaires ainsi que ses différentes interprétations et autres sens donnés à l'expression usitée.

Raison pour laquelle tout le monde lui accorde cette grande importance jusqu'à bien souvent lui consacrer de très prestigieux salons, de cycliques foires, de très relevés forums où se rencontrent, se forgent et se croisent le fer les plus belles plumes de la planète.

A vol d'oiseau, il parcourt à grandes enjambées ou ininterrompues navettes l'immense planète et son très grand territoire, qu'il visite dans tous les sens et directions, bravant en véritable champion le mauvais temps et autres barrières naturelles et psychologiques, apportant à l'humanité de la lumière dans les idées mais aussi cette nécessaire dose d'espoir qui donne vie à ses nombreux consultants.

A vrai-dire, il est tellement précieux qu'il survit à son auteur, se détache de son point d'attache pour aller voyager bien loin de l'auvent de la maison, traversant des mers et des océans, grimpant de grandes chaînes de montagne ou courant les déserts les plus hantés ou ceux très convoités de l'humanité.

Mieux encore, il est ce tout précieux présent offert lors des somptueuses cérémonies sur des plateaux d'argent paré de ses fanions dorés aux très prestigieuses personnalités du monde entier, dans l'étoffe et la forme du meilleur cadeau que l'on doit aux grands seigneurs de la planète terre.

A sa moindre hâtive consultation, il se réveille et vous refile illico presto l'information demandée, dans toute sa précision et autres nombreuses interprétations, ne manquant pas de vous orienter vers d'autres manuels spécialisés en la matière.

Et si votre geste est gratuit, le conseil, lui, n'est guère fortuit ! Rompu aux grands idéaux des peuples et nations aspirant à leur indépendance, que consacre justement la liberté d'expression, il ne compte que des amis parmi l'humanité afin de combattre ensemble leur seul ennemi commun : l'ignorance, en l'occurrence !

Aussi précieux, sinon bien mieux que ces lingots d'or et autres prestigieuses parures dont disposent à satiété les très chouchoutées princesses des grands royaumes d'antan, il n'acceptera cependant jamais leur statut incommodant et très dévalorisant d'être tout le temps coffré, inutilement emprisonné, occasionnellement bradé ou même vulgairement échangé suite à un très bête coup de tête !

Des sous tout comme de leurs obscurs et très sombres dessous, il s'en moque royalement ou s'en offusque machinalement ! Il s'en fiche de leur triche à tout le temps courir après ces rusées et très lucratives niches d'enrichissement qui font pousser des ailes à ces nouveaux Seigneurs de riches d'une planète à la philosophe devenue à la longue désuète.

Seul témoin des grandes œuvres et autres choses importantes de la vie de ces très vieilles générations, il en conserve à travers le temps si minutieusement et très jalousement à la fois leurs précieuses archives et utiles documentations, telles ces solennelles déclarations d'où jaillissaient à coup de mots subtilement agencés la liberté des peuples autrefois longtemps opprimés.

A chaque rendez-vous de son habituel SILA (Salon International du Livre d'Alger), il est là à attendre impatiemment ou de pied ferme que son lecteur lui caresse à nouveau les rebords de sa nouvelle tunique de couverture aux couleurs de la saison, enfilée avec grand soin pour l'occasion, l'invitant à y entrer sans frapper et en toute tranquillité !

S'adressant aux riches comme aux pauvres de toute la planète, il leur tient un même langage et les traite de la même façon, n'accordant en revanche ses faveurs qu'à ceux dits privilégiés parmi l'humanité qui en font leur ami fidèle et tout désiré confident de tous les temps.

Dans sa version papier, forme très traditionnelle, ou encore dans celle dite moderne et très numérique, il ne fait pas de jaloux autour de lui : à la première catégorie de ses lecteurs il refile cette odeur des rotatives qui lui colle au nez, et à la seconde il offre cette commodité à s'en servir à tout moment bien loin de son antre de bibliothèque.

