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Sonatrach: Du pétrole à Béchar à l'«inépuisable» Hassi Messaoud

par Envoyée Spéciale A Hassi Messaoud : Ghania Oukazi

  La Sonatrach vient de découvrir du pétrole à Béchar, dans la région de Taghit. «Même si ce sont quelques gouttes, c'est très prometteur,» estime le Président-directeur général du groupe.

«On a foré trois ou quatre puits mais ils étaient totalement secs, on commençait à désespérer, mais avec la découverte de cette semaine, même si ce sont quelques gouttes, ça peut être très prometteur, c'est très intéressant, il faudra qu'on travaille encore plus,» a déclaré Abdelmoumène Ould Kaddour, à la presse, lors de sa visite, jeudi dernier, à Hassi Messaoud. Le P-DG de la Sonatrach continue, ainsi, à sillonner les wilayas pour expliquer la stratégie du groupe à l'horizon 2020-2030. «On veut aller vers les gens pour leur expliquer la stratégie SH 2030, en contrepartie, j'attends qu'il y ait une adhésion totale des travailleurs, à la démarche qui est ouverte à toutes les remarques (?),» dit-il. Il prévient, cependant, que «c'est une stratégie qui définit sur le long terme ce que nous voulons faire, nos moyens, nos objectifs, c'est encore de la théorie, on va passer à sa réalisation, sa mise en pratique est très compliquée, c'est complexe parce qu'il faut des hommes, c'est là où on va voir notre ingéniosité.» A la fin de la présentation de la stratégie aux personnels du secteur, dans la base vie du ?24 Février', Ould Kaddour a averti qu'«il faut que les travailleurs s'approprient la stratégie, il y a 40 millions d'Algériens qui veulent être à la place des 40.000 travailleurs de l'Entreprise-mère, Sonatrach appartient à tous les Algériens, il faut qu'ils sachent ce que fait le groupe, il n'y a jamais de risque zéro, c'est pour cela qu'il faut sensibiliser tout le monde, il faut que la stratégie soit portée par tous les employés.» Il ne cache pas que «mettre en action ce que nous avons conçu, depuis 14 mois, n'est pas facile, la motivation et l'engagement, de nous tous, sont impératifs, si nous voulons être parmi les meilleurs, il faut qu'on travaille durement et ensemble, c'est fondamental, on est ensemble pour le meilleur et pour? le meilleur.» Il fait savoir que «la nouvelle organisation de Sonatrach sera mise en place dans un mois, au plus tard, mais elle n'est qu'un outil, le plus important, ce sont les employés, leur formation.» Entre autres volets inclus, dans la stratégie le e-Learning, qu'il qualifie d' «instrument de travail, extrêmement, important pour la formation des personnels du groupe.»

Sonatrach se met à l'apprentissage digital

Mohamed Malek qui s'en charge le définit comme «une plate-forme, un environnement numérique pour gérer l'ensemble des processus d'apprentissage (?), c'est un programme de formation piloté par Sonatrach Management Academy.» C'est «une transformation digitale qui contribue, grandement, dans la chaîne des valeurs (forage, exploration, commercialisation?) qui permet de gagner, en efficacité, et en réduction des coûts.» Le digital est pour Sonatrach «le catalyseur du changement.» Le groupe pétro-gazier promet à ses ressources humaines «des carrières plus attractives et différenciées, des récompenses justes et objectives (?), des filiales claires et adaptées, des parcours accompagnés, des salaires conséquents.» L'objectif étant, en évidence, d'éviter à Sonatrach des hémorragies de compétences comme ce fût le cas, ces dernières années, comme souligné par son P-DG. «Plus de 10.000 employés ont quitté, partis à la retraite, ou pour travailler ailleurs, on ne plus se permettre tant de départs, on doit sensibiliser tout le monde, jouer sur le côté nationaliste (?).» Il estime ainsi que «c'est impératif de redresser les fondamentaux de l'entreprise, passer de la compétence à l'excellence, c'est une profonde transformation des activités, des processus clés et de la culture de Sonatrach.» Des cadres se plaignent du manque d'ingénieurs dans le forage. «Au début des années 2000, nous avons foré 4 puits par an, dès 2010, on en a foré 3 seulement, toujours à Hassi Rmel et Hassi Messaoud, on n'a pas changé de champs d'activités, en plus on n'a que quelques ingénieurs pour une dizaine de puits,» relève l'un d'eux. «Les métiers de forage ont été perdus en raison du départ d'un nombre important de cadres vers le Moyen-Orient où les salaires sont plus intéressants,» nous dit, encore, un employé du nouveau site S1 de production de Hassi Messaoud, mis en marche en mars dernier. En plus des recrutements de compétences que Sonatrach sera tenue d'entreprendre pour réaliser sa stratégie 2030, il est mis l'accent sur les écoles de formation dont une a été visitée, jeudi dernier, par le P-DG. «L'école de l'ENTP est quelque chose de très important dans la stratégie de Sonatrach, l'humain en est l'élément le plus important,» a-t-il noté, lors d'un point de presse qu'il a animé après ?Iftar' à Hassi Messaoud. Il avait fait, aussi, référence à l'unité de satellite qu'il avait inspectée et qui, a-t-il expliqué «permet de débloquer les réseaux de collecte de pétrole brut.» Sa halte à l'ENTP lui fait dire que «les capacités locales doivent permettre à Sonatrach d'atteindre des niveaux d'intégration industrielles appréciables, à travers la réalisation de nos projets.» ENAFOR est cette autre entreprise dans laquelle il s'est rendu. Créée en 1982, après la restructuration de Sonatrach, l'entreprise est chargée des forages d'exploration, du développement des hydrocarbures, des opérations d'entretien des puits producteurs (?).» ENAFOR a acquis, en 2017, l'appareil de forage le plus puissant (3000 HP) qui, dit un responsable «opère sur les champs de Berkine.» Ould Kaddour insiste sur le redéploiement de Sonatrach «pour s'intégrer dans le contexte mondial, il faut qu'elle sorte du contexte algéro-algérien, ?Augusta' (la raffinerie acquise en Italie) est un de ses projets structurants à l'étranger, il y en aura d'autres.» Il faut, selon lui, que «Sonatrach figure, à l'horizon 2030, dans le top des 5 plus grandes sociétés dans le monde.» Hassi Messaoud produit aujourd'hui 400.000 barils/jour. De nouvelles technologies viennent d'être acquises pour augmenter la production de 100.000 b/j. «On va mettre le paquet pour qu'on arrive jusqu'à 500.000 b/j,» dit le P-DG.

