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Ouyahia: Les mesures de sauvegarde permettent de faire durer les réserves de changes

par Yazid Alilat

  Le rapport sur la stratégie nationale des exportations devrait être finalisé avant la fin 2018, ce qui va permettre de soumettre au gouvernement une vision concertée sur cette question, a annoncé jeudi le ministre du Commerce, Said Djellab.

Il a précisé en marge de la cérémonie de remise du trophée de la meilleure entreprise algérienne exportatrice hors hydrocarbures pour l?exercice 2017 (Trophée Export 2017) que «nous espérons recevoir au cours de cette année le rapport définitif relatif à la stratégie nationale des exportations, après trois sessions d'intenses travaux qui ont connu la participation de l'ensemble des parties concernées». Cela «nous permettra de remettre au gouvernement une vision concertée sur cette question», a ajouté le ministre. Ce rapport a été élaboré par le ministère du Commerce, en collaboration avec le Centre du commerce international de Genève, pour une stratégie nationale quinquennale, devant être appliqué au début de 2019 et s'étaler jusqu'à 2023. L'objectif principal étant évidemment d'encourager et diversifier les exportations hors hydrocarbures. «Cette action primordiale permettra la diversification des exportations algériennes pour renforcer leur résilience et leur durabilité», précise-t-il avant de faire remarquer que la feuille de route de la Stratégie nationale des exportations devra aussi s'étaler sur l'amélioration du climat des affaires pour attirer l'investissement et renforcer la compétitivité des entreprises et les aider à intégrer les chaînes de valeur mondiales, le renforcement des capacités et de la qualité de gestion des entreprises orientées vers l'export.

Selon M. Djellab, le ministère du Commerce a fixé trois principaux objectifs pour contribuer à la promotion des exportations hors hydrocarbures : l'actualisation du cadre juridique et réglementaire régissant tous les aspects à l'export, la révision et l'élargissement du soutien au profit des opérateurs nationaux pour se conformer aux standards internationaux et répondre aux défis de la concurrence internationale, ainsi que le renforcement du cadre institutionnel pour le suivi et l'encouragement des exportations notamment à travers l'amélioration des instruments d'appui au profit des entreprises exportatrices. C'est ce qui a motivé, a-t-il dit, la révision du fonctionnement du Fonds spécial pour la promotion des exportations (FSPE) pour élargir le champ d'application du dispositif existant et l'ouverture de nouvelles rubriques plus encourageantes avec effet direct sur l'acte d'exportation.

En outre, le ministère envisage également de mettre en place progressivement d'autres aides de l'Etat, notamment pour les études des marchés extérieurs et l'amélioration des produits et des services destinés à l'exportation. Il y a aussi, ajoute-t-il, la révision du dispositif de soutien aux foires et manifestations économiques à l'étranger, estimant que le soutien du FSPE devrait s'orienter vers des salons spécialisés. M. Said Djellab a ainsi rappelé le constat de tous les experts: la situation des exportations algériennes se caractérise par une domination des hydrocarbures, qui représentent la quasi-totalité des expéditions à l'international en 2017, soit 97% du volume global des exportations du pays. Quant aux exportations hors hydrocarbures, elles «demeurent marginales» en 2017 mais ont tout de même enregistré une augmentation par rapport à 2016, ajoute M. Djellab.

Les exportations se sont établies à 34,76 milliards de dollars en 2017, dont 32,86 md de dollars pour les hydrocarbures (94,54%), alors que les exportations hors hydrocarbures se sont établies à 1,89 milliard de dollars, en hausse de 5,21% par rapport à 2016. Estimant qu'il reste «beaucoup de choses à accomplir» en matière d'exportations hors hydrocarbures, le ministre à appelé les entreprises publiques et privées à contribuer «pleinement» à la promotion des exportations hors hydrocarbures en dépassant le cap du marché local pour se déployer sur les marchés extérieurs.

Marchés extérieurs, la mère des batailles

De son côté, le Premier ministre Ahmed Ouyahia, a souligné au cours de la même cérémonie du Trophy Expert Award 2017, que la bataille de l'économie nationale est de conquérir des marchés à l'extérieur, assurant les opérateurs économiques du soutien du gouvernement dans leur conquête. «Les fluctuations actuelles des prix des hydrocarbures et l'extinction irréversible des hydrocarbures en Algérie soulignent que le moment est venu pour se libérer de plus en plus de l'économie de la rente», estime M Ouyahia pour qui les exportations hors hydrocarbures sont «un impératif». C'est, a-t-il dit, une phase nouvelle dans le mouvement de l'économie nationale et une perspective forte pour le devenir du pays en général et de son économie en particulier. Le Premier ministre a rappelé ainsi les deux grands chocs pétroliers qui avaient fortement ébranlé l'économie nationale en 1986 et 1988 avec une chute des cours de pétrole jusqu'à 10 dollars/baril, puis tout récemment en 2014, avec un affaissement des cours, passant de 140-120 dollars/baril à moins de 50 dollars/baril. «Si en 1988 la bataille était de pouvoir approvisionner le marché local, la bataille en 2018 est de conquérir des marchés à l'extérieur», «l'acte d'exportation hors-hydrocarbures est une étape qualitative dans le développement de l'économie nationale». «Quand je parle des perspectives prometteuses, j'ai tendance dans mes convictions personnelles à comparer mon pays à un géant qui ne met en valeur qu'une infime partie de ses capacités et c'est le besoin qui est en train de réveiller ce géant», relève M. Ouyahia. «Les mesures de sauvegarde de l'économie nationale nous permettent de faire durer au maximum les réserves de changes du pays, mais offrent également le marché national aux opérateurs économiques nationaux pour gagner des parts de marché à domicile et pour être plus forts à l'extérieur». Le Premier ministre a invité par ailleurs les opérateurs spécialisés dans l'export à «réfléchir à une politique plus agressive et d'une manière mieux organisée en matière d'approche des marchés étrangers». «Il y a quelques années, nous avons commencé à sortir avec des produits agroalimentaires, suivis de produits électroménagers, nous en sommes aujourd'hui au ciment, nous y serons bientôt à la sidérurgie et d'autres produits. C'est important».

Le Premier ministre appelle les opérateurs économiques à se diriger vers la communauté algérienne établie un peu partout dans le monde, «qui peut être un relais pour la promotion des produits algériens», ainsi que «les communautés des anciens de l'Algérie à l'étranger, qui peuvent ouvrir des portes pour approcher des marchés extérieurs». Il a cependant relevé que le World Trade Center Algérie «n'est pas beaucoup utilisé». Le gouvernement «sera à vos côtés pour vous accompagner dans la promotion des capacités exportatrices nationales», a-t-il encore lancé aux opérateurs. Le Premier ministre annonce que l'Etat commencera dans quelques années à graduer le soutien à l'exportation, selon la valeur ajoutée. «Celui qui exporte un produit 100% algérien bénéficiera du soutien le plus important, celui qui fait de l'intégration bénéficiera d'un soutien à la hauteur de son taux d'intégration, celui qui fait du simple façonnage, aura accès à un bénéfice qui reflète le niveau de sa plus-value», a t-il expliqué.