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Algérie - Union européenne: (en) jeux vidéos diplomatiques

par Bruxelles : M'hammedi Bouzina Med

Comment une vidéo, émise des coulisses du Parlement, affirmant que le chef de l'Etat est «maltraité» par son entourage et ses proches est devenue un incident diplomatique incompréhensible.

Ce qui, au départ, apparaissait comme une énième vidéo parmi bien d'autres, circulant sur la Toile du net, dénonçant le mythe d'un « clan » prenant en otage le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, sans que cela ne soulève la colère des autorités algériennes semble, pour le cas de la vidéo de Mme Leila Haddad, émise à partir des coulisses du Parlement européen, prendre des proportions politiques et diplomatiques démesurées, entre l'Algérie et l'Union européenne. Ainsi, après la vive protestation de l'ambassadeur d'Algérie auprès de l'UE (et du Benelux), M. Amar Belani, dès la diffusion de ladite vidéo, c'était autour du ministère des Affaires étrangères de convoquer, dimanche, l'ambassadeur de l'UE, à Alger pour lui exprimer toute l'indignation de l'Algérie et demander des explications sur les conditions de tournage de la vidéo : le lieu, c'est-à-dire les coulisses ( en fait l'allée centrale du bâtiment du Parlement européen de Bruxelles), ensuite le décor, c'est-à- dire l'usage et l'exposition de l'étendard de l'UE et enfin la procédure, c'est-à-dire la demande d'autorisation d'émission etc. Incontestablement c'est l'utilisation de l'emblème de l'UE associé au message de la journaliste qui lit son message au chef de l'Etat que semble interpréter les Autorités algériennes comme une « attaque » de l'UE envers le président algérien et son peuple. C'est hasardeux comme déduction politique tant il est vrai qu'il n'existe, aucune instance de censure de la presse par les responsable des institutions de l'UE ou autre remise en cause de la « liberté d'expression du journaliste » hormis les délits définis, du reste, par le code pénal de chaque pays européen ( racisme, discrimination, diffamation etc.) Du coup, ce sont, certainement, les mots, adjectifs et images usités par la journaliste, pour décrire l'état de santé du chef de l'Etat qui choquent, par leur intensité et leur « irrespect » d'un homme malade et handicapé et qui ont soulevé la colère des Autorités algériennes jusqu'à déclencher, rapidement, des actions diplomatiques. Car, les attaques contre le chef de l'Etat sont courantes, en Algérie même, y compris au travers des médias entre caricatures et discours violents de journalistes ou d'hommes politiques de l'opposition qu'il est incompréhensible pour le citoyen lambda de comprendre la réaction immédiate de la diplomatie algérienne dans le cas de Mme Haddad.

En Belgique, la vidéo a soulevé de vifs débats entre concitoyens. Il y a ceux qui partagent l'opinion de Mme Haddad et d'autres qui dénoncent et expriment leur colère et leur indignation, mais une majorité regrette la publicité faite autour de cette vidéo qui risque de devenir virale sur les réseaux sociaux. Déjà d'autres vidéos et des messages démontant celle de Mme Leila Haddad, en l'accusant d'agent à la solde de milieux hostiles à l'Algérie, de harki aux ordres d'un « clan » (parce qu'en Europe aussi il y a des clans) etc. Si la réaction des responsables de la diplomatie algérienne est compréhensive et légitime, il n'en reste pas moins qu'elle risque de donner plus d'écho et d'impact médiatique à la vidéo dénoncée. En attendant la réponse - réaction des responsables des instances de l'UE, il est à craindre que la ?bagarre' entre les pour et les contre va se poursuivre sur les réseaux sociaux et une certaine presse, sans oublier certains amis et voisins de l'Algérie. Rien ne sera épargné à l'Algérie les mois et jours à venir qui nous rapprochent de l'élection présidentielle du printemps prochain. Nous sommes avertis pour ne pas prêter le flanc aux provocations, à venir, et à défaut d'avoir une attitude proactive pour défendre le pays et ses intérêts, de s'armer de la plus grande prudence, notamment diplomatique.