Il reste à Hassi Messaoud 55 ans de vie

«Sonatrach a des atouts incontestables mais qui ne suffisent plus (?),» avait relevé, tout au début de la conférence, à Hassi Messaoud, le chef de projet de la stratégie SH 2030. Fethi Arabi, Malek, Kharkoubi, Khanfar, Bencherif et Obèche se sont relayés pour en expliquer l'ensemble des volets. «La stratégie a commencé à être lancée, à la fin du mois de septembre 2017, 18 projets sont déjà mis en marche à cet effet,» a précisé l'un d'entre eux. Arabi a noté que «toutes les activités, en amont et en aval, sont concernées, nous voulons doubler le volume des découvertes, à l'horizon 2020-2021, doubler la productivité, éviter 3 milliards de dollars de manque à gagner, à l'entreprise, et ce, grâce à nos projets industriels (?), nous avons des ressources offshore en Méditerranée, nous devons aller vers la transition énergétique (?).» Khanfar, chargé du volet exploration, affirme que «le premier maillon des hydrocarbures est réalisé sur le conventionnel, depuis une soixantaine d'années, des hydrocarbures, en évidence tarissables, il devient ainsi, de plus en plus difficile, de faire des découvertes de grande taille.» La suggestion est toute indiquée «il faut utiliser les moyens qu'il faut pour exploiter les ressources, non conventionnelles,» dit-il. Il assure que «nous avons beaucoup de paramètres, un potentiel important, l'Algérie est classée à la 3ème position dans le monde, nous avons 22.000 milliards de m³ de réserves d'hydrocarbures, c'est assez pour faire 6 à 7 fois le volume de Hassi R'Mel, il faut réfléchir sur les ressources non conventionnelles, on a besoin d'expertise, nous pouvons aussi produire à l'horizon 2030, 30 milliards de m³ en offshore en Méditerranée qui s'étale sur 100.000 km², on n'y a pas touché (?), on doit s'inscrire dans un ?mix' énergétique, on doit y aller.». Il cite les deux projets : l'un avec ENIE de 10 Mgawt et le second avec Total de 7 Mgawt. Khanfar fait savoir que «nous avons foré 500 puits, ces dernières années, c'est trop, nous avions une production de 7 à 9 millions TEP, alors qu'il y a 10 ans, on en avait entre 13 et 15 millions TEP.» Il recommande de diminuer la cadence des forages, les nouvelles technologies nous assureront plus de production.»

Kerkobi estime qu'«avec des calculs techniques, il reste, encore à Hassi Messaoud, 55 ans, de vie, calcul fait sur la base du rapport réserves à ce qui est produit, on en a encore pour 2 générations.» L'on note que Hassi Messaoud fait toujours vivre ses habitants sur les pipes. La nouvelle ville dont la réalisation a été décidée, il y a de longues années, n'a toujours pas vu le jour.