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Au fil... des jours - Communication politique : nouvelles du front ! (Suite et fin)

par Belkacem Ahcene-Djaballah

Dimanche 22 avril 2018 :

L'ex-ambassadeur de Russie au Qatar (en poste jusqu'en mars 2012), Vladimir Titorenko, a jeté un pavé dans la mare (Russia Today ), en révélant le rôle exact qu'a joué le prédicateur égypto-qatari, Youssef Al-Qaradawi, dans les mouvements insurrectionnels de 2011 qui ont secoué nombre de pays au Maghreb et au Moyen-Orient. Il aurait demandé au gouvernement qatari d'injecter des sommes d'argent à l'opposition égyptienne (Frères musulmans) en guise de soutien à l'insurrection... et il aurait demandé (il l'a «entendu») au chef de cabinet de l'émir, d'ordonner à la chaîne Al Jazeera de diffuser «davantage de séquences atroces et d'images d'enfants et de femmes massacrés en Syrie». Bien sûr, Cheikh Al-Qaradawi a vite démenti... Peut-on le croire ?

Mardi 24 avril 2018 :

L'actrice israélo-américaine de 36 ans, Natalie Portman, Oscar de la meilleure actrice en 2010, a annoncé vendredi 20 avril qu'elle renonçait à se rendre en Israël pour recevoir le prix Genesis, parfois appelé pompeusement le «prix Nobel juif», qui récompense le travail et le dévouement d'une personnalité envers la communauté et les valeurs juives. «J'ai choisi de ne pas participer parce que je ne voulais pas apparaître comme soutenant Benjamin Netanyahu, qui devait faire un discours à la cérémonie», a indiqué dans un communiqué l'actrice israélo-américaine de 36 ans. Si elle n'a pas évoqué directement le sort des Gazaouis, dont 40 sont morts depuis le début de la «marche du retour», Natalie Portman a fait savoir qu'elle s'opposait «à la violence, à la corruption, aux inégalités et à l'abus de pouvoir».

Une leçon de morale que n'a pas goûtée l'ultra-droite isrélienne. Et, un député du Likoud a même demandé que l'artiste soit déchue de sa nationalité. Et, Yuval Steinitz, ministre des Infrastructures et proche de Netanyahu, a même franchi un cap dans la violence en accusant Natalie Portman d'avoir «une relation avec Israël proche de l'antisémitisme» et de «collaborer avec ceux qui (les) haïssent».

Heureusement, quelques personnalités israéliennes ont volé au secours de l'actrice. «On sent qu'elle a choisi ses mots, son communiqué est très mesuré. Mais je ne suis pas étonné par la violence de la réaction : ce gouvernement n'est pas rationnel, il tire à vue sans poser de question» explique le réalisateur israélien Amos Gitaï,. Et de conclure : «Alors que le rôle de l'artiste, s'il tient à son pays, c'est d'avoir un rapport critique à celui-ci. Ou alors on fait des relations publiques?»

Mercredi 25 avril 2018 :

«Il y a un accroissement des sentiments haineux à l'encontre des journalistes" dans le monde, révèle le classement mondial de la liberté de la presse 2018, établi par (RSF) Reporters sans frontières et publié mercredi 25 avril. Ce nouveau baromètre de RSF montre que l'hostilité des dirigeants politiques contre les médias, n'est pas le seul fait des pays autoritaires.

La presse devient clairement la cible de chefs d'État même élus démocratiquement, dénonce Reporters sans frontières. L'ONG prend l'exemple des États-Unis, 45ème dans ce classement après avoir reculé de deux places. Donald Trump est "adepte d'un 'media-bashing' décomplexé", explique RSF dans son baromètre. Le président américain a même qualifié les reporters d'"ennemis du peuple", une formule utilisée autrefois par Joseph Staline. En 2017, 34 journalistes ont été arrêtés aux États-Unis, alors qu'ils couvraient une manifestation relève Reporters sans frontières.

Les journalistes sont aussi victimes de "violences verbales" des dirigeants politiques, notamment sur le continent européen. RSF, rappelle l'exemple de Milos Zeman président de la République tchèque, 34ème au classement, en recul de 11 places. Ce chef d'État s'est présenté en octobre dernier, à une conférence de presse affublé d'une kalachnikov factice sur laquelle on pouvait lire "pour les journalistes".

