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Tirs croisés contre Ouyahia

par Z. Mehdaoui

  Le Premier ministre Ahmed Ouyahia fait l'objet d'une véritable campagne de dénigrement depuis quelques semaines.

En fait, cela semble être une campagne parfaitement orchestrée si on se réfère à la violence avec laquelle le Premier ministre, affabulé du sobriquet de «homme des sales besognes», est traité sur les réseaux sociaux mais aussi sur une certaine presse proche de certains centres de décision.

Le Premier ministre est accusé notamment d'avoir rédigé une loi de finances complémentaire (LFC) qui viserait, selon ses détracteurs, à «saigner» le citoyen et à enrichir davantage les «gros bonnets» qui gravitent autour du système.

Les «coûts exorbitants» des documents administratifs (Permis de conduire, carte grise, passeport biométrique, carte d'identité) que propose le projet de LFC, a suscité une véritable levée de boucliers sur les réseaux sociaux.

«Des spéculations distillées autour du projet de loi de finances complémentaire (LFC), non encore examiné par le Conseil des ministres, laissent croire que ce texte contient une augmentation des crédits budgétaires, ce qui est absolument faux», avait affirmé il y'a une semaine le Premier ministère sur son site web.

Excédé, selon toute vraisemblance, le Premier ministre ajoute que le budget de fonctionnement pour 2018 demeure inchangé avec 4.584,4 milliards DA, tel que voté à la fin 2017. A l'intérieur de ce montant, des rattachements de crédits ont été faits à partir de la provision budgétaire groupée appelée «charge commune» au profit de certains départements ministériels, sans plus, a expliqué le Premier ministère.

Le budget d'équipement pour 2018 demeure inchangé aussi avec 4043,3 milliards DA.

«Le seul élément nouveau introduit dans la loi de finances complémentaire concerne les autorisations de programmes pour lesquelles un montant supplémentaires de 500 milliards DA est proposé», avaient précisé les services du Premier ministère qui soulignent en ce sens que «chacun peut constater qu'à travers le projet de loi de finances complémentaire, le gouvernement demeure attaché à la rationalisation du budget de l'Etat pour parvenir à la restauration de son équilibre à l'horizon 2022».

Mais cette «mise au point» n'a pas, semble-t-il, suffi à calmer les ardeurs. Le Premier ministre, qui n'est en réalité que le bras exécutif de la présidence de la République, est attaqué sur les coûts des documents administratifs. Des voix anonymes sur les réseaux sociaux, notamment Facebook, appellent à ne pas s'acquitter des redevances en accusant le Premier ministre de travailler contre les intérêts de la population.

Ces «voix» ont, semble-t-il, réussi à infléchir le gouvernement puisque le Conseil des ministres prévu jeudi dernier pour examiner justement la LFC a été reporté sin die.

A Alger, des «rumeurs» distillées sciemment bien évidement font état d'un désaccord entre Ouyahia et le chef de l'Etat à propos de cette LFC qui fait couler beaucoup d'encre d'où justement le report de la réunion du gouvernement.

«Le Président aurait désapprouvé cette pression fiscale sur le citoyen au moment où la situation économique est moins tendue et que les perspectives en général sont prometteuses». C'est ce discours qui sonne par ailleurs un peu creux qui circule dans certains cercles dans la capitale.

Ouyahia a-t-il réellement annulé son Conseil du gouvernement à cause de prétendues «remontrances» de la présidence de la République ? Difficile de le croire, sachant pertinemment que le Premier ministre ne peut rien faire sans l'aval du chef de l'Etat.

En fait, tout porte à croire que toute cette campagne ne vise en réalité que la personne d'Ouyahia. Certains sont déjà hantés par l'échéance de 2019.