Froids et timides durant la
première quinzaine de Ramadan, les Constantinois ont commencé à bouger, en ce
début de la 2ème quinzaine et sont entrés de plain-pied dans la période des
achats de l'Aid El-Fitr. «
Certains se sont cru malins en commençant les achats dès les premiers jours du
carême, voire avant le Ramadan, pour, croyaient-ils, échapper à l'inflation des
prix à l'approche de la fête, mais primo, ils n'étaient pas nombreux, secundo
ils ont constaté que les prix étaient aussi élevés», nous a expliqué, hier, un
vieux commerçant de la rue Larbi Ben-M'hidi, versé
dans les vêtements pour enfants. Hier donc, les magasins de vêtements pour
enfants du centre-ville de Constantine (ex-rue de France et son prolongement,
rue du 19 Juin, R'cif et Rahbet
Souf), ont été envahis par des femmes. Les avenues
marchandes, les grandes surfaces de la nouvelle ville Ali Mendjeli,
a-t-on appris, ont été envahies par des groupes de femmes venues d'abord
s'enquérir des nouveaux articles qu'on propose aux enfants, cette année et,
surtout, des prix pratiqués. Interrogé, un marchand de la rue Didouche Mourad (ex-rue de France )
dont le magasin débordait de clientes qui examinaient les articles en demandant
les prix, car ces derniers ne sont pas souvent affichés, s'est contenté de
répondre par des banalités. Puis il a commencé à se confesser, en considérant
que « le marché a été très versatile, durant ce Ramadan. La clientèle, aussi,
se montre, parfois, imprévisibles et incompréhensible ». Une mère de famille a
interrompu l'entretien, en jugeant que les prix pratiqués sont fort
raisonnables. « Je pense, a-t-elle dit que chacun pourra trouver ce qui lui
convient et ce qui convient à sa bourse ». Un short pour enfant de 2 à 4 ans à
750 DA, ensemble pour enfant de 4-5 ans à 1.500. Les robes filles à 2.500 DA.
Mais tous sont de bas de gamme. Le commerçant a reconnu que le marché a
commencé à « bouger » en cette 2ème quinzaine de Ramadan et la cliente que nous
avons prise en aparté, nous a confié que les commerçants ne jouent pas le jeu.
« Les prix affichés ne sont jamais les mêmes et vous serez surpris de les voir
augmentés de 100 ou de 200 DA, l'article une fois que l'affluence devienne plus
importante». Dans un autre magasin de la rue du 19 Juin, le propriétaire s'est
défendu de pratiquer des prix prohibitifs et il nous montra les articles qui
sont proposés : un pantacourt enfant de 4 à 6 ans, d'origine chinoise, est cédé
à 350 DA, de 6 à 8 ans à 550 DA, et ainsi de suite. « Les prix suivent la
qualité, a-t-il souligné. Mais à côté de cela nous
avons remarqué que les articles pour filles sont vendus à un prix élevé. Celui
d'une robe pour fillette de 3 ans, par exemple, et de gamme plus ou moins
appréciable, coûte entre 2.500 et 2.900 DA ». Le commerçant a indiqué, à ce
propos, que le prix suit et la gamme et l'origine (chinoise ou turque) du
produit. Dans un 3ème magasin, à la rue Didouche
Mourad, le marchand nous tiendra le même discours. Et se défendant, lui aussi
de pratiquer des prix élevés, il nous a invités à voir de nous-mêmes le niveau
des prix qu'il pratique. Mais en commentant la conjoncture économique et la
situation de la clientèle, Il a considéré que les ruées qu'il connaissait durant
les années passées, appartiennent, maintenant, à l'histoire. « Le centre de la
ville de Constantine s'est déplacé aujourd'hui, commence-t-il, et il se trouve
à Ali Mendjeli, à El-Khroub,
et ailleurs. D'autre part, la clientèle qui nous reste s'est appauvrie et
n'achète plus avec la même force qu'auparavant. La bourse des familles est
devenue plate à cause des augmentations de toutes sortes engendrées par la
crise économique. Si, nous maintenons des prix relativement bas c'est pour
pouvoir écouler notre marchandise ». Mais allez voir ailleurs, nous
invite-t-il, dans les grandes surface d'Ali Mendjeli
par exemple, « vous trouverez, couramment, un ensemble pour enfants de 4 ans
composé de 3 pièces qui dépasse facilement les 700 DA ». « Multipliez cela par
2 ou 3 enfants par famille et vous comprendrez pourquoi il y a maintenant cette
réticence des familles à l'achat. Les clients réfléchissent beaucoup
maintenant, ils visitent jusqu'à 5 magasins et comparent les prix avant de
décider à opter pour tel ou tel article », a-t-il
relevé.