La France, elle n'est pas exempte du "mediabashing" ou du dénigrement systématique des journalistes par certains leaders politiques qui sont mis en difficulté. RSF pense notamment à Jean-Luc Mélenchon pendant la campagne présidentielle en 2017. Le leader de la France insoumise, s'estimant victime d'une entreprise de démolition. Il a écrit sur son blog "que la haine des médias et de ceux qui les animent est juste et saine".

S'agissant de l'Algérie, le classement de situation de la presse dans cette région a perdu 2 places par rapport à 2017. L'Algérie se classe à 136ème position en matière de liberté d'expression. Les cas du journaliste Saïd Chitour et de Hadda Hazam directrice du quotidien généraliste et arabophone Al-Fadjr ont été cités par RSF. Sans commentaire !

Jeudi 26 avril 2018 :

God save the Queen... la Reine Elizabeth d'Angleterre qui vient d'écarter l'ancien premier ministre britannique, le Travailliste Tony Blair de la liste des deux nouveaux lauréats de l'Ordre des Chevaliers de la Jarretière... le plus ancien et plus prestigieux Ordre de la Chevalerie royale britannique. Pourquoi ? En raison de toute évidence, de son rôle dans la guerre en Irak.

Cette haute distinction (en faire partie constitue un grand honneur, selon les coutumes de la couronne Britannique) a été octroyée à tous les anciens Premiers ministres britanniques, sauf le controversé Tony Blair, dont l'absence a été remarquée, hier à Buckingham Place, lors de la cérémonie de remise des titres. Tony Blair reste donc tout simplement, 11 ans après avoir quitté les locaux du 10 Downing Street, ?'Sir Tony'', Mr Blair.

Les chances de Tony Blair ont été effectivement anéanties en raison de son rôle dans la guerre en Irak aux côtés des néo-conservateurs américains dirigés à l'époque par George W Bush.

Une «sale» guerre (on peut oser le terme de «crime de guerre») qui a provoqué une grande débâcle dans la région et dont les répercussions sont toujours ressenties à ce jour. A noter que Margaret Thatcher qui, comme Tony Blair, a remporté trois mandats d'affilée, a reçu cette haute distinction cinq ans après avoir quitté ses fonctions en 1995.

Sir John Major, qui n'a assuré qu'un seul mandat au poste de Premier ministre, est également un membre de l'Ordre des chevaliers de la Jarretière.

La République, c'est bien, mais une monarchie à l'anglaise, c'est bon pour le moral. ...et la morale !

Vendredi 27 avril 2018 :

Décidemment, avec le nouveau président des Usa, avec ses «sorties» (et ses comportements en public... comme la scène de «boussboussades» avec Macron et le «copup» des pellicules) inattendues par tweets interposés, , les diplomates risquent de ne plus savoir faire de la politique et de la diplomatie selon ce qu'on leur a appris dans les grandes écoles ou à Sciences Po ?. Dans un tweet, le président américain Donald Trump a apporté (jeudi 26 avril) son soutien à la candidature nord-américaine pour l'organisation de la Coupe du monde 2026 de football. Il a également menacé les pays qui soutiennent le Maroc de sanctions politiques.

"Les États-Unis ont mis au point un projet FORT avec le Canada et le Mexique pour la Coupe du monde 2026. Ce serait dommage que les pays que nous avons toujours soutenus fassent campagne contre la candidature nord-américaine. Pourquoi soutiendrions-nous ces pays quand ils ne nous soutiennent pas (y compris à l'ONU)", a-t-il déclaré.

Dimanche 29 avril 2018 :

Coup de «com» pour les uns, preuve d'ouverture du mouvement islamiste pour d'autres ! Même s'il n'arrive qu'en 7ème position d'une liste islamiste dans la ville de Monastir (Tunisie) qui ne part pas favorite, la candidature de Simon Slama, de confession juive, 54 ans, a fait couler beaucoup d'encre à l'approche du scrutin (élections municipales) du 6 mai.

«Toute ma famille était contre mon choix. Mon frère était en colère et ma femme est restée des jours à ne pas m'adresser la parole, mais j'ai su les convaincre», affirme Simon Slama

Le symbole est fort, venant de l'une des dernières familles juives de la région. «Il est issu des anciennes familles, il a ses racines à Monastir (?) et il connaît les problèmes de la ville», argue Chokri ben Janet, la tête de liste d'Ennahdha à Monastir, la ville du père de l'indépendance, Habib Bourguiba.

