Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Rupture totale entre Madjer et le public

par M. Benboua

A défaut d'un sursaut d'orgueil, qui aurait permis à la sélection de reconquérir les cœurs des supporters et à Rabah Madjer de regagner la confiance du public, les Verts ont, encore une fois, déçu en match amical vendredi au stade 5-Juillet d'Alger devant le Cap-Vert (2-3). Ainsi, après les deux dernières défaites face à l'Iran et à l'Arabie Saoudite, l'équipe nationale continue de manger son pain noir et a touché le fond cette fois avec, en sus, de nombreuses situations conflictuelles qui ne font qu'enfoncer davantage l'équipe, les joueurs, mais surtout le sélectionneur Rabah Madjer, qui s'accroche à son poste contre vents et marées. Avant-hier, et à l'exception de quelques actions offensives, qui ont permis d'entretenir l'illusion, les camarades de Brahimi se sont mis en difficulté.

Et pourtant, Madjer a bénéficié pour la première fois de l'ensemble de son effectif depuis son arrivée à la tête des Verts en octobre dernier, ce qui veut dire qu'il n'avait aucun droit à l'erreur, si l'on fait allusion à ses déclarations d'avant-match. « Ne me parlez pas des matches précédents. Aujourd'hui, nous sommes au complet et vous allez voir le vrai visage de l'équipe nationale », avait-il lancé en conférence de presse à Sidi Moussa la veille de la rencontre. Or, et en dépit de la disponibilité de quasiment de l'ensemble des joueurs, Madjer a encore une fois échoué à trouver des solutions face à une excellente équipe du Cap-Vert (58e au classement FIFA), et qui n'a pas volé sa victoire, il faut l'avouer. Au cours de cette rencontre, la défense algérienne était dans un jour sans, comme souvent d'ailleurs, alors que le compartiment offensif à raté un nombre incalculable d'occasions, notamment par Bounedjah. Mais pour convaincre un public de plus en plus exigeant et connaisseur, il ne fallait pas moins gagner avant-hier, mais convaincre, ce qui n'a pas été du tout le cas. Indiscipline tactique, mauvais positionnement, relances ratées, jeu brouillant et choix de joueurs inopportun. Voilà à quoi se résume la rencontre des Verts avec, en sus, une bévue monumentale du gardien de but Fawzi Chaouchi, considéré comme étant « le meilleur portier d'Afrique » par le sélectionneur, alors qu'il n'avait rien fait pour éviter à son équipe une déroute dont il est à moitié responsable.

Personne n'aurait aimé être à la place de Rabah Madjer, vendredi soir, lui qui fait déjà face à une grosse pression et a perdu le soutien même de ses proches collaborateurs, au point où Djamel Menad, son adjoint, est annoncé à la JSK. C'est décidément la rupture entre l'homme à la célèbre talonnade et le public sportif algérien, qui n'est pas allé avec le dos de la cuillère vendredi soir en demandant sa tête et réclamant haut et fort le retour de l'ancien sélectionneur, le Bosnien Vahid Halilhodzic. Mais ceux qui pensaient que Madjer allait finir par abdiquer et se retirer ont vite déchanté. « Je ne vais pas démissionner », ce dernier a ainsi mis fin au débat en conférence de presse.

Au niveau de la FAF, aucune décision n'a été prise, mais pour le bien du football national et celui de la sélection, Kheireddine Zetchi devrait sérieusement se pencher sur le sujet, car le malaise n'a que trop duré.

Le prochain match amical des Verts est prévu le 7 juin à Lisbonne face au Portugal (20h15), champion d'Europe en titre. Et c'est très inquiétant !