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L'Université algérienne, la peur de l'administration face aux étudiants: un danger pour la gestion pédagogique

par H. K.

  Nous sommes le dimanche 13 mai 2018, il est 8h30 et l'entrée de la faculté de Technologie de Tlemcen est bloquée par un petit groupe d'étudiants (environ une dizaine) brandissant une banderole d'une association d'étudiants et empêchant les étudiants ainsi que tout le personnel académique et administratif d'accéder à l'intérieur de la faculté.

Ce dimanche matin, à 9h00 pile, les examens sanctionnant le deuxième semestre de l'année 2017/2018 étaient censés commencer, mais à 9h00 l'accès est toujours bloqué. Le motif de cette «grève» d'étudiants, leur exclusion de certaines matières pour cause d'absentéisme à répétition.

Sachant que l'arrêté 711 du 3 novembre 2011 fixant les règles d'organisation et de gestion pédagogiques communes aux études universitaires en vue de l'obtention des diplômes de licence et de master prévoit, selon les articles 24, 25, et 27 que l'assiduité aux travaux dirigés (TD) et aux travaux pratiques (TP) est obligatoire tout au long du semestre, que trois absences non justifiées ou cinq absences même justifiées aux séances de TD d'une matière entraînent l'exclusion de la matière au titre du semestre en cours, et que les absences non justifiées à plus du tiers (1/3) des séances de TP entraînent l'exclusion de la matière au titre du semestre en cours, cette «grève» n'avait aucune légitimité car les étudiants en question avaient largement dépassé le nombre d'absences autorisé par le règlement. Malgré cela, le secrétaire général de la faculté a quand même entrepris un dialogue avec eux et leur a promis une réunion avec M. le Doyen à 10h00, à condition qu'ils ouvrent l'accès de la faculté ; chose qu'ils ont exécutée et à 9h15 tout le monde a pu rentrer et les examens ont pu avoir lieu avec une demi-heure de décalage dans l'horaire.

Suite à cette réunion, une décision surréaliste et calomnieuse a été prise par M. le Doyen de la faculté, qui a consisté à amnistier tous les étudiants exclus tout en ouvrant droit à une séance de rattrapage d'examen pour les étudiants grévistes ayant raté les examens du dimanche 13/05/2018 à cause de la réunion.

Un précédent qui risque d'installer un environnement dangereux et hostile aux enseignants ayant bien fait leur travail en effectuant un contrôle d'assiduité afin de prendre en compte les absences dans la procédure d'évaluation.

Suite à cet événement, j'aimerais lancer en tant qu'enseignant un débat à caractère moral et très important pour l'avenir de l'enseignement supérieur algérien:

- Doit-on avoir peur des étudiants ? Ou doit-on, en tant qu'enseignants, avoir peur de l'administration qui prend toujours le parti des étudiants pour acheter une paix sociale en sacrifiant tout notre travail ?