Il est le produit de ces mots magiques sans lesquels la vie n'aurait aucun sens. Il est le résultat de tant de postulats que la mathématique en force admet dans sa thématique de raisonnement. Il contient tous ces secrets de l'humanité qui font avancer les peuples, se développer des nations.

Continuer à l'ignorer, n'est autre que s'ignorer soi-même ! C'est plutôt s'égarer dans d'inutiles considérations. En tant que créateur de richesses inestimables et de grandes découvertes scientifiques dont profite l'humanité, il reste ce précieux support didactique qui fait vibrer les cœurs, cultiver les esprits, prospérer le progrès et avancer les peuples.

En bon ambassadeur des époques anciennes tout comme des temps modernes, il garde dans la totale discrétion, en son sein, ces secrets inviolables qui défient le temps, les royaumes et les gouvernants.

Quoiqu'on dise quoiqu'on fasse, il restera toujours ce témoin privilégié des temps anciens qui nous fera tout le temps face, arguments à l'appui ! Et quel que soit son prix, il n'est jamais évalué ou estimé à sa juste valeur ! Inculquer le savoir est cette noble mission que tout l'or du monde ne saurait égaler. Il est à saluer à chaque fois qu'on l'ouvre, le rouvre ou le découvre, grâce à sa grande utilité au profit de l'humanité. Il est cette raison de vivre qui nous rend vraiment ivre de sa savante culture et grande magie des mots dont il a ce grand secret de guérir avec les maux de notre société.

Et bien mieux qu'un fusil, la plume défend nettement mieux l'amour de la patrie. Son registre de gloire en atteste, à la fois, de la justesse de ses propos et cause défendue mais aussi de la vision éclairée que produit son encre fluide et très lucide, jamais placide ou écrivant dans le vide !

Si la plume est immortelle, la feuille bien écrite est un formidable tableau d'art. Un vrai chef-d'œuvre, un véritable best-seller, un magnifique thriller ! Les deux survivent à leur maître, traversent le temps et les générations, disent des vérités tangibles et contribuent au progrès social sous toutes ses formes et nombreux aspects.

La plume alerte voit droit à l'essentiel du sujet traité. La feuille expressive traduit une idée-force que le temps ne pourra jamais effacer ni altérer. Alors que la première a pour métier d'écrire, la seconde a pour fonction de servir de réceptacle à l'acte de transcrire.

Et les deux réunies contribuent volontairement et fondamentalement à l'essor de l'art de dire : le droit, une vérité, la science, les apparences et les dessous de toute conscience. Et, depuis que la plume est née, le monde renaît. Il le fait parfois a posteriori. A tout instant ! Lorsque les mauvaises consciences auront oublié des ères et des séquences entières de l'histoire de la contrée, c'est plutôt cette feuille autrefois bien écrite qui demeure ce témoin privilégié de la vie en société, remplaçant au pied-levé cette mémoire individuelle bien faillible ou très vieillie.

La feuille tient donc de l'histoire cette providence de bien l'évoquer à tout moment, à chaque instant. Souvent lorsque l'humanité exprime ce besoin très pressant et cette urgence hâtive à vouloir ressusciter l'histoire, sinon tout juste un pan de ce passé commun, à un moment bien précis de notre quotidien. Plume et feuille font donc combinées ou mélangées à elles-mêmes-pour le bien de l'humanité- ce bon ménage qui tient rigueur au temps, charriant à longueur de temps toutes ces vérités de l'histoire, la remarquable puissance de la science et l'évidence même des différentes composantes de notre grand univers.

Cela s'appelle donc une profession de choix, un métier de roi (le roi-livre, pour ainsi dire ou par excellence, en voulant tout juste paraphraser Shakespeare !) et l'avenir de toute une nation et sa culture, à perpétuer leurs ancestrales traditions à travers le temps et les nombreuses générations.