S. Slama assure avoir choisi par conviction Ennahdha, qu'il qualifie de «mouvement le plus actif et le plus sérieux sur la scène politique».

En écho à cette stratégie politique, les adversaires d'Ennahdha accusent le parti d' «exploiter» la candidature de S. Slama.

Ce parti «fait du strip-tease politique», a lancé à la radio Borhane Bssaïs, chargé des affaires politiques à Nidaa Tounès.

Mais, pour d'autres, cette candidature marque aussi la volonté des Tunisiens de confession juive d'exister politiquement à l'occasion de ces municipales, qui seront suivies en 2019 des législatives et de la présidentielle.

«Cette candidature est une fierté pour la communauté» juive, affirme René Trabelsi, organisateur du pèlerinage juif de la Ghriba, du nom de la plus célèbre synagogue de Djerba (sud).

«Elle a donné une belle image de la Tunisie ouverte qu'on veut partager», ajoute cet homme d'affaires, dont le nom avait un temps circulé en 2013 pour le poste de ministre du Tourisme.

Par sa candidature, Simon Slama juge pour sa part avoir «enlevé une angoisse aux citoyens juifs tunisiens», en les incitant à «vivre leur vie normalement».

S'il est élu, il affirme qu'il prêtera serment «sur deux livres», le Coran et la Torah.

Lundi 30 avril 2018 :

Il aura suffi d'une vidéo pour que l'indignation gagne l'opinion publique algérienne. Dans un enregistrement diffusé sur les réseaux sociaux, un propriétaire terrien agricole fustige la décision du wali d'Oran de l'exproprier au profit de l'érection de l'usine du constructeur automobile Peugeot.

Ils sont en réalité huit à se voir reprendre leurs terres contre indemnisation, sur une superficie totale de 120 ha. Une consolation qui ne rend pas la pilule moins amère. Si la situation n'a pas tardé à tourner au scandale, l'exécutif a, dans un communiqué, rappelé qu'il n'était nullement impliqué et que les zones industrielles prévues pour être construites sous peu dans 34 wilayas du pays seront réalisées «sur instructions du président Bouteflika, en dehors des terres agricoles».

Le parquet d'Oran a ,d'ores et déjà, annoncé l'ouverture d'une enquête pour «dilapidation du foncier agricole»...Affaire à suivre ! Avec le sentiment que les agriculteurs en question peuvent dès maintenat faire le deuil de leurs terres, connaissant les mécanismes bureaucratiques de l'Administration d'en haut qui «écrasent tout» sur leur passage faisant fi des sentiments et des intérêts des individus. La «maladie de la pierre» a tout gangréné.

Mardi 1 mai 2018 :

Après la blague d'Ould Kaddour sur le Kayass et Exxon et l'intervention surprise de l'employée de Sonatrach qui a perturbé la conférence de presse de son patron, deux nouvelles vidéos font le buzz sur les réseaux sociaux. D'abord, le fou rire nerveux du ministre de la Justice Tayeb Louh, un homme connu pour son calme, son tempérament rigide, imperturbable et sans expression Le garde des sceaux qui intervenait à l'occasion d'une séance consacrée aux questions orales au Sénat, n'a pu se retenir devant l'assistance. Pourquoi le fou-rire ? on ne le sait pas encore.

L'autre vidéo faisant le buzz sur les réseaux sociaux, cv' est celle du patron de l'UGTA, Madjid Sidi Said qui a osé enlever sa chaussure pour la montrer à l'assistance et démontrer qu'il porte des chaussures «made in Algeria».

Un coup de com' qui a été diversement reçu par les internautes algériens ; certains y ont vu comme un manque de respect (on ne montre jamis ses godases à la face des gens) , d'autres comme un geste spontané de défense du produit national.

Morale de toutes ces «histoires» : les réseaux sociaux ont commencé à bouleverser les façons de communiquer de nos hommes publics.....qui , se sachant désormais surveillés, où qu'ils soient, exploitent toutes les ficelles du spectacle ... pour capter l'attention de la masse et , surtout, engranger quelque sympathie populaire. On ne sait jamais de quoi est fait demain, n'est-ce pas ? Il est vrai que certains (suivez mon regard) restent encore assez imperméables à ce type de nouvelle com.