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Condamné à 7 ans de prison en première instance: L'agresseur au couteau du jardin des Amandiers écope de 8 ans, en appel

par M. Nadir

  Le Tribunal criminel d'appel d'Oran a examiné, hier, une affaire dans laquelle D. Houari, 20 ans, était poursuivi pour tentative de meurtre, au couteau, sur la personne de H. Youcef drame survenu, en septembre 2016, dans le quartier ?Les Amandiers'. En janvier dernier, le jeune accusé avait été jugé en première instance par le tribunal criminel et condamné à 7 ans de prison ferme alors que le ministère public avait requis 15 ans de réclusion. Insatisfaites, les trois parties en procès (défense, partie civile et ministère public) ont fait appel de la décision?

Les faits remontent, donc, au 8 septembre 2016 lorsque H. Youcef tente d'intervenir en faveur d'un adolescent des ?Amandiers' qui se faisait gifler par des jeunes du quartier dans un jardin de la cité, situé près d'un établissement scolaire. Ce faisant, Youcef reçoit un coup de couteau à la poitrine, asséné par l'un des jeunes qui prend rapidement la fuite. Youcef titube en direction de Nasreddine, un voisin auquel il demande de l'emmener à l'hôpital. L'évacuation rapide sauve la vie de Youcef qui, dès son admission au CHU d'Oran, subit une opération chirurgicale qui lui évite la mort. Un certificat d'incapacité de 60 jours lui sera remis par l'établissement hospitalier. L'agresseur sera arrêté, une semaine plus tard : il s'agit de D. Houari, 19 ans, soudeur, vivant avec sa famille dans un bidonville de la région. Interrogé, il ne niera pas son acte qu'il justifiera, par son désir de défendre son ami avant de prétendre qu'il ne savait pas ce qu'il faisait étant donné qu'il était sous l'effet de psychotropes.

Il ne peut nier être l'auteur de l'agression, d'autant plus que la police a découvert sur lui le couteau avec lequel il a failli ôter la vie à Youcef. A la barre, hier, D. Houari, maintient ses déclarations du premier procès selon lesquelles il n'avait pas l'intention de tuer et ne savait pas ce qu'il faisait, étant donné qu'il était sous l'effet des psychotropes. Interrogé sur le port du couteau, il répétera qu'il était ainsi armé pour se défendre.

Dans un réquisitoire impitoyable, le représentant du parquet requerra la prison à perpétuité pour ce jeune qui aurait pu donner la mort, n'était-ce l'intervention rapide du voisin Nasreddine, circule un couteau dans la poche et consomme des psychotropes : «Les faits sont, extrêmement, graves et l'accusé avait réellement l'intention de tuer», assènera-t-il en réclamant la peine maximale. L'avocate de la défense, elle, commencera par s'interroger si les chefs d'accusations retenus correspondent au faits : «Notre client ne connaissait pas la victime, n'avait donc pas de différend avec elle, et il n'est pas allé chercher le couteau pour le frapper. Où sont alors la préméditation et la volonté de tuer ?» demandera-t-elle en affirmant que le drame s'est produit de manière accidentelle pour tenter, ensuite, de faire accréditer la thèse de coups et blessures volontaires et n'ont pas de tentative de meurtre. Elle admettra que son client a commis un crime mais au regard des arguments avancés, précédemment, elle rejettera l'intention de tuer et demandera les circonstances atténuantes pour son jeune client. Après délibérations, le tribunal criminel d'appel condamnera D. Houari à 8 ans de prison à l'issue d'un procès marqué par l'absence de la victime et du témoin.