Incontestablement donc, la plume, comme la feuille, constitue l'élément essentiel de tout livre, tout le temps ouvert sur notre vie et sur l'avenir des êtres humains. Il est cette première marche par le biais de laquelle on accède, sans jamais se tromper, à ce long et sphéroïdal escalier du savoir.

Outre qu'il constitue un vrai ascenseur social vers la culture et toute autre forme de gloire spirituelle, rendant célèbres ces hommes et ces femmes doués ou suffisamment intelligents pour mener à bien leurs œuvres au sommet de leur art. Cette plume-là s'abreuve à l'encre du génie. Et cette feuille-là est une feuille faussement scribouillée. Le concours de ces deux éléments fait que le support du savoir le laisse bien gravé pour toute notre vie et même bien au-delà. Il porte en lui, enfoui dans ses tripes feuillées, le malheur ou la douleur de tout un peuple, l'honneur mais aussi le bonheur de toute une nation, ses appréhensions, et ses aspirations légitimes, durant plusieurs générations et de nombreux siècles. Elles sont faites pour la vie et durent toute une éternité, bien qu'elles soient conçues d'encre et de papier seulement.

En les parcourant, on est rapidement saisi par cette impression toute naturelle de s'être réapproprié une partie de nous-mêmes, d'avoir surtout à récupérer un bien très précieux, souvent de consistance immatérielle, dont on ignorait tout, jusqu'à son existence réelle ou supposée. Et si la feuille est à double face, renfermant en son sein deux bonnes pages, la plume, elle, est multifonctionnelle. Elle loue les mérites des uns et tire à boulets rouges et à bout portant sur ces autres, peu méritants et bien méchants, plutôt indésirables ou légalement condamnables, souvent auteurs d'actes répréhensibles qu'ils auraient intentionnellement commis sans le moindre regret.

Dessinant ou s'appliquant à en reproduire à la perfection une quelconque calligraphie, symbole d'une ancestrale culture, parfois l'une des plus anciennes de l'humanité, elle scrute ou découvre son univers ou ces horizons divers, reproduisant à merveille ces autres images de la vie en société, caricaturant leur contour ou ressuscitant leur âme au travers de son encre fluide, coulant à flots et marquant de ses signes son époque ou son temps.

Slalomant entre feuille et feuillet pour divulguer ses nombreux secrets, la plume sort de son plumier, et de l'antre désertée de son encrier, dressant habillement des tableaux de la vie, à travers des signes codés et bien muets ou des mots bien sonores véhiculant ces tons parfois difficiles à saisir avec précision leur sens et autre contexte évoqué ou juste ébréché et maladroitement écorché.

Ainsi, la plume fait aussi dans l'insinuation, effleurant astucieusement l'acte ou occultant à dessein l'évènement dans leur nature, afin de mieux montrer ou plutôt démontrer leur répercussion négative ou néfaste action dont souffre encore notre environnement qui gagnerait à être plus performant et mieux valorisé.

La plume hume l'art cursif pour en fin de compte bien s'y consacrer. Tout comme elle déplume son environnement, lui reprochant la moindre faute que commet l'être humain au préjudice de la société. A vrai-dire, la feuille constitue ces deux visages ou pages de la société : l'une complètement tournée et bien archivée, et l'autre, articulée mais pas totalement encore ouverte, et qui gagnerait à être bien finalisée. La première étant bien évidemment celle de notre passé, tandis que l'autre s'adresse à notre avenir commun. Notre présent ne constitue manifestement que ce lien obligatoire et subtil, sous forme d'une brève halte, imposée de droit entre les deux temps et mondes très distincts.

Lorsque tout sera, un jour, obscur ou bien sombre alentour, le livre restera notre seul fanal pour nous faire arrimer à bon port. Car, il nous procure de la lumière dans nos idées qui peut tout faire changer dans notre quotidien et raisonnement du moment !

* Auteur, traducteur